9 février, 2023Aurai-je un emploi après la transition, quel type d'emploi, dans quel secteur et gagnerai-je autant qu'actuellement ? Ces questions, que posent les travailleurs à propos de la transition énergétique, étaient le point de départ des débats qui ont animé le panel d'IndustriALL à l'African Mining Indaba, qui s'est tenu dans la ville du Cap, le 8 février.
Glen Mpufane, le directeur d'IndustriALL en charge du secteur minier, présidait ce panel qu'il a défini comme "une conversation avec les syndicats, qui dépasse le seul changement climatique, sur les autres moteurs de l'impact sur le monde du travail dans la transition actuelle et les propositions des organisations syndicales pour une voie qui les atténuerait". On a pu aussi entendre des exposés d'affiliés d'IndustriALL : le Botswana Mine Workers Union (BMWU), le National Union of Mineworkers (NUM), le National Union of Metalworkers of South Africa (NUMSA) et UASA – the Union.
IndustriALL a souligné l'importance du rôle du travail dans une exploitation minière durable et dans les stratégies environnementales, sociales et de gouvernance. Ces panels témoignent de la reconnaissance qu'ont obtenue les syndicats au Mining Indaba par l'engagement d'IndustriALL auprès des compagnies minières et des organisateurs de la conférence pour que le monde du travail soit reconnu comme une partie prenante essentielle dans l'industrie minière.
Phestus Motshabi, un délégué syndical du NUMSA, a déclaré :
"Les travailleurs sont très préoccupés par la transition. Il est à craindre que des mines à cause de la décarbonation. Nous voulons une Transition juste basée sur le travail décent et le respect des droits fondamentaux au travail inscrits dans les conventions de l'Organisation internationale du travail. Nous voulons, avec les compagnies minières, une conversation transparente dans laquelle elles dévoilent leurs plans et leurs stratégies. Ces plans doivent porter sur l'ensemble de la chaîne de valeur."
Tebogo Moepeng, un délégué syndical du NUM, a ajouté :
S'agissant du travail décent, l'avenir est sombre parce qu'il faut s'attendre à ce que des emplois permanents disparaissent, remplacés par des emplois précaires, aléatoires. Mais nous, syndicats, ne cesserons de réclamer des emplois décents, permanents.
Pour Kitso Phiri, le secrétaire exécutif du BMWU, un dialogue social qui associe les parties prenantes essentielles est important.
"Le dialogue social renforce le consensus entre les parties prenantes et peut servir d'outil d'atténuation du risque. Pour être efficace, il faut que la voix des travailleurs y soit forte. Au Botswana, le processus de dialogue social est bancal parce que la voix des travailleurs manque, en particulier au forum consultatif de haut niveau de l'échelon sectoriel, où se prennent les décisions. Les travailleurs ne participent qu'au niveau de l'entreprise."
Towards Sustainable Mining, une norme mondiale pour la durabilité du secteur minier, a été citée comme un des outils disponibles pour promouvoir le dialogue social au Botswana.
Melanie Roy, directrice de la recherche à l'unité de recherche et de politique économiques du NUMSA, a souligné :
"Il faut que les revendications des syndicats portent sur les deux aspects de l'emploi : la création d'emplois et la reconversion/recyclage pour de nouveaux emplois. Il faut prendre en compte la transition des emplois dans l'automobile, l'énergie et les secteurs miniers, de la cohésion de politiques, de l'équité et la diversité. Dans le secteur automobile, par exemple, les travailleurs doivent acquérir les compétences nécessaires à la production des véhicules électriques."
Pour Franz Stehling, directeur de département à l'UASA, le gouvernement doit dégager des ressources pour aider au recyclage des travailleurs en vue des emplois futurs.
"S'agissant de l'Afrique du Sud, la Transition juste devrait être discutée au Conseil national du développement économique et du travail, et des ressources pourraient être affectées à la reconversion par les autorités responsables de l'éducation et de la formation."
Glen Mpufane a déclaré :
"La durabilité du marché du travail est un élément important du débat sur la question de savoir où créer des emplois décents. Les discussions de la journée fait écho aux recommandations de la Commission mondiale sur l'avenir du travail de l'OIT, qui doivent être notre élément de référence lorsque nous discutons d'une Transition juste. Ces recommandations portent sur l'innovation technologique, le changement climatique et environnemental, les changements démographiques, les inégalités mondiales et autres facteurs."
Le Mining Indaba a été inauguré officiellement par les présidents de l'Afrique du Sud et de la République démocratique du Congo, Cyril Ramaphosa et Félix Tshisekedi, qui ont souligné l'importance des minerais pour le développement socio-économique des deux pays et de la coopération dans les échanges commerciaux. Ces pays ont des minerais utilisés pour la fabrication des véhicules électriques comme le cobalt, le lithium, le manganèse, le nickel et autres terres rares.