28 septembre, 2023La santé et la sécurité étaient au centre des discussions, la semaine dernière, lorsque des syndicats du monde entier étaient rassemblés à Stockholm, en Suède, pour la première réunion en présentiel du groupe de travail d'IndustriALL Global Union pour le secteur de la pâte et du papier depuis 2019.
Le syndicat suédois Pappers était l'hôte de cette réunion qui rassemblait des syndicalistes d'Indonésie, du Royaume-Uni, du Brésil, du Canada, de France, des États-Unis, de Belgique, d'Australie, d'Uruguay, d'Allemagne, du Japon, d'Autriche et de Finlande.
Dès le début de la réunion, des participants ont rendu hommage au travail effectué par la coprésidente sortante, Leeann Foster de l'USW, qu'ils ont remerciée pour son engagement, et à la nouvelle coprésidente élue, Breahn Quigley Knackert, de l'USW elle aussi. Le vice-président de Pappers, Mikael Lilja, est l'autre coprésident.
La pandémie de Covid a eu pour effet d'arrêter pendant plusieurs années les réunions en présence physique, et ses effets ont été discutés pendant la réunion.
Les conditions de travail ont été horribles au Brésil pendant la pandémie, mais toutes les usines de pâte et de papier sont restées ouvertes. Au Japon, l'industrie renoue avec les niveaux d'avant la pandémie. En Suède, elle s'est avérée très rentable pour l'industrie de la pâte et du papier, puisque le pays produit des articles très demandés, comme les mouchoirs en papier et le papier de toilette.
Faisant rapport sur l'Indonésie, Rahmat Hendra, du FSP2KI, a dit que bien que la pandémie n'ait eu virtuellement aucun impact sur l'industrie indonésienne de la pâte et du papier, les employeurs en ont profité pour reporter les hausses de salaires. Les syndicats du pays se battent aussi contre la très controversée loi Omnibus qui, entre autres choses, supprime le salaire minimum sectoriel, autorise un recours excessif à la sous-traitance et réduit les indemnités de licenciement nominales.
Le syndicat allemand IGBCE a succédé à plusieurs orateurs pour mettre l'accent sur la pénurie et le besoin de travailleurs qualifiés, un problème qui ne peut que peser toujours plus lourdement dans cette industrie.
Denise Campbell-Burns, du CFMEU Industrie manufacturière d'Australie, a expliqué aux participants que son syndicat se concentre sur le maintien des droits et des conditions des travailleurs.
"Mais nous voyons apparaître des problèmes dans la formation et la santé et la sécurité. Les entreprises veulent alléger leurs coûts, ce qui compromet la santé et la sécurité. En Australie, notre secteur n'a connu aucun accident mortel depuis 2010, mais nous craignons une véritable tempête.
Parlant de l'industrie aux États-Unis, Luis Mendoza, le vice-président international de l'USW, a souligné le fait que la pâte et le papier est un secteur dangereux et que la santé et sécurité reste une priorité majeure.
"Nous ne pouvons plus oublier les risques. Nos adhérents et leurs familles comptent sur nous en tant que syndicats pour cela."
Des délégués du syndicat britannique Unite the Union ont répété combien il est important de mettre l'accent sur la santé et la sécurité dans le secteur, en rappelant la campagne menée il y a quelques années pour sa promotion et en insistant sur le droit des travailleurs de participer à la gestion de la sécurité au travail.
La 3R campaign (campagne des 3D), est centrée sur trois droits fondamentaux :
- Droit de connaître les risques au travail
- Droit de refuser ou d'arrêter un travail dangereux
- Droit de participer pleinement à la prise de décision sur la santé et la sécurité
Les syndicats ont discuté des enjeux et des victoires pour assurer une place aux femmes dans le secteur de la pâte et du papier.
Le syndicat canadien UNIFOR a évoqué les accords obtenus dans le pays par lesquels les femmes enceintes peuvent cesser le travail si elles le jugent dangereux pour le bébé. Des accords similaires permettent aux femmes allaitantes de partir plus tôt sans perte de salaire.
En Australie, avec le nouveau gouvernement travailliste, la législation nationale prévoit maintenant dix jours de congé en cas de violence familiale. Les syndicats ont obtenu l'ajout dans les conventions collectives de clauses disant que toute personne subissant une violence familiale peut arrêter sans devoir répondre à des questions, sans perte de salaire.
Les femmes représentant moins de dix pour cent de la main-d’œuvre de cette industrie, l'USW s'efforce d'augmenter cette proportion. Le syndicat insiste aussi, dans la négociation, pour que les conventions collectives traitent aussi des questions de violence domestique.
Breahn Quigley Knackert a déclaré :
"L'action menée sur les dispositions en matière de santé et de sécurité pour les travailleuses est importante et nous progressons. Mais il faut aussi veiller à ce que les promesses soient tenues et ne soient pas seulement de pure forme."
Les participants ont convenu de la nécessité de syndiquer plus de femmes et qu'IndustriALL a un grand rôle à jouer.
Håkan Juholt, ancien premier ministre de Suède et actuellement ambassadeur de Suède en Afrique du Sud, a pris la parole pour souligner l'importance du travail effectué par les syndicats.
"Les pays qui ont des syndicats forts et peuvent faire changer les choses sont des pays où il fait bon vivre.
Une visite de l'usine de papier et d'emballage de la firme Billerud à Skärblacka a permis aux participants d'en apprendre davantage sur les relations du travail en Suède. Marie Olsén, représentante syndicale à plein temps et membre du conseil d'administration de Billerud, a expliqué le modèle suédois de négociation entre employeur et syndicat sur les salaires et les conditions de travail.
Pour conclure ces réunions à Stockholm, les coprésidents sectoriels ainsi que les affiliés suédois représentés chez Essity, spécialisée dans les produits d'hygiène et de santé, Pappers, IF Metall et Unionen, ont rencontré la direction pour évaluer ce qui a été fait dans le cadre de l'accord-cadre mondial. Cet accord a été signé en 2018 et il garantit les droits des travailleurs dans toute la chaîne d'approvisionnement d'Essity.
Le directeur d'IndustriALL en charge du secteur, Tom Grinter, a déclaré :
"Avoir pu rassembler tout le monde pour une réunion en face-à-face tant attendue a insufflé au groupe de travail de l'énergie, de la résilience et de la détermination pour continuer à lutter pour une industrie de la pâte et du papier sûre et durable. Cette réunion en Suède réaffirme notre engagement pour faire en sorte que nous soyons autour de la table lorsqu'on discute de nos problèmes, pour nous battre pour nos membres."