Jump to main content
IndustriALL logotype
Article placeholder image

VALEO coupe l'électricité et l'eau lors d'une occupation pacifique d'usine en Corée

6 juin, 2010Tout en annonçant à son assemblée générale annuelle à Paris les résultats obtenus avec les marges d'exploitation les plus élevées en huit ans, l'équipementier transnational multimilliardaire de l'automobile Valeo a coupé l'électricité et l'eau dans l'usine de Cheonan en Corée du Sud où une centaine de travailleurs protestent contre la fermeture sans concertation de l'usine.

FRANCE -- CORÉE DU SUD: Après les demandes répétées de Valeo Compressor Korea (VCK) liquidateur de l'entreprise Korea Electric Power Company, les canalisations principales de l'usine Cheonan en Corée du Sud ont été fermées le 3 juin 2010 à 14 heures, en laissant une centaine de membres du syndicat coréen des métallurgistes sans électricité et sans eau pour les toilettes, les ablutions et la boisson. Les travailleurs de Valeo Compressor Korea occupent pacifiquement l'usine VCK depuis le 27 octobre 2009, où ils entretiennent les machines, nettoient les locaux et attendent le retour de la direction. En Corée du Sud, beaucoup de gens sont concernés par la méthode inhabituelle de couper l'eau et l'électricité pour persuader les travailleurs de renoncer à leurs revendications chez Valeo, sans exclure la possibilité d'une nouvelle action coercitive de l'entreprise contre les travailleurs présents dans l'usine.

Le 26 octobre 2009, les travailleurs qui s'étaient rendus à leur travail comme d'habitude ont reçu un appel téléphonique du directeur représentant VCK KIM, Sung-ho, vers 11 heures pour annoncer que l'usine allait fermer ce même jour et serait en liquidation, la consigne leur étant donnée de rentrer chez eux. En raison de l'absence de toute information préalable et du fait que l'entreprise n'avait pas pris contact avec le syndicat pour lui présenter les documents justificatifs concernant la situation financière, le personnel qui était surpris de cette nouvelle a décidé de rester dans les lieux.

Les travailleurs sont restés à l'intérieur de l'usine 24 heures sur 24, sept jours par semaine, pendant plus de sept mois pour protester contre ce cas extrême d'exclusion d'un syndicat du processus de fermeture d'usine, en demandant à l'entreprise d'engager un véritable dialogue avec le syndicat sans conditions préalables, en raison de l'absence de préavis et des infractions à la négociation d'une convention collective qui nécessite 90 jours de notification préalable pour obtenir un accord.

Chaque travailleur a en moyenne 15 ans de présence dans l'usine pour produire des compresseurs livrés à l'usine Renault Samsung et aux usines Ssangyong Motor en Corée. C'était le premier emploi de presque tous les travailleurs de l'usine. Les composants du fabricant Valeo allaient à la transnationale française de l'automobile qui possède des installations dans 27 pays et emploie 52.000 travailleurs et travailleuses, et qui ne semble pas en faillite ni avoir mis fin à l'approvisionnement de Renault Samsung et des usines Ssangyong Motor. Elle avait pris le contrôle de l'usine en 2005, pour revendre par la suite ses biens immobiliers, encaisser des redevances mensuelles et prendre des commissions mensuelles de la section sans réinvestir.

En dépit de cette longue histoire antérieure à Valeo, le manque d'effort de la part du groupe Valeo pour divulguer la fermeture de l'usine avant le jour même de la fermeture, l'absence de recherche d'une solution de rechange et le refus d'une véritable discussion entre le syndicat et des représentants de l'entreprise ayant pouvoir de décision, ont poussé quelque 120 organisations locales et nationales à former un "Comité de contre-mesures citoyennes pour la normalisation de l'usine Valeo Compressor Korea".

Le KMWU a également envoyé une délégation de travailleurs de l'usine Valeo Compressor Korea en France pour demander d'engager des pourparlers avec l'entreprise. La délégation manifeste en silence devant le siège de l'entreprise à Paris, jour et nuit depuis le 24 mai 2010, tandis que les syndicats français ont appuyé les efforts des travailleurs pour chercher à engager un véritable dialogue avec des responsables de Valeo ayant pouvoir de décision. Les cinq syndicats français présents chez Valeo ont tous appuyé une résolution de soutien à la lutte des travailleurs coréens à la dernière réunion du comité d'entreprise national de Valeo (Valeo CGE). Les grands syndicats de l'automobile en Europe ont également demandé à Valeo d'engager un véritable dialogue avec le syndicat pour résoudre le conflit ou trouver des solutions de rechange (voir ici).

Le 3 juin 2010, le groupe Valeo a réuni sa première assemblée générale annuelle des actionnaires au Palais des Congrès à Paris où le directeur-général du groupe Valeo, Jacques Aschenbroich, a précisé ses perspectives pour 2010 en annonçant que "Valeo s'est fixé comme objectif au premier semestre de 2010 d'atteindre 4,7 milliards de ventes, une augmentation de 35% par rapport au premier semestre de 2009, et un taux de marge d'exploitation de près de 6% des ventes, le taux semestriel le plus élevé depuis les 8 dernières années". Dans le même temps, les actionnaires ont adopté les résolutions extraordinaires 15 et 16 qui récompensent les résultats obtenus par M. Aschenbroich avec 100.000 parts de stock options et 50.000 actions gratuites.