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L’ICEM va continuer à pousser le Chili sur les normes en matière de sécurité minière.

24 avril, 2011

Alors qu’il jouissait de l’admiration du monde entier après le sauvetage réussi des 33 mineurs des entrailles de la mines de cuivre de San José, le Président chilien Sebastián Piñera avait annoncé le 18 octobre 2010 dans l’émission de la BBC HARDtalk, et face à une audience télévisée mondiale, que son pays allait ratifier la Convention 176 de l’OIT et réformer son programme national de sécurité minière incohérent « dans les 90 jours. »

Tout cela n’était que mensonge.

A l’approche de cette limite de 90 jours, à la mi-janvier, le Président de l’ICEM Senzeni Zokwana et le Secrétaire général Manfred Warda ont rencontré des responsables gouvernementaux hauts placés à Santiago et se sont entendus dire qu’il n’y avait rien à l’ordre du jour pour réformer les normes de sécurité internes et pour adopter des normes mondiales. Et en réalité rien n’a bougé au Chili dans le sens des réformes excepté au niveau des fédérations syndicales qui travaillent maintenant main dans la main avec l’ICEM.

En février, l’ICEM a organisé une campagne en trois volets pour faire pression sur Piñera afin qu’il tienne promesse. Plus de 4000 messages ont été envoyés par les affiliés de l’ICEM et tous nos amis du mouvement syndical ! Le gouvernement Piñera a été forcé à répondre à des questions embarrassantes sur le fait de savoir pourquoi il avait failli jusque là à tenir une promesse faite dans l’euphorie qui a suivi le sauvetage à San José.

L’ICEM continue à croire que le gouvernement chilien saura se souvenir du poids des réalités : le pays n’est qu’à un accident minier de la perte de la bonne volonté et de la crédibilité technique engrangées lors d’un sauvetage qui a revêtu des dimensions historiques.

Et le gouvernement Piñera doit faire face à une autre réalité : si le pays se situe dans une classe mondiale, c’est en tant que producteur de minerais en particulier du cuivre et cela implique qu’il doive développer et mettre en place des pratiques de classe mondiale en matière de sécurité minière. Jusqu’ici, ça n’a pas été le cas.

Le sauvetage des 33 mineurs de la mine de San José

Dans les quelques jours qui ont précédés la déclaration impétueuse de Piñera dans l’émission HARDtalk, le Président est retombé dans une culture datant du régime Pinochet. Au sein de la commission qu’il a mise sur pied pour enquêter sur San José, aucun représentant syndical n’a été invité à siéger. La Convention 176 de l’OIT sur la Santé et la Sécurité dans les mines précise que les travailleurs et leurs syndicats doivent participer aux inspections minières et aux enquêtes après accident.

A San José, le syndicat de la Compañia Minera San Esteban a régulièrement mis en garde contre les manquements à la sécurité et a même été jusqu’à se pourvoir en justice pour obtenir la fermeture de la mine. Mais le refrain connu à la fois du gouvernement et de l’industrie lorsque les syndicats mettent en cause les conditions de santé et de sécurité est que le devoir d’un syndicat est de négocier au plan économique, pas de se mêler des questions de santé et de sécurité.

Après la mort d’un mineur en 2007, San José a été fermée pendant une brève période par SERNAGEOMIN, le Service national de Géologie et des Mines. Mais elle a rapidement rouvert sur l’ordre d’un autre responsable officiel qui n’avait pas lu le rapport ayant entraîné la fermeture et s’est contenté de l’engagement du propriétaire à corriger les déficiences.

Un des ces engagements était d’installer une échelle dans le puits de ventilation pour offrir une seconde sortie, une norme prévue dans la Convention 176. Ceci n’a pas été fait et il n’y a pas eu d’inspection de suivi. L’absence d’une seconde sortie, en réalité, a conduit à prendre au piège les 33 mineurs pendant 69 jours.

SERNAGEOMIN n’est pas un inspectorat de santé et sécurité. Il en joue le rôle, mais il en va de même pour d’autres organismes dépendant de six ministères chiliens. Le Chili compte des agences de sécurité dont les compétences sont redondantes parmi les six qui couvrent tous les aspects du travail. Aucune d’entre elles n’a de moyens de coercition pour faire appliquer le peu de réglementation qui existe dans les mines et toutes sont dépourvues des capacités techniques à mener des inspections et à prévenir l’apparition d’accidents.

En bref, tous les préalables de la Convention 176 sont absents au Chili : inspections régulières, procédures établies pour enquêter et faire rapport sur la présence de dangers et sur les accidents, consultation des syndicats, organes de régulation avec autorité pour faire fermer les mines dangereuses, droit à refuser une tâche dangereuse, possibilité pour les travailleurs de désigner leur propre représentant en matière de sécurité, obligation de l’employeur de fournir une formation. La Convention 176 attribue aux employeurs non seulement la responsabilité de supprimer les dangers sur le lieu de travail, mais aussi d’en supprimer les causes.

En dépit de la politique de la « tête dans le sable » adoptée par le gouvernement chilien en matière de sécurité minière maintenant que les feux des projecteurs des médias, si présents à San José, se sont éteints, l’ICEM va continuer à faire pression sur Piñera aux côtés d’une coalition renouvelée que nous avons développée avec les fédérations de mineurs du pays.