24 May, 2017PT Freeport Indonesia a licencié 2.018 travailleurs qui participaient à une action de grève à la gigantesque mine de cuivre et d'or de Grasberg, dans la province de Papouasie occidentale, en Indonésie.
Les mineurs ont entamé leur action de grève le 1er mai pour protester contre la politique de mises à pied pratiquée par l'entreprise. Le syndicat a annoncé le 24 mai sa prolongation pour un mois et la direction vient de résilier les contrats de 2.018 travailleurs permanents grévistes.
Après un long conflit avec le gouvernement indonésien sur une question de licences d'exportation, PT Freeport Indonesia, filiale de la firme américaine Freeport-McMoRan (FCX) basée à Phoenix, a mis à pied (en congé de longue durée) près de dix pour cent du personnel pour réduire ses coûts. Freeport emploie 12.000 travailleurs permanents et 20.000 sous-traitants. Le syndicat est convaincu que ces licenciements font partie de la stratégie de négociation de l'entreprise avec le gouvernement.
La direction a indiqué que les travailleurs mis à pied n'ont aucune chance de reprendre le travail. 1.100 ont accepté un programme de départ volontaire.
Le Syndicat des travailleurs de la chimie, de l'énergie et des mines (CEMWU SPSI PTFI), affilié à IndustriALL Global Union, a entamé une action de grève contre la décision d'imposer unilatéralement cette politique de mises à pied, qui viole la convention collective.
Freeport ne reconnaît pas la légalité de cette grève et a annoncé qu'elle considérerait les grévistes comme absents sans motif. Les travailleurs absents plus de cinq jours seront réputés avoir accepté une "démission volontaire". À ce jour, elle a envoyé 2.018 avis de "démission volontaire" avec versement, pour solde de tout compte, d'un mois de salaire à peine, sans tenir compte de l'ancienneté. Pour certains travailleurs, le solde est négatif parce qu'ils sont encore endettés vis-à-vis de l'entreprise.
Le fait de licencier des travailleurs parce qu'ils participent à une grève constitue une violation des conventions fondamentales du travail de l'OIT.
Les travailleurs licenciés sont 634 papouans et 1.384 non-papouans. La situation est volatile. Un activiste syndical parle d'une "tragédie humaine pour la ville de Timika, en Papouasie", "avec un risque imminent d'agitation civile suscitée par l'impact socio-économique".
Le statut de la Papouasie occidentale est contesté, notamment par un mouvement indépendantiste qui accuse l'Indonésie de piller ses ressources. Freeport paie l'armée indonésienne pour assurer la sécurité de la mine et des violences ont éclaté dans le passé.
IndustriALL craint que la volatilité de la situation entraîne un déferlement de violence qu'il sera difficile de contenir. Évoquant le massacre de mineurs grévistes survenu en Afrique du Sud en 2012, le Directeur du département des mines d'IndustriALL, Glen Mpufane, a déclaré :
"La situation est très tendue. Il faut intervenir d'urgence pour empêcher un nouveau Marikana."
IndustriALL a écrit au CEO de Freeport-McMoRan au début du mois de mai, mais la direction a balayé les arguments avancés. Le Secrétaire général Valter Sanches lui a écrit une nouvelle fois aujourd'hui en la mettant en garde contre la crise déclenchée par sa filiale :
"Je suis forcé de vous demander d'intervenir d'urgence auprès de PT Freeport Indonesia à Grasberg pour empêcher un désastre social dans la communauté qui serait la conséquence des licenciements de plus de 2.000 travailleurs, et éviter la violence qui pourrait éclater et serait la conséquence directe de l'indifférence et de l'intransigeance de votre filiale.
"PT Freeport Indonesia doit réintégrer sur-le-champ les 2.018 travailleurs permanents licenciés illégalement le 22 mai, en plus des 1.100 autres licenciés auparavant.
"PT Freeport Indonesia doit accéder aux revendications légitimes des travailleurs de Grasberg comme condition préalable à l'arrêt de la grève."
IndustriALL a également écrit au Président indonésien pour lui demander d'intervenir d'urgence et pour évoquer la possibilité de dénoncer ces violations des droits des travailleurs à la Conférence internationale du travail qui se tient cette année à Genève :
"Nous espérons qu'il ne sera pas nécessaire d'attirer l'attention des plus de 4.000 délégués qui assisteront à la Conférence internationale du travail, du 5 au 16 juin 2017 à Genève, sur les violations flagrantes des droits des travailleurs commises à Grasberg.
"En conséquence, nous vous exhortons, en votre qualité de Président de la République d'Indonésie, à intervenir immédiatement pour favoriser un règlement équitable, durable et pacifique de ce conflit lourd de conséquences…"
Le CEMWU s'est adressé aujourd'hui même à l'ambassade des États-Unis de Jakarta pour lui demander d'intervenir et d'inciter Freeport à accepter sa proposition de constituer un Groupe spécial d'arbitrage. Le CEMWU s'est également adressé au ministère du Travail.
Agissez
IndustriALL demande à ses affiliés, en particulier à ceux des secteurs de la mine et des métaux de base, d'envoyer une lettre de protestation au gouvernement indonésien. Veuillez envoyer la lettre de protestation en annexe en l'imprimant sur votre papier à en-tête, en ajoutant le nom de votre syndicat à la première ligne et en la signant. Envoyez-la aux adresses électroniques figurant au début du texte.