6 décembre, 2019Le Directeur en charge du développement durable à IndustriALL résume les points importants du quatrième jour de la COP25.
Le fait d’être le jeudi de la première semaine de la COP25 signifie que la plupart des documents techniques ont été présentés aux différents groupes de travail et que les négociations sérieuses commencent. Pour récapituler, la COP25 est importante du fait que les engagements quinquennaux initiaux pris dans le cadre de l'Accord de Paris seront examinés et renouvelés l'année prochaine. Nous voulons des emplois décents et ne pas être victimes de la transition. C'est pourquoi nous voulons que la Transition juste fasse partie intégrante du plus grand nombre possible des nouvelles Contributions déterminées au niveau national qui seront présentées à la COP26 qui aura lieu l'année prochaine.
IndustriALL insiste souvent sur l'importance du dialogue social. Pour que l'Accord de Paris soit couronné de succès, il importe que le dialogue social fasse partie du processus d'élaboration des politiques, et en particulier des Contributions déterminées au niveau national. Nous devons être assis à la table des négociations et non pas figurer seulement sur le menu. Les COP ont considérablement évolué vers des approches multilatérales de plus en plus favorables au dialogue avec les parties prenantes non étatiques. Cependant, pour que nous obtenions de bons résultats, nous, syndicats, devons être unis dans nos revendications. Nous voulons qu’aucun travailleur ne soit laissé pour compte dans les transformations à venir.
Réunion des présidents du SBSTA et du SBI :
J'ai eu l'occasion d'interroger directement les présidents de l'Organe subsidiaire de conseil scientifique et technologique (SBSTA) et de l'Organe subsidiaire de mise en œuvre (SBI). Au nom du mouvement syndical mondial, j'ai demandé des éclaircissements sur les engagements en faveur de la transition juste, et des droits de l'homme et des travailleurs. Le président du SBSTA a donné une réponse très encourageante laissant supposer qu'il comprenait l'importance de nos préoccupations et qu'il les considérait comme essentielles à l’obtention d’un bon résultat.
Mesures de riposte
J'ai également assisté à une réunion du groupe sur les mesures de riposte et à un événement parallèle sur la Transition juste. Si la manifestation parallèle a été encourageante, la réunion sur les mesures de riposte l'a moins été, semblant s’être empêtrée dans des détails sans importance et techniques, et être incapable d’aborder les questions fondamentales.
Captage du dioxyde de carbone
L’affilié à IndustriALL, la Fraternité internationale des chaudronniers, en partenariat avec l'International CCS Knowledge Center, a organisé une réunion informative très suivie où a été diffusé une vidéo sur le captage et le stockage du dioxyde de carbone.
Droits de l'homme
Parmi les autres informations, les jeunes des peuples autochtones ont réussi à gagner du terrain en matière d’intégration des droits de l'homme dans les discussions au titre de l'article 6, du moins à ce stade des débats. Il ne devrait pas être nécessaire de rappeler aux négociateurs l'importance des droits de l'homme. La CCNUCC étant un organe des Nations Unies, la prise en compte des droits de l'homme devrait aller de soi.
Annexe: Méli-mélo d’acronymes barbares et COP25
Oui, une annexe sur une entrée de blog. C’est inhabituel, sinon unique!
Suite à un de mes blogs, on m'a demandé de clarifier la relation entre la Transition juste, les mesures de riposte, les organes subsidiaires et d'autres travaux de la COP25.
La réponse courte est "c'est compliqué".
La COP25 est un réseau déroutant constitué de différents axes de travail, d'organes subsidiaires, de comités et de rapports gérés par de nombreuses organisations internationales et nationales possédant chacune un acronyme rarement écrit en totalité. Pire encore, la liste est différente chaque année ce qui rend le suivi difficile. Bon nombre de ces événements et rapports se déroulent simultanément ce qui signifie que les délégués doivent choisir très soigneusement où observer ou participer. Une partie des travaux se recoupent et certaines Parties à la Convention essaient d’intégrer leurs sujets de prédilection dans des discussions qui ne les concernent pas vraiment.
