17 août, 2023899 travailleurs de Goodyear de la ville de San Luis Potosí, au Mexique, ont voté et demandé à être représentés par un syndicat indépendant, une victoire éclatante au bout de cinq années de lutte.
Un scrutin était organisé les 7 et 8 août à l'usine Goodyear du Mexique pour savoir quel syndicat représenterait les 1.144 travailleurs. 992 ont participé au vote et 899 se sont prononcés en faveur du Syndicat indépendant des travailleurs du pneu de Goodyear (SITGM), 30 pour un syndicat affilié à la Confédération des travailleurs mexicains (CTM) et 63 se sont abstenus.
Lors de la conférence de presse qui a suivi l'annonce des résultats, Julio Cesar Flores Lopez, de la SITGM, a expliqué que ce scrutin et la victoire de son syndicat avaient été rendus possibles par les cinq années de lutte menées par les travailleurs.
“Un groupe de travailleurs s'était déjà dressé en 2018 lorsqu'ils avaient constaté que Goodyear n'appliquait par la convention sectorielle de l'industrie du pneu. Ils ont alors été licenciés mais ont introduit un recours dans le cadre du mécanisme de réaction rapide sur les questions de travail de l'Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) au motif que leurs droits n'avaient pas été respectés,”
déclare Julio Cesar Flores Lopez.
Au Mexique, une convention de travail sectorielle est un accord passé entre un ou plusieurs syndicats et plusieurs employeurs ou une ou plusieurs organisations d'employeurs pour régir les conditions de travail dans une branche d'industrie en particulier.
Parmi les griefs invoqués, citons diverses violations des droits collectifs par Goodyear pour son refus d'appliquer les conditions les plus favorables de la convention de travail sectorielle, une désinformation par l'entreprise et par le syndicat affilié à la CTM et qui avait négocié la précédente convention collective à propos de l'existence d'une convention sectorielle, et le fait que Goodyear n'ait pas sanctionné les responsables d'obstruction à la consultation d'avril ou d'ingérence dans celle-ci.
Julio Cesar Flores Lopez a aussi déclaré à la conférence de presse que leur plainte avait déclenché des enquêtes des gouvernements mexicain et américain, qui ont convenu d'un plan de réparation pour Goodyear en juin dernier, dont le scrutin syndical faisait partie.
“Ce plan profitera à plus de 1.140 travailleurs et 4.000 membres de leurs familles. Il dispose que Goodyear doit appliquer soit la convention de travail sectorielle, soit toutes autres dispositions plus bénéfiques déjà prévues. Il implique aussi un raccourcissement de la durée de travail, un accroissement des fonds d'épargne, davantage de primes et davantage de jours de congé. Il assure aussi que les travailleurs auront une meilleure qualité de vie avec leurs familles parce que le travail dans une usine de pneus est pénible.”
Pour conclure, le secrétaire régional d'IndustriALL, Marino Vani, a déclaré :
“Goodyear a eu un comportement déplorable tout au long de cette affaire. IndustriALL a condamné sa méconduite à plusieurs reprises ces dernières années. Nous attendons maintenant de Goodyear qu'elle respecte les droits de ses travailleurs, change d'attitude, recherche le dialogue et offre de meilleures conditions de travail.
Nous félicitons les travailleurs qui ont décidé de se battre pour leurs droits et de créer un syndicat. Ils ont prouvé que seule la lutte permet de faire appliquer la loi. L'étape suivante sera d'organiser d'autres travailleurs dans ce secteur.”