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Une action contre le travail contractuel et intérimaire s'impose alors que les affiliés africains

16 novembre, 2009

Dans le cadre d'un projet sur le travail contractuel et intérimaire en Afrique subsaharienne financé par le syndicat finlandais SASK, l'ICEM a organisé une réunion régionale sur le thème du travail précaire les 2-3 novembre au Togo à l'intention de syndicalistes de neuf pays africains. Le but de cette conférence était d'évaluer et de discuter de l'impact qu'a la campagne de l'ICEM sur les problèmes que rencontrent des millions de travailleurs occasionnels dans la région.

Celle-ci n'échappe pas à la règle et ces travailleurs sont en butte à de nombreuses difficultés. Il s'agit en grande partie de femmes et de jeunes. En règle générale, les travailleurs intérimaires, temporaires et externalisés sont défavorisés sur plusieurs plans, dont les salaires, la santé et la sécurité, et ne bénéficient pas de prestations telles que la formation professionnelle, ni de la protection de l'emploi ou de leurs droits syndicaux.

Dans l'industrie minière en particulier, avec des exemples venant de Guinée, de Namibie, de Sierra Léone, d'Afrique du Sud et du Togo, leurs problèmes apparaissent endémiques et choquants. Mais les intervenants ont aussi parlé des difficultés rencontrées dans d'autres secteurs, y compris le pétrole et le gaz, le ciment et les produits chimiques. Les participants ont constaté un lien évident entre les problèmes croissants des travailleurs contractuels et intérimaires et la hausse des investissements des firmes chinoises sur le continent.

Les participants ont aussi entendu la relation de plusieurs victoires remportées contre les pires abus du travail précaire. À titre d'exemple, plusieurs syndicats ont réussi à organiser des travailleurs contractuels et intérimaires en Guinée, à Maurice, au Sénégal et en Sierra Leone; des exemples qui devraient faire école et dans lesquels les travailleurs ont rejoint par centaines les rangs des syndicats.

Au Sénégal, Sutids est un syndicat qui a obtenu que les contrats individuels de centaines de travailleurs soient convertis en contrats assurant un emploi permanent. Ce thème de campagne avait été adopté par le syndicat dans le cadre du projet de séminaire national de l'ICEM.

Au Nigeria, nos affiliés du pétrole et du gaz NUPENG et PENGASSAN disent représenter maintenant 60% de l'ensemble des travailleurs contractuels et intérimaires, mais reconnaissent toutefois que leurs conditions de travail sont toujours bien inférieures à celles des travailleurs employés directement ou de manière permanente.

Les actions menées par les affiliés de l'ICEM d'Afrique subsaharienne ne se limitent pas à l'organisation et à la négociation collective. Plusieurs se sont aussi tournés vers leurs gouvernements pour réclamer des changements législatifs. Ainsi, en Afrique du Sud où cette question est devenue une grande priorité politique (voir l'article La disparition des courtiers de main-d’œuvre, cliquez ici), les courtiers de main-d’œuvre gardent pour eux entre 50 et 60% des sommes qu'ils facturent aux entreprises au titre d'"honoraires" et qu'ils prélèvent directement dans la poche des travailleurs.

Il semble que, pour de nombreux courtiers, avoir un bureau signifie avoir un ordinateur portable et une voiture. En Namibie, la loi interdit déjà le courtage de main-d’œuvre et en Sierra Leone, le gouvernement a accepté de revoir la législation du travail après une campagne menée par l'United Mineworkers' Union (UMU). Ce réexamen vise à supprimer les abus de cette pratique et est le fruit d'un plan national adopté lors d'un séminaire de l'ICEM sur le travail contractuel et intérimaire.

En Guinée, le gouvernement a décidé d'entamer une procédure d'examen de tous les contrats dans l'industrie minière après le séminaire que l'ICEM y a organisé au printemps dernier. Le ministre guinéen du Travail a aussi commencé à mettre en application l'interdiction dans son pays des sociétés sous-traitantes factices qui appartiennent parfois à des cadres de l'employeur principal, au directeur des ressources humaines par exemple. Une victoire (voir La Guinée expulse le directeur d'une mine russe, cliquez ici) a été obtenue récemment bien que la situation politique du pays soit très risquée.

Les syndicats revoient aussi leurs règlements intérieurs et leurs structures afin d'attirer plus de travailleurs précaires dans leurs rangs. À Maurice, par exemple, Sindicatravayer leur propose de s'affilier pour la somme symbolique d'une roupie (au lieu de 50). Le syndicat a élargi les conventions collectives en vigueur pour inclure les travailleurs contractuels et intérimaires. Il a aussi obtenu dans certains secteurs un jour de salaire en plus par mois pour les temporaires. Cet argent est versé à un fonds et le syndicat s'assure que ces travailleurs reçoivent eux aussi une indemnité de licenciement à la fin de leur contrat.

Au Sénégal, Sutids vient en aide aux travailleurs précaires en leur facilitant l'accès aux soins médicaux et à l'assistance juridique.

Les choses ont beaucoup progressé dans la région de l'Afrique subsaharienne de l'ICEM, mais il reste énormément à faire et, malheureusement, les progrès réalisés sont eux aussi précaires dans certains cas.

Les travailleurs de Maurice ont un nouveau problème de "précarité" différent après que le gouvernement ait décidé, en février 2009, de changer la législation du travail faisant de pratiquement tous les travailleurs des "contractuels". La nouvelle législation supprime l'obligation de verser des indemnités de licenciement. Par ailleurs, elle permet de licencier n'importe quel travailleur à tout moment sans motif valable.

De nombreux participants au séminaire ICEM-SASK organisé au Togo ont signalé que les activités qui ont rencontré le plus de succès dans leurs pays respectifs ont démarré après des séminaires de projets de l'ICEM et en sont le résultat.

 Joseph Toe

La personne qui a le plus contribué est le Coordinateur des projets de l'ICEM, Joseph Toe, qui, lorsqu'il organise des séminaires sur le travail contractuel et intérimaire pour les affiliés de l'ICEM, s'arrange toujours pour obtenir la présence du ministre du Travail du pays ou d'un représentant de haut rang de ses services.

Ce fut le cas lors du séminaire régional des 2-3 novembre qui a été ouvert par le ministre du Travail du Togo, M. Broohm Octave Nicoue. Le succès de ces démarches de Joseph Toe a amélioré l'accès à l'échelon politique et, si on y ajoute la participation de personnalités politiques, cela explique plusieurs succès remportés dans la région.