15 juin, 2022Les affiliés d’IndustriALL Global Union au Zimbabwe, présents dans les secteurs de la chimie et du plastique, de l’énergie, de la confection et du textile, de la métallurgie et de l’ingénierie, de l’exploitation minière et d’autres secteurs manufacturiers, rejettent le salaire minimum de 25.000 dollars zimbabwéens (77 dollars) annoncé par le ministère de la fonction publique, du travail et de la protection sociale, qu’ils considèrent comme un salaire de misère.
Cet argent ne permet d’acheter que deux douzaines de miches de pain. Les syndicats affirment que pour éviter de vivre dans la pauvreté, il faut un salaire supérieur à 130.000 dollars zimbabwéens (ZWL), soit 400 dollars. Il faut aussi que le gouvernement implique les syndicats par le biais de plateformes de dialogue social avant d’annoncer les salaires.
La crise des salaires dans le pays conduit les syndicats à négocier des conventions collectives plus courtes avec des clauses stipulant que les salaires doivent être ajustés au taux d’inflation. Les syndicats demandent également aux employeurs de payer les travailleurs et travailleuses en dollars américains, plus stables.
Certaines épiceries ont cessé de vendre des produits dans la monnaie locale, qui perd rapidement de sa valeur. Les travailleurs et travailleuses sont donc confrontés à un dilemme, car ils sont obligés d’acheter des dollars américains dans la rue, où le taux est plus élevé. Selon la Banque nationale du Zimbabwe, l’inflation en glissement annuel atteignait 131,7 % en mai, tandis que le taux de change actuel du dollar américain est de 325,56 dollars zimbabwéens.
Le ZCTU (Congrès des syndicats zimbabwéens), dont certains affiliés d’IndustriALL sont membres, affirme que la population active du pays est constituée de travailleurs et travailleuses pauvres, car leurs revenus les placent en dessous du seuil de pauvreté. Avec un taux de chômage élevé, estimé à 47 % par l’Agence nationale des statistiques du Zimbabwe sur base du taux élargi, ces travailleurs sont susceptibles d’être les soutiens de famille de leur foyer. La plupart des travailleurs étant employés dans des conditions précaires dans le secteur informel, les syndicats contestent le faible taux de chômage officiel.
Joseph Tanyanyiwa, Président du Conseil national d’IndustriALL pour le Zimbabwe, déclare :
“Nous sommes fermement convaincus que le salaire minimum annoncé dans la gazette officielle est trop dérisoire et qu’il n’est en aucun cas lié aux fondamentaux macroéconomiques qui prévalent au Zimbabwe. La réalité sur le terrain est que les prix des denrées de base augmentent alors que la monnaie nationale continue de se déprécier par rapport au dollar américain. C’est avec ce sombre scénario que nous nous demandons quel critère le ministre a utilisé pour fixer un salaire minimum aussi bas. Un salaire minimum de 25.000 dollars zimbabwéens est déraisonnable, inadéquat et constitue une gifle pour les travailleurs.”
“Depuis des années, les travailleurs et travailleuses du Zimbabwe perdent leurs économies, leurs pensions et la valeur de leurs salaires à cause de l’hyperinflation et d’une crise économique qui ne trouve aucune solution. Alors que nous pensions que cette crise était terminée, nous sommes choqués de voir que l’hyperinflation érode à nouveau les salaires des travailleurs. Nous demandons au gouvernement du Zimbabwe de mettre en œuvre des politiques économiques durables qui protégeront la valeur des salaires des travailleurs, amélioreront les conditions de vie et mettront fin aux conditions de travail précaires qui prévalent dans le pays,”
a déclaré Paule France Ndessomin, Secrétaire régionale d’IndustriALL pour l’Afrique subsaharienne.