25 mai, 2022La réforme du droit du travail au Mexique, entreprise à partir de 2019, ouvre la voie à des relations sociales authentiques, à la possibilité de créer de nouveaux syndicats démocratiques et améliore donc les bases de la liberté syndicale. La nouvelle convention collective signée entre le Syndicat national indépendant des travailleurs de l’automobile du Mexique (SINTTIA) et le géant américain de l’automobile General Motors le 10 mai en témoigne. Mais la route est encore longue.
Après 50 jours de négociations, le SINTTIA, affilié d’IndustriALL, a signé une convention collective avec GM le 10 mai dernier.
Cette nouvelle convention couvre tous les travailleurs et travailleuses de l’usine GM de Silao, offrant de meilleures conditions de travail et une amélioration substantielle des salaires et des avantages sociaux.
Parmi les principales réalisations :
- augmentation des salaires directs de 8,5%
- augmentation de la prime de productivité trimestrielle
- implication du syndicat dans divers aspects des conditions de travail, notamment la promotion, les sanctions, la santé et la sécurité.
- forum de discussion pour revoir les heures de travail, les quarts et les équipes, ainsi que la productivité.
- forum de discussion pour la mise en place d’un protocole de lutte contre la violence et le harcèlement sexuel.
María Alejandra Morales Reynoso, Secrétaire générale du SINTTIA, a déclaré :
“Par notre unité, nous avons obtenu des évolutions au niveau des conditions de travail et nous devons continuer à soutenir fermement cette convention. Nous avons besoin de la liberté syndicale et de la démocratie pour améliorer notre qualité de vie.”
Le nouveau droit du travail mexicain stipule que les travailleurs et travailleuses décident librement du syndicat auquel adhérer et des dirigeants qui les représentent, par un vote secret et direct. Avant la réforme de la loi, les travailleurs n’étaient de facto pas autorisés à choisir librement, car le vote se faisait à main levée, devant des syndicats à la solde des employeurs qui étaient du côté de l’entreprise et non des travailleurs.
En outre, il a été établi que les conventions collectives doivent faire l’objet d’une consultation des travailleurs, tant lors de l’établissement de la convention initiale que lors de la négociation collective qui a lieu tous les deux ans. Elle se fait également par un vote libre, personnel et secret, ce qui permet d’éliminer les contrats dits “de protection”, favorables à l’employeur.
En avril 2021, les travailleurs de l’usine GM de Silao ont documenté des irrégularités dans le vote visant à légitimer le contrat de protection collective signé par le syndicat affilié à la Confédération des travailleurs mexicains (CTM) et ont fait appel au Ministère du Travail et de la Sécurité sociale. Les mécanismes de réclamation ont fonctionné et, par conséquent, en août 2021, les travailleurs ont organisé un nouveau vote au cours duquel ils ont rejeté l’ancienne convention collective signée par un syndicat affilié à la CTM. Le rejet de la convention signifiait que des élections devaient être organisées pour élire un nouveau syndicat.
En février de cette année, le SINTTIA a remporté une victoire éclatante lors d’un scrutin secret et a depuis obtenu une représentation syndicale à l’usine GM.
À l’époque, le Secrétaire général d’IndustriALL, Atle Høie, avait déclaré qu’il s’agissait d’une victoire incroyablement importante et d’une preuve que la réforme du travail mise en œuvre par le gouvernement mexicain en 2019 peut effectivement avoir un effet positif pour les travailleurs et travailleuses, car elle leur offre une réelle chance de s’exprimer lors de scrutins libres et équitables.
“Nous espérons que d’autres s’inspireront de la lutte réussie du SINTTIA. IndustriALL et ses affiliés dans la région sont prêts à soutenir des initiatives similaires. Il y a encore plus de 80.000 conventions collectives existantes qui doivent être légitimées d’ici à mai 2023.“