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Plus de 10.000 personnes manifestent à Hamilton contre le gouvernement canadien et U.S. Steel

31 janvier, 2011

Le lock-out imposé par U.S. Steel à 900 travailleurs en activité et 9.000 retraités et veuves d'une aciérie de Hamilton, dans l'Ontario, a fait la une de l'actualité au Canada, le 29 janvier, lorsque plus de 10.000 personnes se sont rassemblées pour manifester sous la neige à Hamilton. Quelque 75 autobus ont déversé des flots de manifestants qui ont défilé dans les rues de la capitale de l'acier du Canada pour exprimer leur colère contre le gouvernement et U.S. Steel.

La Journée d'action de Hamilton pour les adhérents de la section 1005 de l'United Steelworkers (USW) soumis à un lock-out a fait office de cri de ralliement contre le gouvernement du Premier ministre Stephen Harper et d'autres parlementaires pour ne pas avoir réclamé des comptes aux multinationales étrangères qui rachètent des entreprises canadiennes pour, tout de suite après, licencier des travailleurs et abaisser les niveaux de vie.

La Fédération du travail de l'Ontario (OFL/CTC) et le Congrès du travail du Canada (CTC) ont largement prêté leur concours pour faire de cette journée du 29 janvier un appel national disant que ce lock-out qui ne répond à aucune provocation démontre sans le moindre doute que la Loi sur Investissement Canada présente de sérieuses failles.

Les travailleurs de la métallurgie du Québec en route, de nuit, vers Hamilton (Photo: John Maclennan)

C'est ce qu'ont dénoncé les discours, les calicots et les slogans d'aujourd'hui. La section locale 1005 défend les travailleurs, les retraités et les veuves contre un prédateur américain qui, il y a trois ans, a racheté l'aciériste Stelco dans l'Ontario pour tout de suite contourner une Loi sur Investissement Canada défaillante. L'OFL affirme qu'en violation des dispositions de la loi, U.S. Steel a supprimé 2.200 emplois chez Stelco à Hamilton et sur le site de Nanticoke en trois ans.

Un des principaux orateurs de cette journée, le Président de l'USW Leo Gerard, n'a pas mâché ses mots pour dénoncer l'emprise des employeurs sur les travailleurs et les gouvernements : "Partout sur la planète, ces salauds de patrons font tout pour puiser dans nos poches. Plutôt mourir que les laisser faire et nous prendre nos pensions. Il faut exiger de Stephen Harper qu'il défende le Canada."

 Le Président de l'USW, Leo Gerard (à droite, le Directeur national de l'USW pour le Canada, Ken Neumann) Photo: John Maclennan

La Loi sur Investissement Canada est supposée apporter un "bénéfice net" aux Canadiens lorsque des intérêts étrangers acquièrent des avoirs canadiens. Les travailleurs de la métallurgie de la section 1005, les retraités et les veuves de Hamilton Works ont clamé samedi dernier qu'ils sont des victimes, privés de leur emploi parce qu'ils refusent d'être dépouillés de leurs droits.

Le lock-out d'U.S. Steel, qui entre maintenant dans sa 13e semaine, a pour objet une demande de concession de la direction qui veut retirer aux veuves et retraités l'indexation de leurs pensions, un montant supposé compenser l'inflation et qui représente une trentaine de dollars canadiens par an en fonction des taux de pension. U.S. Steel veut aussi mettre fin à un plan de prestations pour les nouvelles recrues, ce qui n'est certainement pas un "bénéfice net" pour les jeunes Canadiens.

(photo: John Maclennan) 

Des bus entiers de camarades québécois sont venus soutenir la section locale 1005 et montrer que la solidarité nationale ne s'arrête pas aux frontières des provinces. D'autres sont venus de Sudbury, dans l'Ontario, où une autre multinationale étrangère supprime des emplois et taille dans les conditions de vie, mais aussi de l'usine d'U.S. Steel de la région des Grands-Lacs, dans l'État du Michigan aux États-Unis.

Le Syndicat canadien des travailleurs de l'automobile (CAW), le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) et le Service Employees International Union (SEIU) ont envoyé des délégations syndicales complètes. L'OFL et la CTC ont fait connaître le mouvement dans tout le pays. Des dizaines de délégations syndicales venues de syndicats d'enseignants, du Syndicat de la fonction publique de l'Ontario, du Syndicat des travailleurs du secteur énergétique (PWU) et du Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier (SCEP), tous deux affiliés à l'ICEM, ont également apporté leur soutien.

Le maire de Hamilton, Bob Bratina, qui dénonce ouvertement la conduite d'U.S. Steel dans sa ville, a pris la parole lors de la manifestation de samedi, tout comme Chris Charlton, un élu national de grande réputation qui a en mains l'amendement de la Loi sur Investissement Canada. Parmi les autres orateurs figuraient le Président du CTC, Ken Georgetti, le Président de l'OFL, Sid Ryan, et Bill Mahoney, une victime d'U.S. Steel qui a exprimé dans un poème ce que symbolise la lutte de la section 1005.

Bill Mahoney

Appelé le "Poète protestataire", Bill Mahoney est retraité des Hamilton Works de Stelco depuis cinq ans et il a écrit 25 poèmes sur le thème de l'érosion sociale. Voici l'un d'eux, intitulé "Picsou arrive en ville" :

Nous luttons pour notre dignité, jeunes et vieux unis
Partout dans le pays, tout le monde parle
De notre fière communauté dont la dignité n'est pas à vendre
Nous combattons pour notre pays, le Canada est à nous.

De précédents articles de l'ICEM sur le combat de la section 1005 de l'USW de Hamilton peuvent être consultés ici.