22 décembre, 2022Des membres du comité d'entreprise européen et des représentants d'IndustriALL Global Union et d'IndustriALL Europe assistaient à une manifestation de solidarité et une conférence de presse avec les travailleurs de Bekaert en Turquie, organisée par leur affilié commun Birleşik Metal İş. Ces travailleurs ont entamé une grève qui a été interdite au mépris de la loi. Des messages de solidarité ont aussi été envoyés en ligne par des représentants des travailleurs de Belgique, de France, de Slovaquie, d'Espagne et du Royaume-Uni.
400 grévistes étaient rassemblés devant l'usine Bekaert d'Izmit. La grève a démarré il y a 10 jours, après l'échec de la négociation d'une nouvelle convention collective.
Depuis plusieurs années, la Turquie connaît une inflation massive, cause d'une baisse énorme du pouvoir d'achat des travailleurs. Les salaires ne suffisent plus et les travailleurs n'arrivent plus à joindre les deux bouts.
Bekaert refuse une hausse équitable des salaires. Les travailleurs demandaient une hausse qui compense l'inflation et soit le reflet des bons résultats financiers obtenus grâce aux travailleurs de Bekaert Turquie.
Le décret gouvernemental cite la "sécurité nationale" comme motif d'interdiction de la grève, bien que le secteur n'ait aucun lien avec quoi que ce soit en rapport avec la sécurité nationale. Birleşik Metal İş, le syndicat qui représente les travailleurs de Bekaert à Izmit, refuse cette interdiction et poursuit la grève.
Le président de Birleşik Metal İş, Adnan Serdaroglu, a déclaré :
"Le seul moyen pour les travailleurs de faire valoir leurs droits est la grève. Cette interdiction est illégale, c'est pourquoi nous sommes là aujourd'hui, devant l'usine Bekaert, pour exiger que nos voix soient entendues et nos droits respectés.
"Nous disons à la direction de Bekaert qu'il faut que la direction internationale de l'entreprise intervienne pour régler ce problème et reconnaître aux travailleurs leurs droits fondamentaux.
Le directeur général de l'usine a envoyé aux travailleurs des courriels les menaçant de les licencier, alors que leur grève est légitime, et de dommages et intérêts qu'ils devront payer de leur poche."
Le secrétaire général d'IndustriALL Europe, Luc Tiangle, a dit aux travailleurs de Bekaert :
"Vous avez notre soutien total et notre solidarité. Ce que Bekaert fait en Turquie est totalement inacceptable. Nous savons tous que l'inflation perce les plafonds en Turquie, et vous méritez d'avoir une bonne convention collective. La direction fait preuve de faiblesse en s'abritant derrière le régime Erdogan pour bloquer une grève. Les employeurs doivent négocier et vous avez le droit de faire grève ! Le groupe Bekaert doit assumer sa responsabilité sociale, pas seulement en Belgique mais partout ailleurs, y compris en Turquie. Ensemble, nous allons suivre ce cas de près et nous lui donnerons une large publicité si une solution n'est pas trouvée rapidement. La nouvelle convention collective doit être signée dès que possible. Nous sommes à vos côtés dans ce combat !"
Le secrétaire général adjoint d'IndustriALL Global Union Kemal Özkan a déclaré :
"Le droit de grève est un élément essentiel d'une société démocratique et un droit social et économique fondamental. Sa reconnaissance et sa protection doivent être la règle et toute limitation ne pourrait être qu'une exception. La législation turque est donc en contradiction avec ces normes internationalement reconnues. Et de fait, le Comité de la liberté syndicale de l'Organisation internationale du travail a déjà exprimé plusieurs fois ses regrets devant les pratiques systémiques du gouvernement consistant à interdire des grèves en invoquant la sécurité nationale. C'est totalement inacceptable aux yeux des syndicats et cela engendre une situation dans laquelle le droit de grève est inexistant dans les faits en Turquie. Nous exhortons la direction locale et la haute direction de Bekaert à ne pas s'abriter derrière le décret présidentiel, mais plutôt à reconnaître le droit de grève et à revenir sans délai à la table pour négocier de bonne foi avec les représentants de Birleşik Metal İş.
Notre combat continuera jusqu'à ce que la justice reprenne ses droits dans cette usine."