14 novembre, 2019Des délégués syndicaux du monde entier se sont réunis près de Francfort, en Allemagne, les 7 et 8 novembre 2019, pour se pencher sur les problèmes relatifs à la santé et à la sécurité, aux droits des travailleurs et à la numérisation en cours au sein de la multinationale de matériaux de construction HeidelbergCement, ainsi que pour préparer la réponse des travailleurs.
26 participants venus de 14 pays et représentant les travailleurs de HeidelbergCement à travers le monde se sont réunis à l'invitation d'IndustriALL Global Union et du syndicat Building and Wood Workers' International (BWI), au Centre de formation syndicale Steinbach, appartenant au syndicat allemand de la construction IG BAU. La réunion a été soutenue par la Fondation Friedrich Ebert.
Les délégués ont discuté de la situation générale au sein du groupe HeidelbergCement et du secteur de la production de ciment et de béton à travers le monde. L’industrie est confrontée à d'énormes surcapacités dans presque toutes les régions du globe, ce qui entraîne une concurrence intense. Les cimenteries travaillent beaucoup à la numérisation de leurs chaînes de production. HeidelbergCement développe et teste une grande variété d'outils numériques pour fournir des solutions sur mesure à ses clients.
Pour répondre au changement climatique, le groupe HeidelbergCement a publiquement promis de produire du béton carboneutre d'ici 2050. Sur le marché européen, les entreprises subissent une pression intense car le prix des certificats de CO2 qu'elles doivent acheter pour compenser leurs émissions de gaz à effet de serre devient de plus en plus cher.
Les syndicats indiquent que la santé et la sécurité demeurent un problème. 80 à 90% des décès touchent les travailleurs contractuels et les travailleurs tiers, démontrant clairement que ces travailleurs précaires ont besoin d'une meilleure protection de la part de l'entreprise. Les proportions de travailleuses (13 %) et de jeunes travailleurs (12 % de moins de 30 ans) sont faibles, et il faudrait que l'entreprise s’attaque de toute urgence à ce problème.
L’approche du groupe en matière des droits de l'homme et des travailleurs n'est pas satisfaisante voire parfois alarmante, comme au Kazakhstan. Les participants ont adopté une déclaration de solidarité avec les travailleurs de la cimenterie kazakhe Shymkentcement, détenue par HeidelbergCement. Par ailleurs, des litiges sont en cours en Egypte et au Maroc, et font actuellement l’objet de négociations avec les dirigeants de HeidelbergCement.
Les participants ont convenu à l'unanimité qu'une multinationale comme HeidelbergCement devrait mettre en adéquation sa présence mondiale et un dialogue institutionnalisé mondial avec IndustriALL et BWI, en collaboration avec le comité d'entreprise européen. Bien que le dialogue soit bon au niveau européen, ce n'est pas le cas dans d'autres pays.
Dans leur pétition ouverte à l’équipe dirigeante de l’entreprise au niveau mondial, les participants ont indiqué:
« Nous pensons qu'une entreprise comme HeidelbergCement, présente dans 60 pays à travers le monde, doit dépasser les frontières européennes et étendre le modèle européen du dialogue social à l'échelle mondiale. »
Les participants ont demandé à la direction de HeidelbergCement de contacter les fédérations syndicales mondiales pour organiser une réunion où les préoccupations pourraient être abordées dans un esprit de bonnes pratiques et de dialogue social.
Alexander Ivanou, responsable pour les questions concernant l'industrie des matériaux à IndustriALL, a déclaré :
« Cette réunion a été le lieu de nombreuses discussions ouvertes. Je regrette qu’aucun membre de l’équipe dirigeante de l’entreprise au niveau mondial n'ait assisté à cette conférence. Cela aurait été une occasion unique pour eux de s'adresser directement aux délégués de leurs travailleurs partout dans le monde. Notre porte reste ouverte. D’ailleurs, dans notre déclaration commune, nous invitons HeidelbergCement à entamer un véritable dialogue. »