27 juillet, 2023Le Syndicat national des travailleurs du textile, de l'habillement et de la confection du Nigeria (NUTGTWN) a lancé dans ce secteur une initiative de promotion de la convention 190 de l'OIT afin de combattre la violence et le harcèlement fondés sur le genre (VHFG) sur le lieu de travail.
Il s'agit de deux journées de formation organisées par notre affilié NUTGTWN pour renforcer la capacité des dirigeantes syndicales à combattre la VHFG. Selon le syndicat, ce programme de renforcement des capacités vise à fournir des informations, sensibiliser, promouvoir l'apprentissage, acquérir les connaissances et les compétences nécessaires pour faire progresser l'égalité hommes et femmes sur le lieu de travail. La formation est centrée sur la participation à la mise en place d'un réseau syndical d'activistes militant pour l'égalité de genre au travail. Ces activistes combattront aussi les schémas sociaux, culturels et traditionnels qui perpétuent l'oppression des travailleuses.
Des représentants de la FES Nigeria, de l'ACTRAV de l'OIT, du Congrès du travail du Nigeria et du Centre de solidarité ont souligné l'importance de se servir de la C190 et de la recommandation 206 comme outils de traitement des plaintes en matière de VHFG et de reconnaître la violence domestique comme problème lié au lieu de travail.
Le Nigeria a ratifié la convention en 2022. Les thèmes soumis à la discussion portaient sur le traitement en temps utile des plaintes et litiges liés à la VHFG, la reconnaissance de la violence domestique en tant que problème du lieu de travail, la création sur le lieu de travail de mécanismes de réaction aux problèmes de genre pour protéger les lanceurs d'alerte et les victimes et l'implication des délégués d'atelier et des comités de sécurité et d'hygiène dans le soutien aux victimes.
L'atelier a formulé des recommandations en vue d'une meilleure représentation des femmes dans les postes à responsabilités aux échelons local et national, d'une identification des priorités des femmes, d'un appui à des programmes de mentorat, de la création d'espaces réservés aux travailleuses et de l'inclusion des femmes dans les équipes de négociation. En outre, la présence de services de prise en charge des enfants et autres services de soutien est mise en avant pour faciliter une présence accrue des femmes sur le lieu de travail.
Pour Remi Ihejirika, le directeur du programme de la FES au Nigeria,
"la construction des syndicats ne va pas sans inclusivité. C'est pourquoi il est important de traiter de l'égalité de genre. La VHFG met en question l'abus de pouvoir qui nuit aux femmes et les pousse parfois au suicide. La VHFG ne peut être tolérée parce que beaucoup de femmes souffrent en silence."
"Les syndicats peuvent adopter des stratégies féministes pour promouvoir l'égalité de droits pour les travailleuses. Certaines de ces stratégies portent sur la diversité, le respect, la tolérance, la compréhension, l'expression et l'agencement,"
a déclaré Bashiratu Kamal, une expert des questions de genre et de travail du Ghana.
Medinat Balogun, responsable des questions de genre au NUTGTWN et membre du comité régional des femmes de l'Afrique subsaharienne d'IndustriALL, a déclaré :
"Les femmes syndicalistes ont réalisé des progrès pour assurer la non-discrimination au travail, l'égalité de rémunération pour un travail d'égale valeur et l'application des conventions de l'OIT que le Nigeria a ratifiées. Quoi qu'il en soit, il faut que les femmes soient de plus en plus conscientes de leurs droits au travail et elles doivent lutter contre la VHFG pour sécuriser les lieux de travail."
John Adaji, coprésident régional d'IndustriALL pour l'Afrique subsaharienne, a ajouté :
"Au fil des ans, et avec le soutien d'IndustriALL, les syndicats ont mené à bien des programmes visant à intégrer les questions liées aux travailleuses par la mise en place de structures, par une action positive et par un appui aux activités d'organisation. Mais il faut que les hommes participent aux discussions sur l'éradication de la VHFG car la recherche a démontré qu'ils sont les principaux auteurs de ces actes."
Avec le soutien de la FES Nigeria, cet atelier fait suite aux recommandations adoptées à la conférence féministe d'Afrique subsaharienne qui s'est tenue en juin au Cap, avec l'aide précieuse du Centre de compétence syndicale pour l'Afrique subsaharienne de la FES. Les avancées obtenues en matière d'égalité de genre dans le secteur du textile et de l'habillement du Nigeria par la formation à la C190 sont un jalon important pour rendre les lieux de travail plus sûrs et plus inclusifs.