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Rencontre avec Christina Olivier, Vice Présidente de la NUMSA (Afrique du Sud)

19 juin, 2011

Pourquoi la NUMSA a t elle décidé de faire du CAL une priorité ?

Le travail en sous-traitance et intérim est un des gros défis posés aux syndicats. Le pourcentage de ce type d’emploi s’est accru. C’est pourquoi la NUMSA a exigé du gouvernement qu’il interdise les courtiers dans ce domaine. Les travailleurs sont très exploités : parce qu’ils ne sont pas salariés de l’employeur primaire, ils reçoivent moins d’avantages. Ils peuvent être facilement licenciés, on dit juste au courtier de ne plus amener tel ou tel travailleur.

Dans le secteur de l’ingénierie, les courtiers sont réglementés, mais il y a de nombreuses failles. Il n’existe pas de système de contrôle digne de ce nom qui permette de s’assurer que les droits sont respectés.
Dans le secteur de l’automobile, nos revendications ont été satisfaites. Il a été acquis que le recours aux courtiers sera progressivement éliminé jusqu’à disparition. Les travailleurs qui étaient recrutés par l’entremise de courtiers doivent devenir permanents. Bien que les travailleurs en aient besoin, les employeurs ne veulent pas assumer les frais médicaux ni les frais de transport. Dans le secteur de l’ingénierie, les employeurs ont rejeté nos revendications. Dans l’ensemble des secteurs, il y a de plus en plus de travailleurs employés par des courtiers.

Est-ce que les travailleurs permanents et ceux employés par des courtiers ont des salaires différents ? Cela crée-t-il des tensions ?

Cette question divise les travailleurs. Je travaille à tes côtés, mais pas aux mêmes conditions. Pourquoi devrais-je te soutenir ? Si je gagne $US50 et toi $US40 en faisant le même travail, c’est de l’inégalité. L’Afrique du Sud est perçue comme le pays avec le plus d’inégalités dans le monde. Les travailleurs recrutés par l’intermédiaire des courtiers sont au salaire minimum de l’industrie.

Quels sont les défis pour syndiquer les travailleurs des courtiers? Avez-vous eu des succès à cet égard ?cesses?

Dans de nombreuses entreprises où nous sommes présents, nous syndiquons les travailleurs des courtiers. A certains endroits, les syndicats ne sont pas assez forts et les travailleurs ont peur. Les travailleurs des courtiers sont faciles à licencier. Souvent, il suffit au courtier de dire : « ne revient pas. »

Chez ITRON, une entreprise qui fabrique des compteurs électriques à prépaiement, 100% des travailleurs sont syndiqués. Il y a une tradition de relations sociales. Il est possible de s’adresser à l’employeur primaire si les conditions ne sont pas aux normes.

Enfin, il reste la Constitution. Le droit constitutionnel existe pour tout travailler d’être associé à l’organisation de son choix. Nous pouvons user de la constitution pour combattre les courtiers, mais pour ça le syndicat doit être fort.

Les travailleurs des cantines et du nettoyage sont souvent externalisés. On constate que ces travailleurs appartiennent à d’autres syndicats.

Quelles sont les principales préoccupations et priorités pour les travailleurs qui dépendent des courtiers ?

Dans certaines entreprises, les travailleurs permanents ont droit aux soins de santé, ce dont sont privés les travailleurs des courtiers. Les soins de santé ne sont pas obligatoires. Les travailleurs des courtiers n’ont pas de sécurité d’emploi. Ils ne peuvent pas se projeter dans l’avenir. Ils vivent au jour le jour. Il n’y a jamais de stabilité dans leur vie. Les salaires sont différents, les travailleurs des courtiers recevant généralement le salaire minimum fixé pour l’industrie. En tant que travailleur de courtier, vous êtes limité en termes de formation et de perspectives.

Dans le secteur automobile, au moment de négocier nous examinons ce que nous pouvons revendiquer qui réponde aux défis. Cela pourra prendre un an ou deux pour éradiquer complément les courtiers de cette industrie mais au moins nous avons déjà cet accord. Les travailleurs savent que le syndicat leur apportera un soutien juridique.

Il y a deux processus en parallèle. Nous continuons à exiger la mise au ban des courtiers mais dans le même temps nous syndiquons leurs travailleurs. Le nombre de travailleurs permanents a chuté de façon spectaculaire. Dans le secteur de l’ingénierie, les travailleurs qui ont perdu leur emploi ont priorité pour une réembauche, mais ça se fait par l’intermédiaire de courtiers ; il y a de nombreuses failles.

Un argument contre le recours aux courtiers est que c’est une forme d’esclavage moderne. C’est la pire forme d’exploitation. Ces travailleurs sont vulnérables, mais les syndicats peuvent se battre pour leurs droits. Davantage de femmes sont employées par des courtiers.