Jump to main content
IndustriALL logotype
Article placeholder image

Victoire pour les travailleurs de Sinter Metal

20 janvier, 2012Les travailleurs qui avaient été licenciés pour leur adhésion au syndicat turc des métallurgistes, Birlesik Metal-IS, ont finalement obtenu justice après trois années de lutte acharnée et intense qui a mis en lumière les faiblesses du système juridique du pays, tout comme le comportement antisyndical de l'entreprise.

TURQUIE: Après trois longues années, la Cour suprême de Turquie a rendu sa décision finale, en décidant que le fabricant mondial de pièces détachées, Sinter Metal, avait licencié des travailleurs pour leur adhésion à l'affilié de la FIOM, Birlesik Metal-IS.

La lutte a commencé en décembre 2008, quand les 378 membres du personnel ouvrier de Sinter Metal ont été illégalement licenciés pour leur appartenance au syndicat Birlesik Metal-Is. Quelques semaines plus tard, en janvier 2009, 16 autres personnes allaient être également licenciées.

Les travailleurs et leur syndicat engagèrent immédiatement une action en justice pour obtenir leur réintégration, et lancèrent un appel pour une action au niveau international.

La FIOM, la Fédération européenne des métallurgistes (FEM) et leurs affiliés dans le monde ont demandé à maintes reprises à l'entreprise de réintégrer les travailleurs. La FIOM et la FEM ont envoyé plusieurs délégations pour participer aux rassemblements chez Sinter Metal, et les syndicats de l'automobile ont fait pression sur les principaux constructeurs automobiles pour les engager à insister pour que l'entreprise respecte les droits fondamentaux des travailleurs.

À la suite de l'action engagée par la FIOM qui a eu recours aux services d'une expert juridique extérieur pour contrôler la procédure judiciaire, une décision de justice en faveur des travailleurs a été finalement rendue le 15 décembre 2010, deux ans et dix mois après le délai légal pour de telles affaires. Le tribunal a statué que les travailleurs n'avaient pas été licenciés pour une raison économique comme le prétendait l'entreprise, mais pour leur appartenance à un syndicat. Le tribunal a ordonné à Sinter Metal de les réintégrer ou de leur verser un dédommagement correspondant à 12 mois de salaire et 4 mois supplémentaires pour compenser le processus judiciaire.

Alors que l'entreprise faisait appel à la décision de la Cour suprême, la FIOM et les syndicats turcs ont fait pression sur le gouvernement turc par le biais de l'Organisation internationale du Travail. En décembre 2011, la Cour suprême a confirmé la décision du tribunal local. Il s'agissait au départ de réintégrer 291 personnes, mais après deux années de procédure juridique, 104 personnes ont abandonné les poursuites, laissant 187 travailleurs en attente de leur réemploi.

"Même si le jugement de la Cour suprême est bien accueilli, cette victoire a un goût amer pour les travailleurs de Sinter Metal et leur syndicat" a déclaré Jyrki Raina, secrétaire général de la FIOM.

"Nourri par un système juridique boiteux et une culture d'entreprise qui s'exerce avec impunité, ce type d'affaire est par trop commun en Turquie. La victoire que nous célébrons aujourd'hui est à l'honneur de la détermination des travailleurs de Sinter Metal qui estimaient pouvoir se battre un jour de plus que ne le pouvait le système érigé contre eux, un jour de plus que ne le pouvait l'entreprise avec ses avocats coûteux et les politiques prêts à se remplir les poches, un jour de plus pour que leurs enfants puissent travailler et vivre là où les droits du travail sont respectés".

"Nous allons prendre cet exemple flagrant de lacunes dans le système judiciaire turc dans nos discussions avec le gouvernement pour faire valoir la nécessité de réaliser des changements afin de garantir le respect des droits du travail face à l'attitude antisyndicale d'entreprises comme Sinter Metal", a ajouté Raina.