7 juin, 2017La crise politique et économique au Brésil a un impact important sur l’industrie de la construction navale. 50.000 travailleurs et travailleuses ont perdu leur emploi en raison de l’absence de commande sur de nombreux chantiers navals.
L’âge d’or de l’industrie de la construction navale du Brésil semble un lointain souvenir. Les jours se sont enfuis où les carnets de commande étaient remplis après la découverte des champs pétroliers Pre-Sal de la compagnie pétrolière Petrobras et que le secteur employait 82.000 salariés.
La situation d’aujourd’hui est très différente : 50.000 travailleurs et travailleuses ont perdu leur emploi. Douze des quarante chantiers navals du pays sont à l’arrêt et les autres fonctionnent en-deçà de leur capacité. C’est la conséquence directe de la tourmente des scandales de corruption qui a balayé le pays et Petrobras.
Le secteur a cherché à se diversifier dans de nouvelles activités et à créer des centres industriels et logistiques. Certains travailleurs et travailleuses envisagent la possibilité de s’enrôler auprès du Programme de développement des sous-marins de la marine brésilienne (PROSUB). Bien que celui-ci a débuté avec un modeste groupe de 32 ingénieurs de marine et membres du personnel technique, il s’est déjà développé pour comprendre plus de 300 travailleurs et ce chiffre devrait croître de manière significative.
Entretemps, les travailleurs et travailleuses prennent des mesures pour défendre leur industrie et leurs droits. La Fédération des travailleurs du pétrole (FUP-CUT) et la confédération à laquelle elle est affiliée, la CNQ-CUT (elle-même affiliée à IndustriALL Global Union), ont organisé d’importantes manifestations et la campagne “Petrobras est à nous” contre la privatisation de l’entreprise. Cette campagne a organisé un grand rassemblement de protestation ce 8 juin.
Depuis avril, la CNM/CUT (affiliée à IndustriALL) pousse à la création d’un Front parlementaire de défense de l’industrie de la construction navale, qui soutiendrait les revendications du secteur, ferait pression auprès du gouvernement pour prendre des mesures pour revitaliser cette industrie et se battrait pour maintenir et protéger les emplois, les investissements et la politique de contenu local.
La CNTM/FS (affiliée à IndustriALL) a également exprimé sa préoccupation face aux pertes d’emploi dans le secteur. La confédération s’oppose à la commande de plateformes en dehors du pays, soutient l’investissement dans l’ingénierie nationale et la politique de contenu local ; elle appelle aussi à l’adoption de mesures pour garantir la croissance du secteur et la création de davantage d’emplois.
Les membres de la CNM/CUT et de la CNTM/FS ont tenu une journée de lutte nationale des métallurgistes en novembre 2016 pour montrer qu’ils sont tous du même bord et vont travailler ensemble pour davantage d’emplois, défendre l’industrie nationale et protéger les droits des travailleurs.
En 2016 et 2017, les travailleurs et travailleuses de tous les secteurs affiliés aux grandes centrales syndicales du Brésil ont organisé des marches pour la défense de leurs droits, pour davantage d’emploi et contre les réformes du gouvernement de Michel Temer. Les centrales syndicales se sont rencontrées à São Paulo le 5 juin pour s’accorder sur un calendrier des actions entre maintenant et la prochaine grève générale.
Petrobras est responsable de 90% de la production pétrolière au Brésil et est l’un des piliers de l’industrie navale et de l’économie brésilienne. Les chantiers navals se sont développés en réponse à d’ambitieux plans d’expansion qui se sont effondrés en 2014 lorsque l’entreprise est devenue le centre d’un scandale de corruption.