20 mai, 2020IndustriALL Global Union a posé une série de questions à Shell avant la tenue en ligne, hier, de l’Assemblée générale annuelle de l’entreprise. Les réponses de la multinationale montrent que celle-ci demeure réticente à s’engager avec les syndicats au niveau mondial.
IndustriALL a soumis une série de questions à Shell avant son Assemblée générale annuelle privée ayant eu lieu en ligne le 19 mai. La multinationale a répondu le 13 mai lors d’une réunion de consultation en ligne des actionnaires à laquelle a participé Diana Junquera Curiel, directrice en charge du secteur énergétique chez IndustriALL.
IndustriALL a posé une question sur la situation sanitaire et sécuritaire des entrepreneurs au Nigéria, après avoir réalisé des recherches approfondies et trouvé plusieurs études de cas se rapportant à des familles de travailleurs ayant perdu la vie ou étant devenus handicapés.
En réponse, le PDG de Shell, Ben van Beurden, a déclaré que la multinationale « respecte les lois locales » et s’efforce d’« améliorer constamment la performance ». Bien que les entrepreneurs soient des « personnes morales indépendantes », Shell « assure » que l’entreprise se conforme au droit local tout en « cherchant continuellement des moyens de les contrôler ». L’entreprise a démenti les allégations formulées dans la question tout en omettant de traiter le fond.
Shell a abordé toutes les questions de cette manière. Aux problèmes très documentés des violations des droits syndicaux et humains au Nigéria soulevés par IndustriALL, Van Beurden a fait savoir que toutes les allégations énoncées avaient fait l’objet d’une enquête approfondie et qu’elles n’étaient « pas du tout fondées ». Toutefois, l’entreprise n’a pas consulté les syndicats au cours de ses enquêtes.
A la nouvelle demande de Junquera de savoir si Shell serait disposé à rencontrer IndustriALL afin que ces questions puissent être examinées de manière satisfaisante, Van Beurden a répondu que bien que Shell accorde de l’importance à ses relations avec les syndicats, celles-ci sont « les plus efficaces au niveau local » en raison des situations propres aux pays. Il ne s’est pas engagé à rencontrer IndustriALL.
Cette réponse n’est pas surprenante : Shell s’abstient constamment d’aborder les préoccupations des syndicats. Néanmoins, IndustriALL est mandaté par ses syndicats affiliés, qui représentent les travailleurs de Shell à l’échelle mondiale, pour rechercher un dialogue mondial, et continuera de le faire.
Aux autres questions posées par IndustriALL sur les objectifs d’émissions de Shell et leur conformité avec l’Accord de Paris, ainsi que sur les projets de l’entreprise en matière de Transition juste pour les travailleurs, Shell a renvoyé à son document sur le changement climatique et la transition énergétique.
Bien qu’IndustriALL salue le fait que la multinationale aborde explicitement la question de la Transition juste, un certain nombre de préoccupations subsistent. Le document ne reconnaît pas le mouvement syndical mondial et ne mentionne pas les syndicats. Il ne renferme pas non plus d’engagements fermes et contient peu de détails sur le contenu du programme.
« Je ne comprends pas pourquoi Shell refuse de nous rencontrer. De quoi ont-ils peur ? » a demandé Junquera.
« Shell s’engage avec de nombreuses organisations critiques, y compris un certain nombre d’ONG, qui ne représentent pas les parties prenantes de Shell. IndustriALL Global Union représente les travailleurs de Shell dans le monde entier. Nous sommes mandatés par ces travailleurs pour engager le dialogue avec la multinationale dans le monde entier.
« Shell refuse. Shell affirme qu’il est "plus efficace" de travailler avec les syndicats au niveau local uniquement. Mais les tentatives de Shell de diviser les travailleurs sont précisément la raison pour laquelle nos syndicats veulent l’instauration d’un dialogue mondial. »
Le procès-verbal intégral de la téléconférence, comprenant les questions d’IndustriALL et les réponses de Shell, est disponible ici.