6 février, 2020Les questions environnementales, sociales et de gouvernance restent des défis pour l’industrie minière alors qu’elle en recontre de nouveaux, ceux du changement climatique et d’Industrie 4.0.
Il s’agissait donc des thèmes de l’Indaba minier intitulé Investir en Afrique et de l’Indaba minier alternatif, qui ont eu lieu du 3 au 6 février au Cap, en Afrique du Sud. Le thème de l’Indaba minier organisé par le monde des affaires était “Optimiser la croissance et l’investissement dans l’économie minière numérisée” tandis que l’Indaba minier alternatif (IMA) organisé par la société civile s’est concentré sur “Les économies minières durables sur le plan environnemental et économique à l’ère de la catastrophe du changement climatique”. IndustriALL Global Union a participé aux deux événements.
L’Indaba minier et l’IMA sont des événements distincts qui se déroulent simultanément. Lors de la “Journée de la durabilité” de l’Indaba minier, les deux événements convergent pour discuter de questions communes. Des efforts sont menés pour trouver un terrain d’entente sur l’exploitation minière durable et la Transition juste.
Les affiliés d’IndustriALL du secteur des mines en provenance de la République Démocratique du Congo, du Ghana, de Madagascar, de Namibie, d’Afrique du Sud et de Zambie ont participé à l’Indaba minier, avec le soutien de la Fondation Friedrich Ebert.
L’IMA vise à offrir aux communautés africaines touchées par l’exploitation minière un espace de dialogue et de recherche de solutions à leurs préoccupations relatives au secteur minier. IndustriALL et ses affiliés ont participé activement aux sessions sur le changement climatique, la Transition juste et ce qu’il est convenu d'appeler la licence sociale exploitation. Plus de 50 participants ont débattu de la coopération entre les syndicats et la société civile pour déterminer la licence sociale du secteur, en soulignant que les droits des travailleurs des mines et les intérêts des communautés affectées par le secteur devraient être au cœur des activités minières. La session a discuté de la syndicalisation des mineurs et creuseurs des exploitations artisanales et à petite échelle.
L’IMA a recommandé dans une pétition adressée à l’Indaba minier que l’héritage des responsabilités passées ne puisse être oublié, avec l’action collective au sujet de la tuberculose et de la silicose en Afrique du Sud citée en exemple. L’industrie doit fournir une indemnisation équitable aux anciens travailleurs des mines et aux communautés dont la santé a été mise à mal par l’exploitation minière et les inclure dans les discussions sur la manière de procéder.
Les gouvernements doivent ratifier et appliquer la convention 176 de l’OIT sur la sécurité et la santé dans les mines, ainsi que la convention 190 sur la violence et le harcèlement au travail, notamment pour protéger les travailleuses des mines qui sont vulnérables à la violence au travail.
IndustriALL était présente dans une série de discussions à l’Indaba minier. Un panel présidé par le Directeur des mines, Glen Mpufane, a abordé la sécurité sous le thème “Atteindre une approche zéro danger”. En présence de Joseph Montisetse, le Président de l’affilié sud-africain, le Syndicat national des travailleurs des mines, la session a débattu de la Convention 176. Joseph Montisetse a abordé le taux alarmant d’incidents dans le monde et la nécessité de changer fondamentalement l’approche de la gestion des mines en mettant les gens au premier plan.
Une session sur la “Mine 4.0” s’est concentrée sur la façon dont la technologie et l’innovation transforment l’exploitation minière. S’adressant à l’assemblée, le Secrétaire général adjoint d’IndustriALL, Kemal Özkan, a posé la question de ce que les nouvelles technologies minières signifieront pour l’avenir du travail : quelles compétences seront nécessaires et comment les sociétés minières, les gouvernements et les autres acteurs peuvent-ils garantir que les populations locales disposent des compétences adéquates pour permettre à l’industrie minière de contribuer pleinement à un développement durable ?
Une économie minière numérique ne peut se faire qu’en passant des anciennes technologies minières à de hautes technologies impliquant l’automatisation, l'exploitation des données et l’intelligence artificielle. Les syndicats veulent un plan de Transition juste qui inclut le remplacement des combustibles fossiles par des énergies renouvelables, le recyclage et la requalification des travailleurs, une indemnisation équitable en cas de licenciement et le dialogue social. Le dialogue entre les communautés et les syndicats doit déboucher sur un travail commun, et les gouvernements et les organisations de la société civile doivent y être associés.
Lors de son intervention, Kemal Özkan a indiqué :
“Ces millions d’emplois dans les mines sont nos emplois. Personne ne peut ni ne doit décider de l’avenir de nos emplois sans nous, travailleurs et syndicats. L’emploi est le seul outil qui nous relie à la société et à l’économie.
Nous avons besoin d’un véritable dialogue mondial, national et local pour débattre et projeter notre avenir. L’information, la consultation, la formation, le recyclage, la reconversion et la requalification sont les principaux droits que nous exigeons. Le dialogue sur l’exploitation minière durable est essentiel pour créer des emplois décents et pour réduire la pauvreté, comme l’explique la Vision minière africaine.”