29 octobre, 2015Les affiliés d’IndustriALL du Togo, du Sénégal et du Burkina Faso ont réussi à convertir plusieurs centaines de travailleurs précaires en salariés permanents.
Les affiliés africains font état de victoires concrètes depuis des années. Les participants d’une réunion sous-régionale tenue au Togo en octobre ont souligné que l’une des réalisations principales de ce projet avait été d’accroître la sensibilisation sur le travail précaire en tant que problématique à laquelle il est fondamental de répliquer.
Des affiliés du Togo, du Burkina Faso et du Sénégal ont relaté la conversion d’environ 950 travailleurs journaliers ou à durée déterminée en salariés permanents en 2015. au Togo, les affiliés ont organisé des journées d’action au sein d’entreprises ciblées pour obliger la direction à respecter les conventions négociées avec les syndicats sur la régularisation de ces travailleurs. Ces avancées avaient été négociées dans la foulée de formations dispensées aux affiliés sur les stratégies de négociation collective destinées à limiter le travail précaire.
En parallèle, les affiliés ont également mené ou pris part à des actions pour améliorer la législation de sorte à stopper l’expansion du travail précaire. Les affiliés du Burkina Faso sont en train de négocier un nouveau code des mines.
Au Sénégal, les affiliés travaillent à un meilleur respect de la législation sur le travail précaire. Ils ont lancé une campagne contre la violation de la législation sur le recours au travail journalier et saisonnier.
Cette campagne est une action commune au Syndicat National des Travailleurs des Industries Chimiques et Activités Rattachées du Sénégal (SYNTICS), au Syndicat National des Travailleurs des Industries de la Confection (SNTIC) et au Syndicat Unique des Travailleurs des Industries Diverses du Sénégal (SUTIDS). Ces syndicats se joignent à d’autres, non affiliés à IndustriALL, ainsi qu’à des centrales syndicales du Sénégal.
Au Togo, Burkina Faso et Sénégal, existe un usage abusif des contrats journaliers et à durée déterminée. De plus, même si l’externalisation est interdite dans les activités de production, des travailleurs intérimaires ou sous-traitants sont occupés côte à côte sur des lignes de production avec des travailleurs permanents à la relation d’emploi directe.
Avant de lancer des campagnes de syndicalisation et de négociation collective, les affiliés de ces trois pays ont établi une cartographie détaillée de la situation du travail précaire au sein d’entreprises cibles. Cela a montré que dans certaines compagnies minières du Burkina Faso et entreprises chimiques du Sénégal, l’ensemble de la main d’œuvre était composée de travailleurs temporaires ou en sous-traitance.
Les travailleurs précaires effectuant des opérations dangereuses sont rarement payés pleinement au taux majoré qui y correspond. Leurs salaires sont inférieurs à ceux des travailleurs permanents et ils ne sont bénéficiaires d’aucune prestation sociale.
De nombreux travailleurs des industries minières du Burkina ou du Togo ne possèdent même pas de contrat écrit officiel, n’ont pas de congés payés et ne sont pas payés pour les tâches de maintenance, sachant qu’ils sont rémunérés en fonction des quantités qu’ils produisent. Les syndicats dénoncent un véritable système d’exploitation.
“Mais la lutte contre le travail précaire est un combat incessant. Chaque victoire est remise en cause par les employeurs,” confie Fernando Lopes, Secrétaire général adjoint d’IndustriALL.
La Fédération des Industries du Togo a parlé du cas d’une entreprise minière où la direction avait, en réaction à une campagne de syndicalisation menée par cet affilié d’IndustriALL, mis à la porte tous les recruteurs. Toute la main d’œuvre a été remplacée par des sous-traitants qui effectuent les mêmes tâches qu’auparavant. Le syndicat n’abandonne pas et a porté l’affaire devant la justice.
Le projet sur le travail précaire en Afrique sub-saharienne, préalablement soutenu par le SASK, est maintenant cofinancé par les affiliés d’IndustriALL FNV, CSC-BIE et CFDT-FCE