20 octobre, 2022IndustriALL Global Union et le Forum des fonds de pension des collectivités locales britanniques ont organisé conjointement un débat sur le Régime d’assurance des accidents du travail (Employment Injury Scheme, EIS) récemment lancé au Bangladesh, qui couvre les quatre millions de travailleurs et travailleuses de la confection du pays.
La protection sociale est un droit humain fondamental reconnu et peut comprendre des indemnités de maladie, des allocations de chômage et une assurance en cas d’accident. La pandémie a mis en évidence la précarité du modèle de production de l’industrie de la confection, car des millions de travailleurs et travailleuses de pays dépourvus de filet de sécurité se sont retrouvés sans salaire dès lors que l’industrie s’est brusquement arrêtée.
L’EIS, auquel participent l’OIT, le gouvernement, les enseignes, les travailleurs et les employeurs, est un régime de protection sociale comprenant une indemnisation pour les traitements médicaux et les services de réhabilitation, ainsi que contre la perte de revenus causée par les accidents du travail et les maladies professionnelles. Il s’agit d’un projet pilote d’une durée initiale de trois ans, auquel participent sept enseignes et environ 150 usines de confection.
Le webinaire du 18 octobre, qui s’adressait principalement aux investisseurs institutionnels désireux d’œuvrer en faveur d’une industrie de la confection plus durable, fondée sur le respect des droits fondamentaux des travailleurs, a examiné les raisons de la participation des enseignes de la confection et du textile, leur rôle dans le financement du projet et la nécessité de poursuivre leur engagement dans le développement d’un régime d’assurance durable contre les accidents du travail.
“Le non-paiement des salaires en raison de l’annulation de commandes pendant la pandémie a aggravé la pauvreté de millions de travailleurs et travailleuses de la chaîne d’approvisionnement mondiale en raison d’un manque fondamental de protection sociale. Dans plusieurs cas, cette situation a déclenché des protestations à grande échelle et a entraîné non seulement des risques opérationnels, juridiques et financiers pour les enseignes qui s’approvisionnent, mais aussi des atteintes à la réputation de certaines d’entre elles, qui ont été accusées de vol de salaire,”
a déclaré Liz Umlas, conseillère en gestion du capital.
Anne Marie La Rosa, de l’OIT, a souligné que cet important projet pilote est un moyen d’apporter des changements dans l’industrie de la confection.
“Les enseignes sont très présentes au Bangladesh. Si nous parvenons à faire fonctionner ce modèle et à réunir tout le monde autour de la table, le gouvernement, les syndicats et les industriels, il pourra être étendu à d’autres pays.”
Les enseignes de confection H&M et Primark ont participé au panel et ont donné leur avis sur les raisons pour lesquelles elles ont décidé d’élaborer et de soutenir le projet pilote. Dans leurs commentaires, H&M et Primark ont appelé d’autres enseignes à participer à l’EIS et ont fait remarquer que si les questions environnementales semblent être sur le radar des investisseurs, les questions sociales le sont beaucoup moins et la protection sociale en particulier n’est jamais évoquée par les investisseurs.
“Il s’agit d’une première étape importante dans la mise en place d’un solide filet de sécurité sociale pour les travailleurs et travailleuses, mais il faut que davantage d’enseignes se joignent à nous pour que ce projet pilote soit durable. Il est important que nous partagions la responsabilité d’une industrie de la confection durable.”
a déclaré Christina Hajagos-Clausen, Directrice d’IndustriALL pour le textile et la confection.
Les enseignes participantes à ce jour sont Bestseller, Fast Retailing, le groupe H&M, KiK, Primark et Tchibo. Dans une lettre envoyée au début de ce mois, IndustriALL a appelé plus de 40 enseignes s’approvisionnant au Bangladesh à soutenir ce programme.
Ce webinaire s’inscrivait dans le cadre d’une initiative plus large d’IndustriALL sur la protection sociale des travailleurs et travailleuses de la confection, faisant suite à une rencontre antérieure en juin, où des travailleurs et travailleuses de Thaïlande ont témoigné de l’impact du vol de salaire sur leur vie.