5 août, 2019Les travailleurs du chantier naval de Belfast « Harland and Wolff », où a été construit le Titanic, ont occupé le site vieux de 158 ans, pour protester contre sa fermeture.
Les 130 travailleurs, membres des affiliés à IndustriALL Global Union, Unite et GMB, réclament la nationalisation de Harland and Wolff. Le chantier naval a été mis en vente en décembre 2018 en raison des graves problèmes financiers qui connaît sa société mère norvégienne, Dolphin Drilling. Aucun acheteur n’a encore été trouvé. Les administrateurs devraient faire une annonce ce soir et décréter la mise en faillite de l’entreprise dans la matinée du 6 août. Les travailleurs ont reçu un préavis de licenciement.
En plus de l’occupation du site, les travailleurs ont protesté à l’extérieur du palais de Stormont, où siège l’assemblée d’Irlande du Nord, et organisé une journée familiale au chantier naval le dimanche 3 août. Ils ont reçu de nombreux messages de soutien et de solidarité de tout le Royaume-Uni et d’Irlande, ainsi que d’autres pays.
Les syndicats craignent que le chantier ne soit vendu après les changements dans l’administration et l’expropriation des actifs, et qu’ainsi l’expertise et la main-d'œuvre qualifiée de l’entreprise ne soient mises au rebut. Les syndicats réclament la nationalisation du chantier dans le cadre de la stratégie du gouvernement britannique visant à protéger la construction navale. La fermeture du chantier pourrait aussi avoir un impact sur d’autres chantiers, étant donné que Harland and Wolff fait partie d’un consortium qui tente d’obtenir un contrat de la Royal Navy.
Le chantier naval de Harland and Wolff est un élément emblématique du patrimoine industriel et paysagé de Belfast. Fondé en 1861, le chantier naval employait 35 000 travailleurs à son apogée, et a construit le Titanic et de nombreux autres navires célèbres.
Bien qu’aucun navire n’ait été construit depuis 2003, les travailleurs ont continué leurs activités en réparant et en radoubant les navires et plates-formes pétrolières, et en fournissant l’ingénierie structurelle aux secteurs pétroliers, gaziers et des énergies renouvelables offshore. En 2008, le chantier a construit le SeaGen, qui était à l’époque le plus grand générateur d’énergie marémotrice au monde, puis a fabriqué des composants et construit des plates-formes pour les parcs éoliens offshore.
Susan Fitzgerald, membre du syndicat Unite, a déclaré:
« Il est encore temps pour le gouvernement de mettre de côté ses préjugés idéologiques et de renationaliser Harland and Wolff. Compte tenu des coûts de la perte d’emplois à Harland and Wolff – en termes de perte de pouvoir d’achat et de recettes fiscales, ainsi que de dépenses en prestations –, la renationalisation serait une décision commerciale rationnelle, ainsi qu’un investissement dans l’avenir de l’Irlande du Nord ».
Michael Mulholland, membre du syndicat GMB, a indiqué:
« Nos membres protestent depuis près de 24 heures: telle est la force de leur foi en ce célèbre chantier. GMB réclame la renationalisation de Harland and Wolf, afin de préserver des centaines d’emplois et garantir la position de Belfast comme centre mondial de la construction navale ».
Le Directeur d’IndustriALL en charge du secteur de la construction et de la démolition de navires, Kan Matsuzaki, a souligné:
« Ce chantier naval historique fait partie du patrimoine industriel de Belfast. Mais, il appartient également au futur. Alors que la demande en matière d’énergies renouvelables ne fait que croître, les travailleurs de Harland and Wolff ont montré qu’ils ont les compétences techniques et l’expérience pour redresser la situation et approvisionner le secteur.
« Il est profondément irresponsable d’autoriser la fermeture du chantier. Il doit être sauvé ».