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Levée de boucliers contre la fermeture des bureaux des syndicats irakiens des électriciens

26 juillet, 2010

La semaine dernière, le mouvement syndical mondial et la société civile ont exprimé leur colère contre le nouveau coup porté à la reconstruction de l'Irak lorsque, le 20 juillet, le gouvernement a invoqué (appliqué) une ordonnance ministérielle pour fermer les bureaux et saisir tous les avoirs des syndicats des travailleurs de l'électricité.

Moins de vingt-quatre heures après la promulgation de l'ordonnance, la police avait dressé l'inventaire du matériel, du mobilier et des dossiers de plusieurs syndicats de travailleurs de l'électricité, dont deux affiliés de l'ICEM, le Syndicat des travailleurs de l'électricité de la Fédération des conseils syndicaux d'Irak (FWCUI) et le Syndicat général des ouvriers et techniciens de l'électricité (GUEWT), tous deux affiliés à la Fédération générale des travailleurs irakiens (GFIW). Le Président du GUEWT, Hashmeya Muhsen Al-Saadawi, a déclaré que les policiers s'étaient montrés polis mais fermes lors de l'opération.

La promulgation et l'application d'une ordonnance le même jour fait figure de record en Irak. Normalement, la procédure peut prendre des semaines, voire des mois. Le cas présent s'explique par l'hostilité envers les syndicats du ministre du Pétrole, Hussain al-Shahristani, récemment nommé ministre par intérim de l'Électricité. L'ordonnance stipule que les dirigeants syndicaux qui s'opposeraient aux fermetures seront inculpés en application de la Loi antiterroriste de 2005.

Cette attaque contre les travailleurs de l'électricité est en fait une épreuve de force de la part des autorités qui veulent maintenir l'interdiction des syndicats dans le secteur public. Cette interdiction, relevant de l'ordonnance 8750 d'août 2005, imposée par les forces d'occupation, entérinait une loi de l'ère de Saddam Hussein qui, en 1987, proscrivait les syndicats libres et indépendants. Elle rappelle aussi tristement qu'avec les hommes actuellement au pouvoir une législation du travail digne de ce nom n'est pas pour demain en Irak.

L'ICEM et beaucoup d'autres organisations syndicales et ONG, dont Amnesty International, ont immédiatement protesté. Le 22 juillet, le Secrétaire général de l'ICEM, Manfred Warda, a écrit au Premier ministre irakien, Nouri Al-Maliki, "cette ordonnance est un affront direct pour tous les syndicats d'Irak, en particulier pour ceux comme le GUEWT avec lequel l'ICEM et ses affiliés du monde entier collaborent afin de mettre en place des institutions libres et démocratiques pour le bien-être de tous les Irakiens."

Dans une autre lettre, adressée cette fois au nouveau ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, par le Secrétaire général du Trade Union Congress (TUC), Brendan Fraser, l'ordonnance est qualifiée de "violation de la constitution irakienne et une des mesures les plus draconiennes du gouvernement irakien depuis la chute de Saddam Hussein. Elle émane du ministre du Pétrole, Hussain al-Shahristani, récemment promu ministre de l'Électricité, tristement célèbre pour avoir utilisé la législation du travail de l'ère de Saddam Hussein contre les syndicats."

Le TUC a lancé sur LabourStart une campagne de protestation contre cette mesure.

À la fin de la semaine, des dirigeants syndicaux qui avaient tenté de se réunir pour discuter de ces fermetures et confiscations ont été victimes de harcèlement. Lors d'une de ces réunions devant les bureaux d'une compagnie d'électricité, des policiers sont intervenus pour agresser verbalement les syndicalistes. À Bassorah, le 22 juillet, des dirigeants syndicaux ont rencontré des membres du Conseil du gouvernorat pour discuter de l'agressivité et de l'illégalité, aux termes de l'article 22 de la constitution, de l'ordonnance ministérielle.

L'ICEM invite tous les syndicats et leurs militants à mettre en demeure le gouvernement irakien en s'associant à la campagne de LabourStart.