18 décembre, 2020Dans tous les pays de l'Asie du Sud, la législation du travail subit des attaques incessantes qui sapent les droits des travailleurs, notamment la liberté syndicale et la négociation collective. Les affiliés d'IndustriALL de la région font appel à la solidarité nationale et internationale pour protéger les droits des travailleurs.
La pandémie de Covid-19 et les mesures de confinement ont durement frappé les travailleurs d'Asie du Sud. Partout dans la région, les mesures prises par les gouvernements pour lutter contre la crise ont amputé leurs salaires, les ont licenciés sans indemnités, ont enfreint la législation du travail, les ont privés de leurs moyens de subsistance et, très souvent, jetés cyniquement à la rue des travailleurs précaires sans espoir d'avenir.
Le webinaire régional organisé le 4 décembre par le bureau d'IndustriALL pour l'Asie du Sud a montré que, dans toute la région, les syndicats se battent bec et ongles pour défendre les droits des travailleurs. Deux membres du Comité exécutif d'IndustriALL participaient à cette réunion : Sanjay Vadhavkar, de la Fédération des travailleurs de la sidérurgie, la métallurgie et la construction mécanique d'Inde, et Anton Marcus, du Syndicat du personnel des zones franches et des services généraux du Sri Lanka.
L'Inde, le Pakistan, le Sri Lanka, le Bangladesh et le Népal ont connu des tentatives pour changer leurs législations du travail dans un sens négatif pour les travailleurs.
Sanjay Vadhavkar explique :
“En Inde, le gouvernement a apporté des changements à la législation sur le travail sans suivre la procédure parlementaire. Des amendements lourds de conséquences encouragent le travail précaire, limitent le recrutement des travailleurs permanents, affectent la négociation collective, éliminent pratiquement le droit de grève et rendent les travailleurs indiens plus vulnérables aux chocs sociaux et économiques causés par la pandémie. Ces changements à la législation du travail n'ont rien à voir avec l'attachement aux principes fondamentaux des droits des travailleurs professés par l'Inde dans les enceintes internationales.”
Anton Marcus ajoute :
“Les employeurs sri-lankais proposent de nombreux amendements hostiles aux travailleurs et aux travailleuses, qui allongent la durée du travail, changent les conditions de travail, permettent le licenciement unilatéral sans l'approbation des autorités et vont jusqu'à préconiser une suspension de la législation du travail.”
Les syndicats indiens et sri-lankais s'opposent avec véhémence à ces propositions hostiles aux travailleurs. En Inde, ils ont organisé des grèves et des actions de protestation d'ampleur nationale. Au Sri Lanka, les affiliés se sont battus pour obtenir le versement des salaires pendant le confinement. Mais le gouvernement et les employeurs continuent de réclamer des changements à la législation du travail. Ces deux dirigeants ont appelé les affiliés d'Asie du Sud à manifester leur solidarité et défendre les droits des travailleurs.
Les délégués des syndicats pakistanais ont exprimé leurs préoccupations devant les propositions demandant l'arrêt des inspections du travail, devant le manque d'application des législations sur le travail et ils ont souligné la nécessité d'intégrer progressivement les législations du travail de toutes les provinces et d'institutionnaliser le dialogue social au niveau national.
Les représentants des syndicats du Bangladesh ont souligné les pertes de droits que subissent les travailleurs, notamment dans le secteur de la confection. Les représentants des travailleurs dans les comités tripartites officiels traitant de la législation du travail sont souvent mis sur la touche, au détriment du dialogue social.
Kemal Özkan, le Secrétaire général d'IndustriALL, a déclaré :
“Nous assistons à une attaque de grande ampleur contre la démocratie et les institutions démocratiques. La Covid-19 est une catastrophe naturelle, mais la manière dont les gouvernements réagissent est le produit de leurs politiques. Des gouvernements, agissant en collusion avec les employeurs, tentent de démanteler tous les droits et la protection légale que les travailleurs ont obtenus. Les lois portant sur les salaires, la sécurité sociale, la santé et la sécurité au travail sont changées pour priver les travailleurs de leurs droits fondamentaux. IndustriALL Global Union veut mener une action stratégique avec d'autres fédérations syndicales mondiales pour soutenir les efforts des affiliés qui veulent renforcer l'unité et la solidarité et résister ensemble aux attaques contre les droits des travailleurs aux niveaux national, régional et international.”
Les affiliés d'Asie du Sud ont décidé de renforcer les communications interrégionales, d'arrêter des stratégies communes et de mener d'autres actions pour défendre les droits des travailleurs.