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L’ICEM rejoint l’UITA pour protester auprès du Pacte mondial contre un lockout aux Etats-Unis

13 décembre, 2010

Roquette Frères est une multinationale basée à Lestrem en France, contrôlée par une famille et qui en septembre 2009 a signé les 10 principes du Pacte mondial des Nations Unies. Un an plus tard, l’entreprise soumet plus de 70 propositions qui constituent des reculs au syndicat américain BCTGM (Syndicat des travailleurs de la pâtisserie, de la confection, du tabac et des minoteries), dans le cadre de négociations collectives dans une usine de mouture de maïs à Keokuk en Iowa.

Quand les adhérents du syndicat ont rejeté les coupes sombres dans leur niveau de vie et leur conditions de travail le 28 septembre, Roquette America a lockouté ses 240 travailleurs de Keokuk.

Cet geste a maintenant donné lieu à une protestation officielle auprès de George Kell, qui est à la tête du Pacte mondial. La recommandation visant à supprimer Roquette de la liste provient de l’UITA (Union internationale des Travailleurs de l'Alimentation et des Branches Connexes), la Fédération syndicale internationale à laquelle appartient le BCGGM ainsi que l’ICEM et la confédération nationale des syndicats américains AFL-CIO.

« Nous estimons que les actes posés par Roquette Frères sapent la légitimité du Pacte mondial » ont déclaré le Secrétaire général de l’UITA Ron Oswald, le Secrétaire général de l’ICEM Manfred Warda et le Président de l’AFL-CIO Richard Trumka dans une lettre adressée à M. Kell. « L’entreprise ne doit pas être autorisée à prétendre qu’elle soutient le Pacte mondial alors qu’en réalité elle viole systématiquement les droits de l’homme. »

(L’intégralité de cette lettre peut être consultée ici)

Les revendications de l’entreprise concernant le renouvellement de la convention de quatre ans sont particulièrement indigestes. Elle revendique un droit sans restriction à employer des travailleurs temporaires dans cette usine de fécule de maïs située au cœur même de l’Amérique, un système à deux vitesses par lequel les nouveaux recrutés percevraient 47% de moins que les autres travailleurs, une forte augmentation de la contribution des travailleurs au plan de santé, la suppression du congé maladie, du congé de maternité et des jours pour convenance personnelle. Roquette America veut également mettre un terme à la notion d’ancienneté en cas de licenciement et d’offre d’emploi.

L’entreprise veut encore un gel des salaires pour les quatre années concernées.

Après une semaine de lockout, Roquette a engagé des jaunes pour faire tourner l’usine. Elle a fait venir du personnel d’encadrement d’une usine qui lui appartient à Gurnee en Illinois et utilise des travailleurs fournis par une agence d’intérim ainsi que d’une entreprise de l’état d’Ohio dont la spécialité est de fournir du personnel de remplacement lorsqu’une usine est en grève ou en lockout.

Un autre coup de canif dans les principes du Pacte mondial avait été donné plus tôt dans l’année lorsque l’usine de Keokuk avait été frappée d’une amende d’un million de dollars encourue au civil pour pollution de l’air. Cette amende faisait suite à un verdict rendu par un juge de district local en accord avec l’état d’Iowa et Roquette, qui avait admis la faute.

(La campagne de l'UITA se trouve ici.) 

Roquette Frères est présente dans 12 pays et traite différents fécules de maïs à Keokuk, y compris des dérivés de fécule et des polyols (alcool de sucre), au départ de la mouture humide du maïs. Ces produits sont destinés au dextrose à usage alimentaire et pharmaceutique ainsi qu’au sirop de maïs et autre produits.