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Les Syndicats mondiaux réclament une réorganisation de la sécurité des mines au Chili

14 mars, 2011

Les Fédérations syndicales internationales, des syndicats nationaux et des militants syndicaux du monde entier se sont joints à l'ICEM pour faire pression sur le gouvernement chilien pour qu'il ratifie la Convention 176 de l'OIT sur la sécurité et la santé dans les mines.

Depuis que, le 2 mars, l'ICEM et la Fédération internationale des organisations de travailleurs de la métallurgie (FIOM) ont lancé ensemble un appel à leurs affiliés leur demandant d'écrire au Président du Chili, Sebastián Piñera, pour réclamer une refonte de la sécurité minière, près de 70 affiliés ont réagi par des courriers tels que celui-ci.

L'Union internationale des travailleurs de l'alimentation et de l'agriculture (UITA) a repris l'initiative à son compte et envoyé un signal d'alerte qui a déclenché l'envoi de plus d'un millier d'appels au Président Piñera. Puis, la semaine dernière, LabourStart a lancé une campagne et 2.500 messages ont été envoyés à ce jour au ministre chilien des Mines, Laurence Golborne. Participez à la campagne de Labourstart, en envoyant un message à ce ministre qui, sous l'administration de Michele Bachelet, dirigeait une chaîne de supermarchés.

Hazards, le très actif bulletin d'information sur la santé et la sécurité du Trade Union Congress (TUC) britannique, a ensuite diffusé un message sur la sécurité dans les mines chiliennes à des centaines de spécialistes de la santé et la sécurité d'organisations syndicales, d'ONG et d'instituts d'enseignement; beaucoup ont réagi en envoyant des messages incisifs au gouvernement Piñera.

Mais les choses ne s'arrêtent pas là. Simultanément se sont joints à la campagne mondiale des syndicats affiliés aux deux grandes fédérations syndicales de mineurs du Chili, qui représentent à la fois les travailleurs de la compagnie d'État Codelco, spécialisée dans le cuivre, et ceux des plus grandes compagnies propriétaires de grandes mines de cuivre et d'or. Leurs dirigeants sont conscients de l'action mondiale menée par l'ICEM pour faire pression sur Piñera et Golborne et ce sont eux qui connaissent le mieux les carences de la culture de la sécurité minière de leur pays.

La Secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale (CSI), Sharon Burrow, a écrit au Président Piñera "Nous sommes convaincus que le développement durable du Chili doit reposer sur une culture de la sécurité minière cohésive et cohérente, prévoyant une représentation des mineurs et de leurs organisations syndicales et le respect de leurs droits, et qui soit assortie des éléments nécessaires que sont le contrôle, le savoir-faire technique et le pouvoir juridictionnel".

Fin de la semaine dernière, la Fédération internationale des journalistes (FIJ) a publié un communiqué disant "Après avoir épuisé toutes les recettes de la publicité, le gouvernement revient maintenant sur ses engagements. En Amérique latine et dans le monde entier, les organisations de journalistes sont écœurées par ce cynisme et nous nous associons totalement aux revendications des syndicats qui demandent que le Chili se ressaisisse et se conforme aux normes minières internationales."

La décision de l'ICEM de cibler le Chili pour réclamer une réforme de sa réglementation minière et demander qu'il ratifie la convention 176 est venue en réaction à l'impudence des propos tenus par le Président Piñera pour se féliciter de la réussite de l'opération de sauvetage de 33 mineurs, le 13 octobre 2010. En visite à Londres cinq jours plus tard, il avait déclaré à la presse mondiale que le Chili avait tiré les leçons de l'accident et qu'il allait amender sa législation sur la sécurité minière et adopter "dans les 90 jours" les normes internationales figurant dans la convention 176.

À la mi janvier, le Président de l'ICEM, Senzeni Zokwana, et son Secrétaire général, Manfred Warda ont rencontré la ministre chilienne du Travail et des Affaires sociales de l'époque, Camila Merino, pour lui rappeler cette promesse. L'ICEM s'est entendu répondre que la convention 176 n'était pas au programme du gouvernement, mais qu'il pourrait envisager la Convention 187 de l'OIT, plus générale, sur le cadre promotionnel pour la sécurité et la santé au travail.

   

L'ICEM a rappelé que, si Piñera et Golborne ont redoré le blason de leur pays pendant l'opération de sauvetage à la mine de San José, l'influence du Chili est grande sur la scène mondiale parce qu'il est gros exportateur de métaux et minerais de base. Pour être considéré sur la scène mondiale, il doit assurer des pratiques qui garantissent la sécurité des mineurs qui extraient ces richesses.

Prenons l'exemple de la commission que le Président Piñera a constituée pour enquêter sur l'accident du 5 août à San José. Aucun représentant des travailleurs n'a été invité à y siéger. Les syndicats de mineurs chiliens tirent régulièrement la sonnette d'alarme sur les carences de la sécurité et sur les causes des accidents. Mais le gouvernement comme l'industrie leur répondent que le rôle des syndicats consiste à négocier les questions économiques et pas de s'impliquer dans la santé ou la sécurité.

Le ministre chilien des Mines, Laurence Golborne

Il existe plus de 8.000 mines au Chili pour un total de 16 inspecteurs chargés de les contrôler. Il a un système archaïque d'organismes de sécurité dont les compétences se chevauchent et qui couvrent tous les secteurs d'activité et relèvent de six ministères différents. Aucun de ces organismes n'a de pouvoirs juridictionnels qui lui permettraient de faire appliquer les rares règlements en vigueur ni les moyens techniques d'inspecter et de prévenir les accidents avant qu'ils surviennent.

S'agissant de l'extraction minière au Chili, toutes les conditions inscrites dans la convention 176 font défaut : la régularité des inspections, les procédures de notification et d'enquête dans les cas d'incidents dangereux et d'accidents, la consultation des organisations syndicales, des autorités ayant le pouvoir de suspendre ou de restreindre les activités minières dangereuses, le droit des mineurs de refuser un travail dangereux, le droit des travailleurs de choisir leurs propres délégués de sécurité et d'hygiène et l'obligation pour l'employeur d'organiser une formation et des programmes de sécurité.

C'est pour cela que l'ICEM et la FIOM – et maintenant des syndicats du monde entier – ont ciblé le Chili pour réclamer une refonte de la législation nationale sur la sécurité dans les mines ainsi que la ratification, la mise en œuvre et le respect des normes inscrites dans la convention 176 de l'OIT. Agissez vous aussi. Contactez les dirigeants politiques chiliens et réclamez le changement.