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La répression des manifestations se solde par 19 morts au Malawi

28 juillet, 2011La Fédération internationale des organisations de travailleurs de la métallurgie condamne le déchaînement de la violence dont le gouvernement du Malawi porte la responsabilité, qui a provoqué la mort de 19 personnes et des dizaines de blessés au cours des manifestations de la société civile.

MALAWI: Les manifestations organisées le 20 juillet par la société civile dans tout le pays ont dégénéré en deux journées d'émeutes à la suite de la tentative du gouvernement du Malawi d'empêcher qu'elles aient lieu. Selon le rapport d'un haut dirigeant du Congrès des syndicats du Malawi (MCTU), l'annonce qu'une ordonnance interdisant les manifestations avait été obtenue par le gouvernement était diffusée à la radio dès le matin du 20 juillet, bien que cette ordonnance soit annulée par la justice le jour même à l'heure du déjeuner. Les gens qui s'étaient rassemblés pour manifester étaient refoulés par des tirs de gaz lacrymogène et à balles réelles de la police pour disperser manifestants et manifestantes à Lilongwe, Blantyre et Mzuzu. La colère qui montait à la suite de la répression brutale des manifestations s'est transformée en deux journées d'émeute.

Le régime du président Bingu wa Mutharika est à l'origine du mécontentement de plus en plus grand au Malawi. La société civile a critiqué les lois qui ont été adoptées pour limiter la liberté de la presse, restreindre les procès intentés au gouvernement et les libertés civiques. Le mécontentement des masses populaires se développe avec la dégradation des conditions économiques qui se traduit par une aggravation de la pénurie de carburants et une détérioration du marché des changes.

Le dirigeant du MCTU explique que les travailleurs et travailleuses ont été durement touchés par la crise économique. La pénurie de devises est telle que les entreprises ne peuvent pas faire venir des matières premières et des pièces détachées, ce qui entraîne des pertes d'emploi. Les pénuries et le prix élevé au marché noir des carburants et des devises, de même que le coût des transports, ont amené des prix prohibitifs, ce qui fait que les produits de base sont devenus inabordables.

La situation dans le pays a empiré depuis l'expulsion par le Malawi du haut commissaire britannique Fergus Cochrane-Dyet, en avril 2011, à la suite de la divulgation d'un télégramme diplomatique britannique qui décrivait le président Mutharika comme étant "devenu encore plus autocratique et ne supportant pas la critique". En réponse, le Royaume-Uni a expulsé le haut-commissaire du Malawi et suspendu une aide de 550 millions d'USD pour les 4 années à venir.

Le Royaume-Uni avait déjà réduit son aide au Malawi pour protester contre l'acquisition par le gouvernement d'un avion à réaction luxueux exclusivement réservé au président. D'autres pays donateurs ont également différé leur aide en raison de l'inquiétude de plus en plus grandes causée par les lois répressives et la mauvaise gestion des finances. Le Malawi est l'un des pays les plus pauvres au monde où plus de 70 pour cent de la population vit avec moins d'un dollar par jour et où des millions de gens souffrent des conséquences de l'aggravation des relations avec les donateurs. Le Malawi dépend fortement de l'aide étrangère, les donateurs assurant 40 pour cent du financement du budget de l'État. De ce fait, la désaffection des donateurs qui s'ajoute aux difficultés économiques intensifie la crise sur le marché des changes.

La main-d'œuvre syndiquée qui s'était rassemblée avec environ 80 autres organisations de la société civile pour organiser les défilés protestataires le 20 juillet dans des villes du Malawi, était décidée à manifester dans le calme et le respect des engagements constitutionnels. Malgré la répression policière brutale, les manifestants et manifestantes ont présenté leurs revendications aux commissaires de district en demandant au président d'apporter une réponse à ces revendications pour le 16 août 2011, faute de quoi ils/elles retourneraient dans les rues.

Beaucoup de dirigeants locaux de la société civile, notamment des dirigeants syndicaux, vivent maintenant cachés en craignant pour leur vie après avoir reçu des menaces. Les protestations destinées à rappeler au président qu'il avait été élu par la population et était de ce fait responsable de ses actes devant elle a montré que Mutharika ne consent pas à tenir compte de l'appel qui lui est adressé. Le lendemain des manifestations, Mutharika a reconnu la nécessité d'un dialogue avec la société civile, mais il semble aujourd'hui peu disposé à s'engager dans ce sens et a depuis blâmé la société civile pour les émeutes et les morts, en renforçant ainsi sa position dictatoriale et en menaçant de réprimer toute nouvelle protestation contre son régime.