8 juin, 2021Lorsque le réseau syndical Hyundai/Kia d'IndustriALL s'est réuni les 17 et 18 mai, la discussion a notamment porté sur la question de savoir si les normes fondamentales du travail de l'OIT déboucheront en finale sur un dialogue social transnational chez le constructeur automobile coréen.
La liste des États membres de l'OIT qui doivent encore ratifier les normes fondamentales du travail de l'OIT n'est pas très longue, mais on y trouve plusieurs pays de premier plan comme la Chine, l'Inde, l'Iran, le Qatar, l'Arabie saoudite, la Thaïlande et les USA. La très industrialisée République de Corée n'est plus sur cette liste noire parce qu'elle a récemment ratifié les conventions 29 (travail forcé), 87 (liberté syndicale) et 98 (droit de négociation collective), qui entreront en application en avril 2022.
Kim Ho Gyu, le président du Syndicat des travailleurs coréens de la métallurgie (KMWU), affilié à IndustriALL, a déclaré :
"Les conventions ratifiées sont des jalons légaux importants pour une réforme totale de la législation du travail qui sonne la fin de l'antisyndicalisme, intègre la liberté syndicale dans le droit et la pratique et garantisse les droits syndicaux des syndicats d'industrie."
Le réseau mondial Hyundai/Kia existe depuis 2009 et a constamment milité pour l'application de ces droits fondamentaux dans toutes les usines du groupe, dans le monde entier. En outre, des affiliés d'IndustriALL du Brésil, de République tchèque, d'Allemagne, d'Inde, de Corée, de Slovaquie, de Turquie et des USA ont tenté à plusieurs reprises, mais sans succès, de convaincre l'entreprise d'entamer la négociation d'un accord-cadre mondial pour promouvoir ces droits fondamentaux et ouvrir un canal de communication régulière entre les syndicats et l'entreprise à l'échelon mondial.
Le réseau espère que la ratification des conventions de l'OIT par la Corée influencera positivement les relations avec le cinquième constructeur automobile mondial. Kim Yunsam et Choi Sun, des syndicats de branche du KMWU chez Hyundai et Kia, en ont conclu que :
"Partant du fait que 70 pour cent de l'activité économique de l'entreprise se situent hors de Corée, il est non seulement souhaitable mais aussi logique de suivre des normes du travail universelles élevées et d'avoir une structure formelle de dialogue social à l'échelon mondial."
Les délégués ont décidé d'approfondir leur coopération en améliorant la base de données interne du réseau, cela afin d'avoir plus de force de négociation et d'identifier les cas d'injustice flagrante, comme le nombre élevé de stagiaires faiblement rémunérés et d'autres travailleurs précaires dans l'usine Hyundai de Chennaï, en Inde.
"Il est grand temps de mettre fin à l'exploitation de plus de la moitié du personnel indien qui gagne 20 pour cent de moins que les salariés permanents,"
dit Gowri Shankar, le secrétaire général du syndicat des salariés de Hyundai Motors India.
Pour les contacts plus fréquents, une plateforme sera créée dans le but de permettre et promouvoir un dialogue régulier.
Les participants ont profité de cette réunion pour avoir un débat d'experts sur les techniques de détermination des temps, en particulier MODAPTS. Les collègues se sont familiarisés avec le concept général et ont eu des échanges sur les ripostes syndicales à apporter.
"Il semble que ces systèmes soient appliqués pour transformer les humains en robots. Si nous comprenons le système, nous pouvons sérieusement accroître notre pouvoir de négociation,"
ajoute Patrik Fupšo, le président du syndicat OS KOVO de l'usine Hyundai de République tchèque.
Les participants ont débattu de la stratégie de l'entreprise consistant à évoluer vers un statut de fournisseur de mobilité, et d'aspects tels que la numérisation et les véhicules électriques. À partir de calculs, ils ont analysé l'incidence sur le travail de cette politique dans les sites coréens et ont conclu qu'il serait important d'échanger de bonnes pratiques pour s'assurer que la transformation soit gérée d'une manière socialement responsable qui protège l'employabilité du personnel existant.
Georg Leutert, le directeur d'IndustriALL en charge du secteur automobile, a déclaré :
"Le grand défi consiste à gérer le processus de conversion et de perfectionnement pour s'assurer qu'aucun travailleur ne soit laissé pour compte."
IndustriALL et ses affiliés ont remercié la Fondation Friedrich Ebert pour l'important soutien qu'elle a fourni à cette réunion ainsi que dans le passé.