1 février, 2023Les syndicats du Zimbabwe ont de sérieuses objections contre des lois votées récemment et qui violent les droits syndicaux.
La Loi d'amendement des services de santé et la Loi pénale (Loi amendant la codification et la réforme) violent la constitution du Zimbabwe et les conventions de l'Organisation internationale du travail (OIT) qu'il a ratifiées. Il s'agit de la convention 87 sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical et de la convention 98 sur le droit d'organisation et de négociation collective. L'OIT a envoyé une mission d'enquête au Zimbabwe l'an dernier, après avoir reçu de nombreux signalements de violations.
La Loi d'amendement des services de santé dispose que les grèves dans le secteur public de la santé, qualifié de service essentiel, ne peuvent durer plus de 72 heures. Les organisateurs des syndicats qui dépasseraient cette limite s'exposent à des amendes et des peines de trois ans de prison.
D'après un organe de presse du gouvernement, cette loi légalise l'arrestation et l'inculpation de personnes qui offensent sciemment la souveraineté de l'État et l'intérêt national du Zimbabwe, une clause qui, selon les experts, peut être interprétée largement et conduire à des arrestations arbitraires de militants syndicaux et des droits de l'homme.
Joseph Tanyanyiwa, qui préside le conseil national de coordination d'IndustriALL au Zimbabwe, a déclaré :
"Les droits des travailleurs sont des droits humains qui ne doivent jamais subir de restrictions ou de compromis. Le plus préoccupant pour nous est que la liberté d'expression devient un délit pénal. Ces lois seront lourdes de conséquences en ce qu'elles restreignent nos droits que protègent la constitution du pays et les conventions de l'OIT que le gouvernement a ratifiées. Nous implorons le gouvernement de modifier ou d'abroger d'urgence ces lois qui instillent la crainte dans les organisations syndicales et chez leurs membres. Ces lois érodent le combat des travailleurs pour de meilleures conditions de travail."
Avec une inflation de 229,8 pour cent en janvier, c’est-à-dire le taux le plus haut au monde, les travailleurs zimbabwéens, qui gagnent en moyenne 62 $ par mois, ont du mal à nouer les deux bouts. Les travailleurs de la santé, de l'énergie et les mineurs ont fait grève l'an dernier pour réclamer un salaire vital et le paiement des salaires dans des délais normaux. À la mine d'or Vumbachikwe, à Gwanda, les travailleurs se sont mis en grève pour réclamer les salaires qu'ils n'ont pas reçus depuis plus de trois mois.
La secrétaire régionale d'IndustriALL pour l'Afrique subsaharienne, Paule France Ndessomin, a déclaré :
"Promulguer des lois qui interdisent les grèves en pleine crise du coût de la vie, de vol des salaires et de bas salaires relève de l'oppression. Nous exhortons le gouvernement du Zimbabwe à respecter les lois du pays et les droits fondamentaux au travail tels que les définit l'OIT."
Les affiliés d'IndustriALL au Zimbabwe sont le National Union of the Clothing Industry (NUCI), le National Union of Metal and Allied Industries of Zimbabwe (NUMAIZ), le Zimbabwe Chemical, Plastics and Allied Workers Union (ZCPAWU), le Zimbabwe Diamond and Allied Minerals Workers Union (ZDAMWU), le Zimbabwe Energy Workers Union (ZEWU), le Zimbabwe Leather Shoe and Allied Workers Union (ZLSAWU) et le Zimbabwe Textile Workers Union (ZTWU).