18 janvier, 2019Les travailleurs d'İzocam, un fabricant turc de matériaux d'isolation et filiale de la multinationale française Saint-Gobain, se sont mis en grève faute d'un accord sur une convention collective.
Ils ont entamé ce jour une grève à durée indéterminée pour réclamer de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail après l'échec de la négociation d'une première convention collective entre le syndicat Kristal-İş et la direction d'İzocam. Kristal-İş, qui est affilié à IndustriALL Global Union, représente 180 travailleurs d'İzocam de deux usines, à Tarsus et Mersin, qui produisent de la laine de verre, et d'une autre, située à Gebze, qui produit de la laine de roche.
Kristal-İş a obtenu sa reconnaissance légale en tant que représentant du personnel d'İzocam en mai 2018, au terme d'une campagne de recrutement et d'un combat juridique de quatre ans et demi, et les négociations collectives ont démarré en août 2018.
Pendant la campagne de recrutement, la direction s'est montrée hostile envers le syndicat et les travailleurs qui choisissaient de se syndiquer, alors qu'il s'agit là d'un droit garanti par la constitution turque et par les conventions internationales du travail. Dès qu'elle a appris que Kristal-İş avait demandé sa reconnaissance au ministère du Travail, la direction a immédiatement licencié quatre recruteurs.
Soucieuse de rétablir la confiance pendant la négociation, Kristal-İş a proposé un processus de transition raisonnable, proposant une augmentation progressive des salaires réels, des prestations sociales, des primes d'heures supplémentaires et de travail de nuit, des congés payés, ainsi qu'une amélioration des mesures de santé et de sécurité étalées sur deux ans. De son côté, la direction voulait une convention collective de trois ans, avec des hausses de salaires inférieures à l'inflation, que le syndicat a qualifiée de "dérisoire pour des travailleurs qui attendent patiemment depuis cinq ans une première convention collective avec İzocam."
La direction refuse aussi de réintégrer les quatre travailleurs injustement licenciés pour avoir organisé la campagne de recrutement syndical il y a cinq ans.
Le projet de convention collective compte 21 articles sujets à désaccord, dont 20 sur les salaires et les prestations.
Matthais Hartwich, le directeur d'IndustriALL en charge des industries des matériaux, a déclaré :
“Je trouve indigne de la part d'une entreprise comme Saint-Gobain de tolérer ce genre d'atermoiement chez sa filiale turque İzocam. Kristal-İş se bat depuis des années pour obtenir sa reconnaissance et des négociations correctes et, une fois de plus, la direction recourt à des stratagèmes et essaie de freiner les choses.
“Il est grand temps de conclure une convention équitable. IndustriALL est solidaire des hommes et des femmes qui travaillent chez İzocam et sont représentés par Kristal-İş.”
İzocam est contrôlée à la fois par Saint-Gobain et par le fonds d'investissement koweïtien Alghanim.