6 juin, 2012Pour la première fois dans l'histoire de l'Organisation internationale du Travail, le groupe des employeurs a bloqué, le 4 juin, la discussion sur les pires cas d'infractions aux droits des travailleurs et travailleuses à la Conférence annuelle de l'OIT à Genève.
MONDE: Depuis 1926, la Conférence internationale du Travail (CIT) a examiné les cas les plus graves, spécifiés notamment dans le rapport annuel du Commission d'experts de l'OIT de 17 membres, composée de juristes internationaux, éminents et indépendants. Lors de la session de cette année, l'Organisation internationale des employeurs (OIE) a refusé toute discussion sur ces cas.
Jyrki Raina, secrétaire général de la Fédération internationale des organisations de travailleurs de la métallurgie (FIOM), a déclaré: "Par une attitude qui n'est rien de moins qu'une véritable embuscade politique, le groupe des employeurs a réussi à fermer la Commission de l'application des normes, fragilisant ainsi un important mécanisme de contrôle des conventions ratifiées, et remettant en question l'avenir de la coopération tripartite."
La Commission de l'application des normes est un organe permanent de la CIT qui se réunit chaque année pour examiner des cas spécifiques identifiés par les travailleurs et les employeurs dans l'application des conventions de l'OIT. Une liste de 25 cas prioritaires identifiés par le groupe des travailleurs, en consultation avec les syndicats et les centrales nationales, devait être examinée avec le groupe des employeurs, qui a maintenant bloqué toute discussion.
Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI, a déclaré: "Les employeurs tentent de cacher les pires abus à l'OIT, d'éviter un examen approfondi au plan international qui pourrait aider à sauver des vies, et d'examiner certaines attaques les plus scandaleuses contre les droits des travailleurs et travailleuses. L'année dernière, 29 syndicalistes ont été assassinés en Colombie, mais les employeurs ne pensent pas que l'OIT devrait même en parler, sans compter la terrible campagne de violence contre des syndicalistes au Guatemala ou au Swaziland. Les Égyptiens mènent actuellement une bataille pour défendre leurs droits les plus élémentaires pour un travail décent, mais les employeurs paraissent faire cause commune avec les militaires et les forces intégristes qui, dans les deux cas, veulent empêcher les travailleurs et travailleuses à faire entendre leur voix.
"L'OIT a été établie sur la base de la justice sociale et du respect de la primauté du droit en faveur des travailleurs et travailleuses. Les juristes mondiaux les plus éminents en matière de droit du travail ont présenté leurs conclusions à la Conférence de l'OIT, mais l'OIE refuse de permettre l'examen de ces conclusions", a encore dit Sharan Burrow.
"Le groupe des employeurs tente de fragiliser l'un des mécanismes les plus efficaces de défense des droits de la personne dans le système international. Cela pourrait aider certaines de leurs entreprises membres, parmi les moins responsables, à réaliser plus de profits, et à soutenir des gouvernements qui permettent ou même encouragent les actes de violence contre les travailleurs et travailleuses, mais au prix de la vie et des moyens d'existence des travailleurs et travailleuses les plus vulnérables au monde", a ajouté Burrow.