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Rapport sur les traitements abusifs infligés aux travailleurs intérimaires au Royaume-Uni

13 mai, 2010

La Commission britannique pour l’Egalité et les Droits de l’Homme a publié récemment les résultats accablants d’une enquête sur le recrutement et le traitement des travailleurs intérimaires dans le secteur de la transformation de la viande et de la volaille en Angleterre et au Pays de Galle.

Bien que l’enquête se soit focalisée exclusivement sur l’industrie de la viande et de la volaille, il a été estimé que « … la Commission n’a aucune preuve pour suggérer que les pratiques dans la chaîne d’approvisionnement du secteur de la transformation de la viande et de la volaille soit plus défavorables aux travailleurs que dans tout autre secteur qui fait appel de manière significative à de la main d’œuvre migrante intérimaire et à bas salaire. »

La Commission a trouvé des indices de mauvais traitement de travailleurs intérimaires, particulièrement parmi ceux qui sont migrants ou celles qui sont enceintes, à la fois de la part des agences et de la part des entreprises utilisatrices. En particulier, la Commission a trouvé des preuves de pratiques qui contreviennent à des dispositions légales, à des normes d’éthique commerciale et à des droits humains fondamentaux. D’autres types de traitements ont été décrits comme étant « un affront à la dignité. »

Un tiers des agences ont déclaré aux enquêteurs qu’elles avait agi de manière illégale en recrutant des travailleurs de telle ou telle nationalité, en donnant la préférence à des candidats ayant des nationalités particulières qu’elles estimaient avoir la préférence des entreprises utilisatrices, ou en pratiquant une discrimination à l’égard de certaines nationalités à la demande expresse de la firme utilisatrice.

Alors que la flexibilité est souvent citée par le secteur de l’intérim comme étant un avantage, seuls deux travailleurs ont décrit la flexibilité comme étant un aspect positif sur travail intérimaire. Pratiquement tous les travailleurs ont dit qu’ils préféraient le travail permanent en raison de la sécurité et des droits qu’il offre. Les travailleurs intérimaires déclarent percevoir des salaires inférieurs, être affectés aux plus mauvais postes et traités comme des sous-fifres. Aucune des personnes interrogées ne pensait que les travailleurs intérimaires étaient mieux traités que leurs équivalents permanents.

Les travailleurs ont rapporté s’être vu refuser une pause toilette et avoir à endurer des abus physiques et verbaux. Des préoccupations ayant trait à la santé et sécurité ont été soulevées par plus de la moitié des personnes interrogées et nombre parmi elles ont exprimé la plainte que leur équipement de protection individuel soit de mauvaise qualité, mal adapté, partagé avec d’autres travailleurs ou absent purement et simplement.

La Commission a conclu que les abus étaient moins fréquents dans les usines syndiquées et à déclaré que « sur les sites où les syndicats sont reconnus ou ont une forte présence, il a été constaté qu’un niveau significatif de protection pour les travailleurs était présent. » Cependant, certains travailleurs ont rapporté que leur droit à la Liberté d’Association avait été restreint et ont cité des exemples où l’hostilité des entreprises à l’égard d’activités syndicales décourageait les gens de rejoindre un syndicat par peur de représailles.

Le rapport se conclu par une série de recommandations aux organes clés du secteur pour qu’ils « encouragent un changement systématique de comportement, » et améliorent les activités de la GLA (Gangmaster Licensing Authority, NDT : Organe officiel britannique régulant les agences fournissant de la main d’œuvre aux secteurs de l’agriculture, l’horticulture et la collecte des crustacés). Bien qu’en dehors de ses compétences à ce niveau, la Commission déclare « qu’il y aurait lieu d’étendre les compétences de la GLA aux autres secteurs où des travailleurs intérimaires à bas salaires courent le risque d’être exploités » et en appelle instamment au gouvernement pour qu’il accueille positivement cette proposition.

Commentant les conclusions, Nicola Smith, haut responsable politique de la centrale syndicale britannique TUC déclare : « Ce rapport, solidement étayé de preuves, démontre toute l’étendue des mauvais traitements qui perdurent dans les industries à bas salaires, où les travailleurs temporaires ayant des statuts professionnels instables sont confrontés aux plus grands risques. Ce qui continue à préoccuper le TUC est que ces formes d’exploitation ne soient pas confinées au secteur de la transformation de la viande. »