31 janvier, 2011
Sintracarbón, l'affilié de l'ICEM qui représente les travailleurs de Carbones del Cerrejón, le plus grand complexe de charbonnages à ciel ouvert au monde, est au bord du débrayage après que les mineurs aient voté la grève à 95% la semaine dernière. La négociation entre le syndicat qui compte 3.500 adhérents et Cerrejón que contrôlent les multinationales BHP Billiton, Xstrata et AngloAmerican s'est fortement durcie depuis décembre alors que doit être renouvelée la convention collective de deux ans.
Frustré par les pourparlers avec la direction de Cerrejón, le syndicat a demandé à ses membres d'opter pour la grève ou le recours à l'arbitrage prévue dans la législation colombienne. Les membres se sont résolument prononcés en faveur de la grève lors d'un scrutin organisé vendredi dernier, 28 janvier. Le lendemain, les délégués de Sintracarbón se sont réunis à Riohacha et ont ratifié la décision à l'unanimité.
Du coup, la direction a fait savoir qu'elle présenterait une nouvelle offre aujourd'hui, 31 janvier. Si elle paraît satisfaisante à Sintracarbón, une nouvelle convention collective pourrait être en vue sous peu, sinon il faut s'attendre à une grève avant le 6 février.
Les pourparlers entre le syndicat et la direction ont démarré le 9 décembre pour se solder par l'absence d'un accord au bout de 40 jours d'une négociation qui a encore été étendue le 17 janvier.
Dans une lettre adressée au Président de Carbones del Cerrejón, Leon Teicher, le Secrétaire général de l'ICEM, Manfred Warda, a dénoncé la tactique utilisée par la direction pendant la négociation, qui consistait à contacter chaque adhérent individuellement par téléphone.
Pour l'essentiel, les négociations portaient sur les avancées salariales, le statut du personnel des sous-traitants, les pensions et les besoins des communautés locales déplacées par la mine.
Ce gigantesque complexe minier à ciel ouvert se trouve dans l'État de Guajira, dans le nord; il produit un charbon thermique pauvre en carbone très recherché. On y extrait chaque année 32 millions de tonnes dont la plupart destinées à l'Europe. Mais récemment, des exportations ont commencé vers la Chine dont les industries génèrent une demande de charbon énorme.
Pour le texte intégral de la lettre de l'ICEM à la direction, voir.
Jairo Fernando Solano Cervantes, Sintrachaneme
Autre fait préoccupant à Cerrejón pour l'ICEM : la mise sous surveillance du recrutement par le syndicat des mécaniciens de la société Chaneme qui sont harcelés et intimidés par la direction. Sintracarbón a modifié ses statuts pour pouvoir utiliser de la main-d’œuvre en sous-traitance dans le complexe et, l'an dernier, elle a largement aidé à la création du syndicat Sintrachaneme. Voir l'article précédent de l'ICEM ici. Le Président de Sintrachaneme, Jairo Fernando Solano Cervantes, fait constamment l'objet de mesures d'intimidation et de harcèlement qui se sont intensifiées depuis le 14 décembre.
À titre d'exemple, un véhicule suspect stationne en permanence devant son domicile pour le surveiller ainsi que les membres de sa famille. Un jour, Solano a été pris en chasse par des véhicules non identifiés. En Colombie, pays de tous les dangers pour un syndicaliste, Solano doit bénéficier de la protection de ses employeurs. L'ICEM est outrée par ces procédés illégaux qui ont pour but d'empêcher le recrutement de travailleurs contractuels à Cerrejón.