9 juin, 2022Le syndicat finlandais du papier Paperiliitto a été créé en 1906 et compte 13.000 membres actifs, 32.000 en comptant les retraités. Le syndicat représente 97 % de l'ensemble des travailleurs et travailleuses du pays qui produisent du papier, de la pâte à papier et du carton ou qui travaillent dans la transformation du papier.
PORTRAIT D’UN SYNDICAT Du Global Worker No 1 juin 2022 | |
Pays: Finlande Syndicat: Paperiliitto Text: Petra Brännmark, Walton Pantland |
Le fait d’être compétent pour la quasi-totalité des salariés du secteur, et de réussir à maintenir ce taux de syndicalisation, signifie que Paperiliitto est bien représenté dans les papeteries du pays et est bien placé pour négocier et faire pression en faveur des conditions de travail de ses membres.
Le travail syndical se déroule le plus souvent dans de bonnes conditions, dans le cadre d’un dialogue fluide avec les employeurs. Toutefois, une grève de longue durée, qui a duré 112 jours et s'est terminée en avril de cette année, a constitué une situation inhabituelle pour le syndicat.
Cette grève, d'une ampleur sans précédent dans le secteur en Finlande, a été provoquée par les convictions antisyndicales de la direction de la société finlandaise du secteur de l’industrie forestière UPM, déterminée à briser le pouvoir syndical détenu par son personnel ouvrier, membre de Paperiliitto.
Les prémices du conflit remontent au début de l'année 2021, lorsque l'entreprise finlandaise UPM, spécialisée dans l'industrie forestière, a annoncé qu'elle ne négocierait plus collectivement sur les salaires, les primes, les indemnités de congé de maladie, les congés de maternité ou de paternité, violant ainsi les droits du travail fondamentaux de ses travailleurs et travailleuses.
Comme la convention devait expirer fin 2021, UPM a quitté les négociations sectorielles en place depuis des décennies et a refusé de signer une convention collective unique avec le syndicat. Paperiliitto a déclaré une grève de trois semaines à partir de janvier 2022. La grève s'est toutefois prolongée et 2.200 travailleurs et travailleuses de toutes les unités opérationnelles d'UPM étaient en grève, les dockers et les cheminots faisant preuve de solidarité en refusant de traiter les marchandises de l'entreprise.
Les travailleurs et travailleuses du papier en grève en Finlande ont bénéficié de la solidarité internationale, de la part des syndicats présents dans les usines de l'entreprise, le syndicat uruguayen des travailleurs et travailleuses du papier FOPCU, également un affilié d'IndustriALL, écrivant au PDG d'UPM pour exprimer son inquiétude face au recul de l'entreprise par rapport aux bonnes pratiques en matière de relations sociales.
IndustriALL et l'Internationale des travailleurs du bâtiment et du bois ont écrit une lettre aux vingt plus gros actionnaires et investisseurs d'UPM avant son assemblée générale annuelle du 29 mars, pour les avertir que la position antisyndicale de la société constituait un risque de placement.
En avril, le conflit a été résolu, les deux parties ayant accepté une proposition finale du médiateur national. Selon cette proposition, cinq conventions collectives distinctes sont signées, une pour chaque segment industriel de l'entreprise, avec une durée de quatre ans et une renégociation des salaires après deux ans.
Les membres de Paperiliitto chez UPM ont repris le travail le 23 avril après 112 jours de grève qui ont paralysé l'entreprise sur tous les sites en Finlande. L'attaque de la direction n'a pas réussi à détruire le syndicat, n'a pas réussi à briser le système de négociation collective et a échoué dans sa tentative de fixer unilatéralement les salaires et les conditions de travail sans que Paperiliitto ne représente les salariés.
Petri Vanhala, Président de Paperiliitto, a déclaré :
“Au vu des circonstances, je suis satisfait de l'issue du processus de négociation. Notre syndicat a tenu bon face aux revendications de l'employeur ; la grève a duré 112 jours, mais nous avons tenu bon. Paperiliitto a été grandement aidé par les efforts d’autres syndicats, tant au niveau finlandais qu’au plan international.”