16 décembre, 2022IndustriALL a pris part à une délégation de travailleurs qui a négocié un nouvel accord sur l’avenir du travail dans le secteur du pétrole et du gaz.
C’est tard dans la journée du vendredi 2 décembre, au terme d’une réunion technique d’une semaine tenue au siège de l’OIT à Genève, que les négociations entre les représentants des travailleurs, des gouvernements et des employeurs ont abouti à un accord sur l’avenir du travail dans le secteur du pétrole et du gaz.
Les réunions de ce type fournissent des orientations sur la manière d’aborder et de traiter des enjeux propres à un secteur. Elles revêtent une importance toute particulière lorsque de nouveaux secteurs voient le jour ou lorsque les secteurs existants se trouvent confrontés à des changements majeurs résultant de la double transition climatique et technologique. En tant que contributeurs majeurs aux émissions de gaz à effet de serre, les secteurs du pétrole et du gaz seront très fortement impactés par le besoin de décarbonation. Pour les syndicats, il est primordial que ce processus se déroule de manière planifiée et structurée, afin que de nouveaux emplois puissent être créés avant que les emplois existants ne disparaissent.
La délégation syndicale était composée d’experts du secteur pétrolier et gazier, élus démocratiquement pour représenter les syndicats des États-Unis, du Brésil, de Colombie, du Nigeria, d’Irak, de Norvège, d’Australie et d’Indonésie. Ils étaient soutenus par la CSI, IndustriALL Global Union et industriAll European Union.
Le Bureau international du travail a élaboré un rapport qui a servi de base à la discussion. Au début de la semaine, des questions sur les défis, les opportunités, les bonnes pratiques et les exigences ont été soulevées. Les négociateurs ont présenté leurs points de vue et leurs principales demandes. À partir de ces contributions, le Bureau a rédigé un avant-projet de texte, dont les parties ont négocié les amendements au cours de la semaine.
Pour les représentants des travailleurs, les principales revendications étaient les suivantes :
- De futurs emplois syndiqués et décents, négociés par le biais du dialogue social, avec la participation des syndicats au processus de décision.
- Des références au niveau élevé de sous-traitance dans l’industrie, aux responsabilités des gouvernements lors de la mise en place de plans énergétiques, et aux employeurs en ce qui concerne le devoir de diligence raisonnable dans la chaîne d’approvisionnement.
- Un mécanisme de financement pour une transition juste dans le secteur.
- L’investissement dans les plans énergétiques à moyen et long terme, y compris la formation et le recyclage.
La délégation syndicale était insatisfaite à la fois du déroulement de la réunion et de ses résultats. Une occasion d’aborder de nombreuses questions urgentes a été manquée, notamment le problème des travailleurs externalisés. Ceci était dû à un manque d’engagement de la part des employeurs. Aucune des grandes entreprises du secteur n’a participé à la réunion, et le négociateur en chef représentant les employeurs, issu de l’Organisation internationale des employeurs (OIE), n’avait aucune expérience spécifique du secteur, dans la mesure où l’OIE négocie des accords dans les secteurs du tourisme, de l’éducation, de l’agriculture, des transports et de l’énergie, entre autres.
Étant donné que les conclusions n’étaient pas aussi normatives que les syndicats l’avaient espéré, la possibilité d’élaborer un guide sectoriel sur la transition juste sera examinée après la réunion du Conseil d’administration de l’OIT l’été prochain.
Diana Junquera Curiel, directrice d’IndustriALL pour l’énergie et la transition juste, a déclaré :
« Lorsqu’il s’agit de transition juste dans ce secteur, les préoccupations des travailleurs portent notamment sur le financement de la transition, la protection sociale et la qualité et le nombre d’emplois décents qui seront disponibles. Si la transition ne s’opère pas dans le cadre du dialogue social, de la protection sociale, de la négociation collective et de l’intégration, l’avenir sera insoutenable pour tous. »
Dans sa déclaration finale, le président du groupe des travailleurs, Mike Smith, de l’USW, a affirmé :
« Nous nous réjouissons d’être parvenus à un accord sur ce document au terme d’une semaine d’intenses négociations. Nous sommes confiants que les conclusions constitueront une étape sur le long chemin d’une transition juste dans l’industrie du pétrole et du gaz, avec le maintien d’une industrie saine et productive qui facilite la création d’emplois décents, de manière à remplacer les emplois perdus par des emplois de valeur équivalente ou supérieure.
« Nous regrettons que ce document ne contienne aucune référence aux travailleurs externalisés. Nous sommes particulièrement préoccupés par le fait que l’externalisation est très répandue dans le secteur pétrolier et gazier, que cette pratique nuit aux conditions de travail et que les travailleurs externalisés ne disposent pas d’une voie de recours institutionnelle pour faire entendre leurs griefs.
« Nous continuerons à œuvrer pour que toutes les personnes travaillant dans l’industrie pétrolière et gazière, qu’il s’agisse de travailleurs directs ou externalisés, jouissent de la liberté syndicale, de la santé et de la sécurité au travail, et de bonnes conditions de travail obtenues par le biais de conventions collectives. »