29 juillet, 2021Il y a quelques mois, lorsque des délégués du Syndicat des travailleurs de l'industrie et du commerce de Tanzanie (TUICO), affilié à IndustriALL Global Union, ont visité les ateliers de textile et de vêtement Sunflag Tanzania, ils ont été horrifiés par les cas de violence et de harcèlement fondés sur le genre (VHFG) que leur ont rapporté les travailleuses et les travailleurs.
Pendant la visite, ils ont appris des travailleurs que les contremaîtres harcelaient sexuellement les jeunes femmes, provoquant chez elles un stress qui se répercute sur leur rendement. Pour y mettre fin, le TUICO a organisé, du 22 au 26 juillet, une conférence de cinq jours chez Sunflag à Arusha, afin de sensibiliser le personnel aux moyens de stopper la VHFG dans les ateliers.
101 participants, dont 53 femmes, assistaient à cette conférence. Le programme de formation a mis en lumière le fait que les droits des travailleurs sont protégés par la législation du travail nationale et par les normes internationales du travail. Parmi ceux-ci figurent les droits à la protection de la maternité qui sont les plus fréquemment violés par le refus d'un congé de maternité aux travailleuses.
Les débats ont souligné l'importance de la convention 190 de l'Organisation internationale du travail sur l'élimination de la violence et du harcèlement dans le monde du travail, une des armes pour combattre la VHFG. Les discussions en ateliers et en groupes de travail ont défini les formes de harcèlement telles que les propos inconvenants, la discrimination fondée sur le genre, les menaces et les plaisanteries déplacées. En outre, la convention 190 et la recommandation 206 élargissent le concept de monde du travail pour englober les hôtels où se tiennent des réunions, les vestiaires, les lieux de formation, les marchés et le chemin du travail.
Le TUICO fait campagne pour la ratification de la convention 190 par la Tanzanie. En Afrique subsaharienne, elle a été ratifiée par la Namibie, l'île Maurice et la Somalie.
Le TUICO dit avoir mis en place des mécanismes de dénonciation de la VHFG qui consistent à encourager les travailleuses concernées à informer leurs collègues, à la signaler à la section locale du syndicat, en des enquêtes menées par le département du genre, à la signaler à la police, ou à porter les cas devant les tribunaux ou le médiateur.
"Parler avec les collègues du harcèlement et de la violence fondée sur le sexe a de l'influence. Nous prévoyons de profonds changements dans cette usine, de sorte que les plaintes des travailleuses seront prises en considération. Le syndicat l'a sélectionnée après avoir reçu des signalements de pratiques abusives. Nous avons rencontré des travailleurs, des contremaîtres, le personnel d'encadrement, des chefs d'unités et de départements de Sunflag,"
a déclaré Maria Bange, en charge des femmes, des handicapés, de la santé et la sécurité au travail et de l’environnement au TUICO.
La secrétaire régionale d'IndustriALL pour l'Afrique subsaharienne, Paule France Ndessomin, ajoute :
"Inciter les travailleuses à revendiquer leurs droits et réclamer des lieux de travail exempts de VHFG est important, surtout dans les ateliers de confection où le harcèlement sexuel est une pratique courante. IndustriALL aidera le TUICO à étendre les campagnes de formation et de sensibilisation à d'autres secteurs manufacturiers."
La conférence a été organisée avec le soutien du bureau régional d'IndustriALL pour l'Afrique subsaharienne et du projet NITO. NITO est une organisation syndicale norvégienne d'ingénieurs et de techniciens; elle vient en aide aux affiliés tanzaniens d'IndustriALL par un projet d'organisation axé sur le genre, les jeunes et les efforts de renforcement syndical.