3 novembre, 2022Lorsque Zheng Yong Swaziland, un fabricant de prêt-à-porter, a décidé unilatéralement de ne plus prélever les cotisations syndicales de 1.276 travailleurs dans le cadre de son comportement antisyndical, le Syndicat uni du Swaziland (ATUSWA) a immédiatement intenté une action en justice.
Il semble que Zheng Yong ait pris cette mesure en guise de représailles après que les travailleurs et travailleuses se soient mis en grève pour revendiquer des salaires vitaux. Mais l’ATUSWA, affilié à IndustriALL Global Union, a poursuivi l’employeur devant le tribunal du travail, qui a statué le 31 octobre en sa faveur.
Le tribunal a appris que depuis le mois de mai, Zheng Yong n’avait pas déduit les cotisations syndicales des travailleurs et ne les avait pas remises au syndicat, comme l’exige la loi sur les relations sociales. Ce faisant, l’employeur retirait aux travailleurs et travailleuses leur liberté syndicale et le syndicat se trouvait injustement privé des revenus dont il avait tant besoin. Les travailleurs et travailleuses se demandaient même pourquoi les déductions avaient cessé alors qu’ils étaient toujours membres de l’ATUSWA.
La Cour a déclaré dans son jugement qu’en ne versant pas les cotisations au syndicat, l’employeur avait recours à une pratique qui viole la loi sur les relations sociales, qui stipule que l’employeur a l’obligation de déduire les cotisations des membres du syndicat et de les lui verser sans délai.
Zheng Yong, qui est cité comme premier défendeur, “se voit interdire et empêcher de décider unilatéralement de cesser de verser les cotisations mensuelles au requérant comme et quand il le souhaite”, peut-on lire dans le jugement dans lequel l’ATUSWA est le requérant.
Wander Mkhonza, Secrétaire général de l’ATUSWA, a déclaré :
“Après que Zheng Yong a décidé unilatéralement de cesser de déduire et de reverser les cotisations syndicales, l’ATUSWA a poursuivi l’employeur en justice. De plus, nous avons informé nos adhérents de l’action que nous menions et nous les avons préparés aux résultats probables. Heureusement, nous avons fini par gagner l’affaire au tribunal et l’employeur a même été condamné à payer les arriérés de cotisation”.
Il a salué l’unité dont les travailleurs et travailleuses ont fait preuve pendant l’action en justice, puisqu’ils se sont présentés en grand nombre lors des audiences. Cette action s’est déroulée dans un climat d’intimidation de la part de l’employeur et de violence de la part de la police qui a lancé des gaz lacrymogènes sur les travailleurs et travailleuses en grève.
Paule France Ndessomin, Secrétaire régionale d’IndustriALL, a pour sa part indiqué :
“Cette décision est la bienvenue, car elle renforce la lutte des travailleurs et travailleuses d’Eswatini en faveur de salaires vitaux et du respect de leurs droits à la liberté syndicale et à la négociation collective. Les employeurs doivent s’engager avec les syndicats et le gouvernement à promouvoir le dialogue social et à construire un système de relations sociales qui profite aux travailleurs.”
Après la grève de mai, plus de 300 travailleurs et travailleuses ont été licenciés chez Zheng Yong, FTM Garments et Ho’s Enterprises. Par exemple, chez Ho’s Enterprises, le syndicat a déposé un recours contre les licenciements abusifs, ce qui a permis à la plupart des travailleurs et travailleuses concernés de rester au travail après que l’entreprise a annulé ses mises à pied.