La transition juste, qui figure au préambule de l'Accord de Paris, peut légitimement être discutée à n’importe quel moment et n’importe où dans la COP, et c'est ce qui se passe. Cependant, cette question relève principalement et conjointement de deux organes subsidiaires : l'Organe subsidiaire de conseil scientifique et technologique (SBSTA) et l'Organe subsidiaire de mise en œuvre (SBI). Ce sont aux présidents de ces deux groupes à qui j'ai pu poser des questions aujourd'hui.
Sous la gouvernance générale du SBSTA et du ISB, l’axe de travail sur les mesures de riposte (ou Forum sur l’impact des mesures de riposte mises en œuvre) est un flux continu de discussions portant sur la diversification et la transformation économiques; la Transition juste et le travail décent; l’évaluation et l’analyse des impacts des mesures de riposte; et la facilitation de l'élaboration d'outils et de méthodologies d’évaluation des impacts des mesures de riposte.
Tandis qu’une partie des discussions sur ces mesures de riposte sont très positives, d’autres ont glissé vers une tentative des pays riches en ressources d’obtenir une indemnisation pour la perte potentielle d’une partie de leur marché pétrolier ou houiller. Heureusement, ce point de vue ne fait pas vraiment son chemin et nous le surveillons de près.
Cependant, la Transition juste est loin d'être discutée seulement dans les discussions sur les mesures de riposte.
L'article 6, que j'ai mentionné à plusieurs reprises dans les articles de blogs précédents, porte sur les mécanismes du marché, entendu principalement pour marchés de permis d'émission (ou mécanismes d'échange de droits d'émission). Cela concerne, d’une façon, les mesures de riposte. Néanmoins, l'article 6 dispose de son propre groupe de travail relevant de l'Organe subsidiaire de conseil scientifique et technologique. Toutefois, il a été suggéré d'utiliser les bénéfices générés par les marchés de permis d'émission pour financer des mesures de transition juste, ce qui pourrait réintroduire ces dernières dans les discussions sur les mesures de riposte.
Vous êtes encore confus?
Pour ceux qui tentent de déchiffrer les rapports sur ce qui se passe à la COP25, voici une liste de quelques-uns des acronymes et définitions les plus importants.
COP25
Pour commencer, la COP25 signifie en toutes lettres la 25e Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.
Atténuation
Dans le contexte du changement climatique, une intervention humaine pour réduire les sources d’émission ou accroître les puits de gaz à effet de serre. On peut citer parmi les exemples, l'utilisation plus efficace des combustibles fossiles au niveau des procédés industriels ou de la production d'électricité, le passage à l'énergie solaire ou éolienne, l'amélioration de l'isolation des bâtiments, l'expansion du couvert forestier et d'autres « puits » dans le but de séquestrer de plus grandes quantités de dioxyde de carbone de l'atmosphère.
BINGO ONG
Les organisations non gouvernementales liées au groupe des entreprises et de l'industrie.
CMA
La Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris. Tous les États parties à l'Accord de Paris sont représentés à la CMA, tandis que les États non parties y participent en tant qu'observateurs. La CMA surveille la mise en œuvre de l'Accord de Paris et prend des décisions visant à promouvoir son application effective.
CMP
La Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties au Protocole de Kyoto. Oui, il existe toujours.
Comité d'experts de Katowice sur les impacts des mesures de riposte mises en œuvre
Ce Comité a été créé à la COP24 pour établir un rapport destiné à servir aux discussions sur les mesures de riposte.
COP
La Conférence des Parties. L'organe suprême de la Convention. La COP se réunit une fois par an pour examiner les progrès de la Convention.
GIEC
Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat
Créé en 1988 par l'Organisation météorologique mondiale (OMM) et le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), le GIEC passe en revue la littérature scientifique et technique mondiale, et publie des rapports d'évaluation qui sont largement reconnus comme les sources d’informations existantes les plus crédibles sur les changements climatiques. Le GIEC travaille également sur les méthodologies et répond aux demandes spécifiques des organes subsidiaires de la Convention. Le GIEC est indépendant de la Convention.
