25 mars, 2012Six militant(e)s au Zimbabwe ont été déclarés coupables d'incitation à la violence publique, le 19 mars, ce qui a provoqué un tollé de protestations des organisations du travail et de la société civile. Des appels ont été lancés aux niveaux régional et international pour l'abandon rapide des accusations portées contre les militant(e)s et pour s'orienter vers des pressions contre des hauts responsables du gouvernement avec une campagne de sms pour s'assurer de la condamnation la plus légère possible.
ZIMBABWE: Les six, Munyaradzi Gwisai, Tafadzwa Choto, Tatenda Mombeyarara, Edson Chakuma, Hopewell Gumbo and Welcome Zimuto, ont été condamnés, le 21 mars, à une amende et à 420 heures de service communautaire, le meilleur résultat possible compte tenu des circonstances.
Les militant(e)s, quatre d'entre eux travaillant comme militants syndicaux, avaient été arrêtés il y a un an avec 39 autres personnes, au Centre du travail du Zimbabwe, alors qu'ils discutaient du Printemps arabe et regardaient une séquence vidéo sur le soulèvement populaire en Égypte. Ce qui était simplement un débat politique académique a été présenté comme un complot pour renverser le gouvernement.
Les six ont tout d'abord été accusés de trahison, mais au cours du processus judiciaire, les accusations ont été réduites, et les 39 autres personnes ont été déclarées non coupables. Dans sa décision, le juge Kudya a dit que les procureurs de l'État n'avaient pas réussi à apporter la preuve que les militant(e)s constituaient une menace pour la sécurité du Zimbabwe. Il a également ajouté: "Je ne vois pas la moindre preuve qu'un citoyen du Zimbabwe aurait envisagé une révolution de style tunisien ou égyptien".
Les six militant(e)s sont restés en prison jusqu'à leur libération sous caution, accordée un mois après leur arrestation. Les six, qui ont été soumis à une torture physique et mentale, ont porté des accusations contre des responsables du gouvernement pour le temps passé aux mains des agents de la sécurité de l'État. Les six n'ont pas eu accès à des médicaments et à un traitement médical. Les conditions ont été particulièrement dures pour la seule femme parmi les six, Tafadzwa Choto, dont la santé n'est pas bonne et qui a besoin d'une attention médicale constante après trois opérations du cerveau.
Les secrétaires généraux de la FIOM, de l'ICEM et de la FITTHC ont envoyé une lettre conjointe au gouvernement du Zimbabwe dans laquelle ils affirment que l'arrestation, la torture et la poursuite en justice de ces six militant(e)s sont inconstitutionnelles dans leur pays et constituent une infraction à la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples, au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, et à la Déclaration universelle des droits de l'homme.
La lettre précise: "Nous sommes surpris de constater que ces six militant(e)s ont été traité comme des criminels pour avoir exercé pacifiquement leur droit à la liberté d'expression, et nous demandons à votre gouvernement de leur accorder un pardon sans condition. De même, nous demandons instamment à votre gouvernement de relâcher tous les prisonniers politiques et d'abandonner les chefs d'accusation contre ceux qui sont en attente de jugement. Nous demandons que votre gouvernement prenne toutes les mesures nécessaires pour garantir le respect des droits et des libertés de tous les citoyens et citoyennes du Zimbabwe, conformément aux normes internationales sur les droits de la personne".
La condamnation criminalise le militantisme et donne au gouvernement du Zimbabwe le feu vert pour persécuter et réduire au silence les militants et militantes. Elle sert également à réprimer et intimider encore davantage les gens ordinaires, elle provoque la peur et un désengagement politique et citoyen avant les élections nationales prévues en 2013, que le gouvernement du Zimbabwe souhaiterait avancer d'un an.