20 octobre, 2021L’impact de la Covid sur l’industrie du ciment, la santé et la sécurité, les technologies propres et les droits des travailleurs figuraient parmi les sujets abordés par plus de 70 syndicalistes de 20 pays lors de la réunion conjointe du réseau syndical mondial d’IndustriALL pour HeidelbergCement, de l’IBB et de la FETBB. La réunion, tenue en ligne a été organisée avec le soutien de la Fondation Friedrich Ebert (FES).
IndustriALL Global Union, l’Internationale des travailleurs du bâtiment et du bois (IBB) et la Fédération européenne des travailleurs du bâtiment et du bois (FETBB), qui toutes représentent des travailleurs et travailleuses employés par le géant allemand du ciment, ont saisi l’occasion, ces 13 et 14 octobre derniers, pour élaborer des stratégies pour l’avenir.
Le réseau a adopté une déclaration commune revendiquant de véritables progrès dans le sens de l’amélioration de la qualité du dialogue social. La déclaration demande, entre autres, à HeidelbergCement :
- d’éliminer les abus envers les travailleurs et travailleuses des sous-traitants et des entreprises tierces
- d’engager des négociations sur un accord-cadre mondial
- de lancer un mécanisme conjoint garantissant le respect des droits des travailleurs et l’amélioration des conditions de travail
- d’améliorer la participation des travailleurs et travailleuses et assurer le respect des droits syndicaux et du droit de représentation et d’organisation, en mettant l’accent sur la participation des travailleurs et travailleuses en matière de santé et de sécurité
- d’inclure une dimension sociale dans ses politiques de réduction des émissions de CO2, de protection contre le changement climatique et de numérisation touchant leurs travailleurs et travailleuses sous-traitants
- de lancer une consultation avec les syndicats sur la Transition juste
- de signer une déclaration commune sur la santé et la sécurité au travail avec l’IBB, IndustriALL et la FETBB.
Une déclaration de solidarité a été adoptée à l’appui de plus de 150 travailleurs et travailleuses syndiqués par les Teamsters chez Ready Mix aux États-Unis qui revendiquent de régler les problèmes de santé et de sécurité et de cesser de violer les lois fédérales du travail.
Michael Walker, membre de la section 174 des Teamsters à Seattle, a expliqué que malgré ses bénéfices records, l’entreprise n’a pas offert d’augmentations décentes et a même refusé une couverture médicale complète à un groupe de 300 travailleurs et travailleuses après l’expiration de leur CCT. “C’est la cinquième fois que je me trouve à une table de négociation, je n’ai jamais rien vu de tel, ils veulent maintenant que nous fassions grève”, a déclaré Walker.
Dans l’ensemble des activités de HeidelbergCement cette année, quinze personnes ont perdu la vie à cause du COVID-19 malgré l’introduction par l’entreprise d’un programme de prévention. Cette année, trois travailleurs sous-traitants ont été tués au travail au Ghana, au Burkina Faso et au Bangladesh.
Par ailleurs, la détérioration du dialogue social a rendu les négociations plus difficiles et les syndicats se sont mobilisés dans différents pays.
Le défi que représente pour le secteur la réduction des émissions de carbone a également été largement débattu lors de la réunion. HeidelbergCement a besoin d’une feuille de route pour passer des combustibles fossiles aux énergies renouvelables et à la mise en œuvre de nouvelles technologies industrielles. Les participants ont souligné que l’implication des travailleurs et travailleuses est cruciale pour assurer une Transition juste.
Tom Deleu, Secrétaire général de la FETBB
Tom Deleu, Secrétaire général de la FETBB, a déclaré :
"Le changement climatique est une menace existentielle pour l'humanité. La FETBB soutient la transition verte et l'engagement de HeidelbergCement à réduire ses émissions de carbone, car il n'y a pas d'emplois sur une planète morte, mais une Transition juste et l'engagement des travailleurs et travailleuses à tous les niveaux de ce processus sont essentiels.”
Des collègues d’Afrique et d’Asie ont signalé que l’entreprise recourt de manière excessive à des régimes d’emploi atypiques, qui sapent les conditions de travail et de rémunération. Selon eux, les travailleurs et travailleuses affectés par ces systèmes sont ceux et celles-là mêmes dont les emplois et les revenus ont été ravagés par la pandémie.
Gavor Kodjo, Secrétaire général de la Fédération des travailleurs du bois et de la construction (FTBC), a remercié l’IBB et les représentants syndicaux en Allemagne d’avoir aidé son syndicat à faire part de ses problèmes chez CIMTOGO (HeidelbergCement) à la direction de l’entreprise en Allemagne. Le syndicat a souligné que les sous-traitants de CIMTOGO ont foulé aux pieds à plusieurs reprises les droits des travailleurs et n’ont pas réussi à garantir un environnement de travail sain et sûr. Il a également mentionné des problèmes tels que la non-déclaration des accidents du travail, la non-remise des fiches de paie aux travailleurs et les mauvaises normes d’hygiène.
Le Secrétaire général de l’IBB, Ambet Yuson
Pour le Secrétaire général de l’IBB, Ambet Yuson :
“En pleine pandémie, HeidelbergCement a continué à engranger des bénéfices et à verser d’énormes dividendes et primes, tandis que ses travailleurs et travailleuses vivent dans la crainte constante de perdre leur emploi. Aujourd’hui, elle a manqué l’occasion de rencontrer les dirigeants syndicaux qui réclamaient un dialogue social.”
Kemal Ozkan, Secrétaire général adjoint d’IndustriALL
Kemal Ozkan, Secrétaire général adjoint d’IndustriALL, a ajouté ce commentaire :
“HeidelbergCement doit devenir une entreprise socialement responsable et engager un véritable dialogue avec nos trois organisations. Nous constatons une série de problèmes liés à la santé et à la sécurité, aux violations des droits des travailleurs, à la réticence à négocier de bonne foi, entre autres.”