16 novembre, 2009Les affiliés de la FIOM d'Asie, d'Europe et d'Amérique latine, réunis à Bangkok, Thaïlande, ont trouvé des points communs dans l'expérience acquise par les migrants des différents continents pour s'entendre sur des stratégies visant à syndiquer les migrants et protéger leurs droits.
THAÏLANDE: Une conférence de la FIOM sur les 'migrants comme travailleurs/euses précaires' qui s'est tenue à Bangkok a examiné la situation des migrants dans l'industrie métallurgique dans le but de développer des stratégies syndicales permettant d'améliorer leurs droits. Les participant(e)s des trois continents ont approuvé les conclusions générales de l'enquête de la FIOM effectuée cette année, selon lesquelles les migrants sont les plus susceptibles de se retrouver dans des emplois précaires moins bien rémunérés que ceux des travailleurs/euses de la région, et de faire face à des obstacles pour bénéficier de leurs droits, notamment le droit de se syndiquer.
Il y a eu consensus explicite sur l'obstacle principal à la syndicalisation des migrants, à savoir la crainte exprimée par ces travailleurs/euses pour adhérer à un syndicat. Les personnes qui ont pris la parole ont raconté les unes après les autres la même histoire, celle de migrants qui perdent leur emploi, et sont même expulsés pour avoir tenté d'exercer leurs droits. Les migrants sans papiers font face à une situation encore plus grave, et sont obligés dans les faits d'accepter le salaire et les conditions imposés par l'employeur pour éviter un renvoi immédiat et le risque très grand d'être expulsés.
En Thaïlande, les migrants venus de Birmanie et du Cambodge ont peur de prendre contact avec un syndicat, qu'ils perçoivent comme lié aux autorités. Il est essentiel pour pouvoir les syndiquer de trouver le moyen d'approcher ces travailleurs/euses pour les convaincre que les syndicats sont là pour les aider et qu'il est très important de se syndiquer. Les syndicats coréens ont obtenu d'assez bons résultats pour syndiquer les migrants et ont trouvé que cela a amené une diminution de la discrimination et de meilleures conditions de travail pour les migrants dans les usines où ils sont syndiqués. De même en Malaisie, les salaires des migrants sont raisonnables quand il y a un syndicat, mais la plupart des migrants travaillent dans des secteurs sans présence syndicale.
Les changements apportés récemment à la législation australienne ont considérablement amélioré les conditions des migrants occupant un emploi temporaire. Maintenant, les employeurs qui veulent faire venir des travailleurs/euses de l'étranger doivent d'abord prendre contact avec le syndicat concerné. L'AMWU a syndiqué de nombreux migrants et les aide à obtenir un statut de résident permanent.
Une enquête exhaustive réalisée par les affiliés italiens sur la situation des travailleurs/euses dans l'industrie métallurgique a fourni une mine d'informations sur les migrants. Par exemple, leur niveau d'éducation est plus élevé que celui des travailleurs italiens, mais ils sont concentrés dans les classifications les moins bien rémunérées. Ils sont plus susceptibles d'occuper des emplois précaires où ils éprouvent le plus grand risque d'être expulsés depuis que le statut de résident est lié, en Italie, au contrat de travail. Un système législatif rigoureux oblige un nombre croissant de migrants à être en situation irrégulière, ce qui les expose à la détention et la déportation. Un parallèle peut être établi entre la législation et les mesures prises par les gouvernements d'Italie et de Corée du Sud.
Les affiliés ont convenu d'une série de mesures d'ordre pratique pour assurer une coopération entre les syndicats aux niveaux national et international dans le but d'améliorer les droits des migrants. Ces mesures portent notamment sur les points suivants:
- Développement de réseaux permettant d'informer les migrants sur leurs droits et de donner des exemples de dispositions sur la migration inclues dans les conventions collectives
- Assistance offerte aux syndicats d'autres pays avec la traduction des documents concernant les migrants
- Renforcement de la coopération et des échanges information entre les syndicats des pays d'émigration et des pays d'accueil, notamment le placement des organisateurs dans le pays d'accueil
- Coopération pour des campagnes destinées à mettre fin aux restrictions au droit des migrants de se syndiquer
- Lutte contre le racisme et la xénophobie, et mise en valeur de la contribution positive des migrants dans la société
- Coopération avec d'autres groupes qui soutiennent les migrants, par exemple des ONG et des groupes communautaires.
Cliquer ici pour obtenir la liste complète des mesures prises à la réunion, en anglais seulement.
Les exposés faits à la réunion sont publiés sur le site de la FIOM, uniquement dans la langue originale.