Marché de droits d'émission de carbone
Une terminologie populaire (mais quelque peu trompeuse) utilisée pour désigner un système commercial par lequel les pays peuvent acheter ou vendre des unités d'émission de gaz à effet de serre dans le but de respecter leurs engagements nationaux. D'autres gaz à effet de serre sont assimilés à des « équivalents-dioxyde de carbone » en fonction de leur pouvoir relatif d'effet de serre. Il convient de noter qu'il n'existe pas encore de marché(s) de permis d'émission (ou mécanisme(s) d'échange de droits d'émission) dans le cadre de l'Accord de Paris, c'est pourquoi l'article 6 fait l'objet de discussions intenses.
MRV (note: pas d’acronyme en français)
Mesurable, notifiable et vérifiable. Un processus/concept qui favorise potentiellement une plus grande transparence du régime des mesures de lutte contre les changements climatiques, et essentiel à la crédibilité des contributions déterminées au niveau national (NDC).
NDC
Conformément au paragraphe 2 de l’article 4 de l'Accord de Paris, chaque Partie établit, communique et actualise les contributions déterminées au niveau national successives qu'elle prévoit de réaliser. Les parties prennent des mesures internes pour l'atténuation en vue de réaliser les objectifs desdites contributions.
OIG
Organisation intergouvernementale.
Organe subsidiaire
Un comité qui assiste la Conférence des Parties. Deux organes subsidiaires permanents sont établis par la Convention : l'Organe subsidiaire de mise en œuvre (SBI) et l'Organe subsidiaire de conseil scientifique et technologique (SBSTA). Des organes subsidiaires temporaires peuvent également être créées.
Organe subsidiaire de conseil scientifique et technologique (SBSTA)
Le SBSTA sert de passerelle entre les informations et les évaluations fournies par des sources d’information spécialisées (comme le GIEC) et la COP, qui porte sur l’élaboration des politiques.
Organe subsidiaire de mise en œuvre (SBI)
Le SBI addresse des recommandations sur les questions de politique générale et de mise en œuvre à la COP et, à la demande, à d'autres organes.
Organisations non gouvernementales (ONG)
Les organisations qui ne font pas partie d'une structure gouvernementale. Il s'agit notamment des groupes environnementaux, des instituts de recherche, des groupes d'entreprises et des associations de communautés urbaines et d’administrations locales. De nombreuses ONG assistent aux négociations sur le climat en tant qu'observateurs. Les ONG doivent être à but non lucratif pour recevoir leur accréditation leur permettant d’assister aux réunions au titre de la Convention.
Partie
Un État (ou une organisation d'intégration économique régionale comme l'Union européenne) qui accepte d'être lié par un traité et pour lequel le traité est entré en vigueur.
Pays les moins avancés (PMA)
Les pays les plus pauvres du monde. Les critères actuellement utilisés par le Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC) pour la désignation des pays en tant que PMA comprennent un faible revenu, le développement insuffisant du capital humain et la vulnérabilité économique. Actuellement, 48 pays sont classés parmi les PMA par l'Assemblée générale des Nations Unies.
Pertes et préjudices
Lors de la COP16 qui a eu lieu à Cancun en 2010, les gouvernements ont établi un programme de travail visant à examiner des approches pour faire face aux pertes et aux préjudices liés aux impacts des changements climatiques dans les pays en développement particulièrement vulnérables aux effets néfastes des changements climatiques.
Responsabilités communes mais différenciées
Il s'agit d'une expression de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques qui reconnaît que les pays industrialisés ont beaucoup plus contribué à la crise climatique actuelle que les pays en développement, et devraient donc assumer une plus large part de cette responsabilité.
Séquestration du carbone
Le procédé de captage (élimination) du carbone de l'atmosphère et du stockage dans un réservoir.
TUNGO
Les organisations non gouvernementales syndicales. Par exemple, IndustriALL Global Union, et la Confédération syndicale internationale (CSI), figurent parmi TUNGO.
Points importants de la première journée de la COP25
Points importants de la deuxième journée
Points importants de la troisième journée