15 septembre, 2015Les syndicats de l’Europe du Sud-Est évoluent dans un environnement défavorable. Lors d’un atelier à Sarajevo, des délégués syndicaux de la région ont exprimé leur détermination à se battre pour l’amélioration de la protection des droits des travailleurs au niveau de la législation et pour l’arrêt de l’expansion du travail précaire.
Des pays comme la Bosnie-Herzégovine, la Macédoine et le Monténégro connaissent des expériences de privatisation dont les conséquences probables seront la perte d’emplois industriels. Les taux de chômage élevés ont conduit à des violations graves des droits des travailleurs et il n’y a pas de réelles sanctions pour les employeurs qui bafouent les lois. Souvent, les salaires ne sont pas payés, parfois durant des mois.
Le travail précaire, l’accroissement des effectifs et le renforcement de l’unité étaient des thèmes charnières de l’ordre du jour de l’atelier qui s’est tenu les 8 et 9 septembre à Sarajevo, en Bosnie-Herzégovine. Les participants ont fermement dénoncé la complicité entre les employeurs et l’élite politique ainsi que le manque de véritable dialogue social à tous niveaux.
Sous la pression des institutions financières internationales, la Bosnie-Herzégovine a récemment adopté une nouvelle législation du travail, qui fait passer la durée au cours de laquelle un travail peut être maintenu sous contrat à durée déterminée de deux à trois ans. Des débats sont en cours au sein de la République Serbe de Bosnie et une nouvelle législation y est attendue pour bientôt. Les contrats temporaires peuvent être renouvelés jusqu’à un terme de cinq ans en Macédoine et deux ans au Monténégro.
Kata Iveljić, président du Syndicat de la Chimie et des Secteurs non-métalliques de Bosnie-Herzégovine a déclaré :
Au sein de la Fédération de Bosnie-Herzégovine, nous avons une nouvelle législation syndicale qui affaiblit les droits des travailleurs. Notre syndicat doit renégocier et aligner les conventions nationales et sectorielles sur les nouvelles dispositions légales. Nous tenterons de faire en sorte que les droits des travailleurs soient maintenus au sein des nouvelles conventions. Nous allons aussi contester la nouvelle législation qui a été adoptée sans consulter les syndicats.
Les affiliés d’IndustriALL Global Union ont indiqué que les contrats d’emploi à durée déterminée étaient devenus monnaie courante, en particulier en ce qui concerne les investissements étrangers nouveaux. En Macédoine, tous les nouveaux emplois créés dans les zones de développement industriel sont temporaires. À côté d’une législation laxiste, le gouvernement offre différents incitants aux entreprises multinationales qui implantent des usines dans ces zones, leur permettant ainsi d’engranger d’énormes bénéfices aux dépens des travailleurs et travailleuses.
Les équipementiers automobiles, en particulier, emploient des milliers de personnes sous contrats à durée déterminée et moyennant de maigres salaires (€150-160 par mois). Cette évolution des choses commence doucement à avoir un impact sur les conditions de travail dans les autres entreprises.
Des débats animés ont eu lieu sur la question de la syndicalisation et de la structuration syndicale. Les employeurs crient haut et fort qu’ils respectent la législation et le droit de se syndiquer, mais en réalité ils ont recours à différentes tactiques et moyens de pression occultes pour empêcher les travailleurs de le faire.
Pavel Trendnafilov, président du Syndicat de l’Ingénierie civile, de l’Industrie et de la Planification de Macédoine a déclaré :
La Macédoine n’a pas été à l’abri de la tendance mondiale à l’accroissement du travail précaire. C’est un obstacle majeur à la syndicalisation, car les travailleurs temporaires vivent dans la crainte que leurs contrats ne soient pas renouvelés s’ils rejoignent un syndicat.
Les leaders syndicaux présents lors de l’atelier ont souligné l’importance du réseautage aux niveaux régional et international pour favoriser les avancées et se porter mutuellement assistance dans les campagnes de syndicalisation et en vue de négociations collectives.
IndustriALL Global Union et son organisation sœur au niveau européen vont continuer à collaborer avec leurs affiliés dans la région afin de soutenir leur lutte en faveur de conditions de travail décentes et de moyens d’existence durables.