22 mai, 2019Lors de l’Assemblée générale annuelle de la compagnie, qui s’est tenue à La Haye, le 21 mai, IndustriALL Global Union, en collaboration avec les syndicats affiliés du Nigeria et des Pays-Bas, a appelé Shell à prendre des mesures pour remédier aux violations des droits des travailleurs dans sa chaîne d’approvisionnement.
Shell a refusé de reconnaître les infractions graves commises par ses fournisseurs à l’encontre de son propre code de conduite qui avaient été soulevées lors de l’Assemblée générale annuelle de Shell en 2018.
L’équipe de la mission d’IndustriALL au Nigéria menée en septembre 2018 avait elle-même observé la façon dont les travailleurs occupés en sous-traitance à Shell au Nigéria vivent dans la pauvreté, sans sécurité d’emploi, couverture médicale adéquate et droit à se syndiquer.
S’exprimant lors de l’Assemblée générale annuelle, la Directrice d’IndustriALL en charge de l’énergie, Diana Junquera Curiel, a déclaré:
« En septembre, je me suis rendue au Nigeria où j’ai pu constater par moi-même ces violations. A titre d’information, nous les avons portées devant l’Organisation international du travail, le Pacte mondial des Nations Unies et le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies ».
L’année dernière, Shell et trois autres compagnies pétrolières se sont engagées à établir un cadre commun visant à surveiller l’application des droits des travailleurs dans leurs chaînes d’approvisionnement. Néanmoins, ce mécanisme n’est pas transparent et exclut la participation des syndicats.
« Si Shell veut vraiment améliorer les droits des travailleurs dans sa chaîne d’approvisionnement mondiale, pourquoi refuse-t-il de travailler de concert avec IndustriALL Global Union pour remédier à ces problèmes? », a demandé Diana Junquera Curiel lors de l’Assemblée.
« Shell dit qu’il travaille seulement avec les syndicats locaux, mais la résolution des problèmes que connaît la chaîne d’approvisionnement mondiale de Shell nécessite d’avoir un dialogue mondial dans la recherche de solutions globales. D’autres compagnies multinationales énergétiques, telles que Total et Eni, collaborent avec IndustriALL pour améliorer les droits des travailleurs dans leurs chaînes d’approvisionnement. Pourquoi Shell ne peut-il pas faire la même chose? »
Afolabi Olawale Olufemi, Secrétaire général du syndicat NUPENG, qui représente les travailleurs occupés en sous-traitance dans le secteur pétrolier et gazier nigérian, a exhorté le PDG de Shell, Ben van Beurden, à commander une étude indépendante sur l’impact du recours à l’externalisation au Nigeria par la compagnie:
« Les travailleurs reçoivent le même salaire depuis 2014. Nous avons signé une nouvelle convention collective avec les fournisseurs de Shell l’année dernière, mais elle n’a jamais été appliquée. Les travailleurs du pétrole et du gaz travaillent durs au Nigeria. Les dividendes que vous gagnez sont souillés par les larmes des travailleurs nigérians ».
Le PDG de Shell a convenu d’étudier la question tout en déclarant que Shell n’a aucun contrôle sur la façon dont les fournisseurs paient ou négocient avec les travailleurs. Cependant, Van Beurden a admis que les sous-traitants de la compagnie doivent se conformer au code de conduite des fournisseurs de Shell, qui comprend le « respect de toutes les lois et réglementations en vigueur sur la liberté syndicale et la négociation collective ».
Joosje de Lang, membre de l’affilié néerlandais d’IndustriALL, FNV, a également lancé un appel au conseil d’administration de Shell, au nom des travailleurs de Shell membres de la FNV aux Pays-Bas. Il a appelé Shell à appliquer à tous ses travailleurs dans le monde les mêmes normes internationales en matière du droit du travail dont bénéficient les travailleurs aux Pays-Bas.
« Il est clair que les fournisseurs de Shell au Nigeria enfreignent le code de conduite des fournisseurs de Shell. Nous exhortons la compagnie à prendre des mesures pour s’assurer que leurs entreprises sous-traitantes respectent les droits fondamentaux du travail, conformément aux propres normes de Shell », a déclaré le Secrétaire général adjoint d’IndustriALL, Kemal Özkan. « Comme toujours, nous sommes ouverts au dialogue avec Shell pour contribuer au règlement de ces problèmes ».