18 décembre, 2010Après avoir mis fin à un mois de grève sur le tas, les travailleurs et travailleuses en sous-traitance chez Hyundai en Corée ont repris le travail et engagé des négociations avec l'entreprise. Leurs revendications sur la reconnaissance des droits syndicaux et l'obtention du statut de salariés permanents, conformément à la décision de la Cour suprême, sont au cœur du conflit.
CORÉE: La première série de négociations entre le syndicat coréen des métallurgistes (Korean Metal Workers' Union - KMWU) et Hyundai Motor a eu lieu le 14 décembre, à la suite de la décision prise par les titulaires d'un emploi non régulier de mettre fin à un mois de grève sur le tas le 9 décembre et d'engager des négociations avec l'entreprise.
Les travailleurs et travailleuses employés en sous-traitance interne dans l'usine de Hyundai Motor à Ulsan avaient déclenché une grève sur le tas le 15 novembre en raison de l'arrêt du contrat qui liait le sous-traitant interne Dongsung Industries à l'entreprise. Bénéficiant du soutien de travailleurs et travailleuses précaires d'autres usines Hyundai qui avaient déclenché une grève de solidarité, trois revendications principales conformes à la décision prise par la Cour suprême le 22 juillet ont été présentées. Elles stipulent:
- que Hyundai Motor applique la décision de la Cour suprême et transforme le statut des travailleurs et travailleuses employés indirectement en sous-traitance dans les usines Hyundai pour en faire des emplois permanents, réguliers, avec une embauche directe et le paiement rétroactif des arriérés de salaire;
- qu'après régularisation des emplois précaires, Hyundai Motor prenne des mesures appropriées pour obtenir un accord avec le syndicat afin que les membres du syndicat obtiennent réparation pour les brimades subies, en soulevant la question des détachements illégaux de personnel (annulation des licenciements, transferts forcés, réductions de salaire, permettre au syndicaliste décédé RYU, Ki-hyeok, de reposer en paix); et
- que Hyundai Motor Company présente des excuses publiques aux travailleurs et travailleuses précaires des usines de Ulsan, Asan et Jeonju, ainsi qu'à la population coréenne, en promettant de ne plus utiliser des formes illégales d'emploi précaire.
Les travailleurs et travailleuses avaient perdu leur emploi en raison de l'arrêt, le 14 octobre, du contrat qui liait le sous-traitant à Hyundai Motor, ce qui a entraîné le licenciement du personnel le 12 novembre. Hyundai Motor insistait sur le fait que ces travailleurs et travailleuses pourraient seulement être réembauchés par la nouvelle entreprise sous-traitante que s'ils renonçaient à leur adhésion au KMWU.
On estime que la grève a coûté 315 milliards de won à Hyundai (277 millions d'USD) en pertes de production, et a provoqué le niveau de vente le plus mauvais en novembre parmi les constructeurs automobiles coréens.
Le KMWU a présenté quatre revendications à la suite de la grève:
- renoncer aux actions pénales et civiles contre les grévistes et convenir des frais d'hospitalisation des grévistes qui ont été blessés (environ 120 personnes ont été blessées avec par exemple des côtes enfoncées lors des attaques d'hommes de main);
- garantir un emploi aux travailleurs et travailleuses en sous-traitance qui ont fait grève aux usines de Ulsan, Jeonju et Asan;
- garantir la sécurité des dirigeants de la grève; et
- accepter un cadre de négociation pour la régularisation des travailleurs et travailleuses victimes d'une affectation illégale déguisée en sous-traitance.
Au cours de la première série de négociations, la direction nationale du KMWU, la direction de la section syndicale locale de Hyundai et la direction de la section syndicale représentant les personnes occupant un emploi non régulier, ont accepté avec le directeur général de Hyundai Motor et un représentant de tous les sous-traitants de Hyundai, un calendrier de négociation d'une réunion par semaine, la prochaine réunion ayant lieu le 20 décembre 2010.
Le gouvernement coréen a décerné des mandats d'amener contre 16 dirigeants syndicaux de l'usine de Ulsan et 5 dirigeants syndicaux de l'usine de Jeonju en raison de leur position durant la grève. Les dirigeants syndicaux ont dressé une tente de protestation à l'intérieur des murs de l'entreprise près du bureau de la section syndicale du KMWU car l'une des conditions préalables à la négociation concerne l'accord passé avec Hyundai Motor qui garantit la sécurité sur les lieux de l'entreprise des dirigeants syndicaux recherchés.
Les mandats d'amener résultent des accusations portées par Hyundai Motor contre les grévistes, et selon certains renseignements, l'entreprise aurait porté lundi de nouvelles accusations contre des dirigeants de la grève lors de l'action revendicative à l'usine d'Asan.
Le 16 décembre, la Haute Cour de Séoul a tenu sa première audience sur cette affaire. Il s'agissait de déterminer si, en dépit de leur affectation illégale, les travailleurs et travailleuses devaient être considérés comme étant directement employés par Hyundai après avoir occupé leur emploi dans l'usine pendant plus de deux années consécutives. Après quoi l'affaire a été renvoyée au tribunal à la suite de la décision prise en juillet 2010 par la Cour suprême. Le KMWU prévoit que la Haute Cour rendra une décision finale en janvier sur cette affaire.
Dans le même temps, des manifestations silencieuses à la lueur de bougies et autres formes de protestation contre l'entreprise se poursuivent alors que les travailleurs et travailleuses précaires continuent de lutter pour obtenir leur reconnaissance en tant que main-d'œuvre permanente de Hyundai Motor détentrice de droits syndicaux.
La Fédération internationale des organisations de travailleurs de la métallurgie surveille de près la situation et appuie les actions des syndicats affiliés visant à apporter un soutien solidaire, comme c'est le cas avec la protestation de l'UAW organisée le 6 décembre devant le Centre technique Hyundai-Kia America à Detroit.