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Les sables bitumeux du Canada et le Pipeline Keystone évoqués à la COP-17

19 décembre, 2011

Le 2 décembre, des représentants de l’affilié canadien de l’ICEM SCEP (Syndicat des Communications, de l’Energie et du Papier) ont participé à un débat sur les perspectives syndicales par rapports aux sables bitumeux.

Organisée par l’Institut du travail Cornell et le CTC (Congrès du travail du Canada) en collaboration avec le SCEP, la session se tenait dans le cadre des rencontres syndicales internationales du Monde du Travail en marge de la 17ème Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP-17) à Durban, Afrique du Sud.

Jim Britton, Vice-président de la Région occidentale du SCEP, a présenté son organisation et ses adhérents. Le SCEP est le syndicat de l’énergie du Canada.

Britton a expliqué pourquoi la question des sables bitumeux ne pouvait pas être séparée de celle du Pipeline Keyston XL, un nouvel oléoduc reliant la province d’Alberta avec les raffineries américaines. Le SCEP est opposé au pipeline Keystone comme il l’a été à des propositions précédentes et ce pour deux raisons : le traitement à valeur ajoutée des produits bitumeux devrait se faire au Canada et cet oléoduc se pose comme le symbole de l’absence de politique de l’énergie durable au Canada, alors qu’elle est désespérément nécessaire.

Il est navrant de constater que ces préoccupations n’ont trouvé aucun écho au sein du gouvernement conservateur actuel, ni auprès des organismes de réglementation ou tribunaux au Canada.

Une politique de l’énergie intelligente pourrait assurer un développement rationnel continu des sables bitumeux, avec la création d’emplois permanents de haute qualité et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les Canadiens, y compris ceux qui extraient et traitent le bitume, veulent une réglementation adéquate qui assure la création d’emplois, la protection de l’environnement, le respect des droits de la Première Nation, une économie en croissance et des risques limités pour les entreprises.

C’est un domaine où tout le monde pourrait être gagnant. Au lieu de cela, le Canada sacrifie sa sécurité énergétique et la durabilité au nom de profits à court terme et à courte vue. On ne peut pas raisonner en termes emploi « contre» environnement, ce doit être les deux ensemble. C’est ce qu’attendent les adhérents du SCEP et ce pour quoi il se battra.

Roland Lefort 

Roland Lefort, Président de la locale 707 du SCEP, qui représente des milliers de travailleurs des sables bitumeux, a expliqué que sa position reposait sur les politiques du SCEP concernant l’énergie, l’environnement et la Juste Transition, qui ont été élaborées depuis de nombreuses années et affirmées lors de Congrès successifs du SCEP. Prises ensemble, celles-ci appellent le Canada à mettre sur pied un plan pour le développement durable des sables bitumeux.

Ce plan permettrait d’assurer entre autres choses : la sécurité énergétique pour les Canadiens, la capture et le stockage du carbone pour tous les projets autour des sables bitumeux, la promotion de la conservation de l’énergie, un plan bien financé d’une Juste Transition pour les travailleurs et régions du pays qui dépendent de l’énergie, la rencontre des engagements du Canada à stabiliser et ensuite diminuer les émissions de gaz à effet de serre.

Les travailleurs des sables bitumeux du Canada sont convaincus du fondement scientifique du changement climatique, des droits des peuples aborigènes et de la nécessaire protection des ressources du Canada. Leur position est celle d’un développement durable. Elle est en opposition avec le discours qui consiste à dire qu’il n’y a pour le développement des sables bitumeux qu’une alternative : tout ou rien.

Les actuels gouvernement et industriels canadiens veulent extraire les sables bitumeux sans obstacles ou contrôles, alors que le lobby environnemental, qui se renforce chaque jour, veut faire arrêter leur exploitation. Le SCEP est d’avis qu’il existe une position médiane, d’équilibre et de durabilité.

A cet effet, le SCEP travaille à réunir le gouvernement, les syndicats, les Premières Nations et les écologistes à une même table pour développer un plan énergétique tel que défini dans ses positions politiques.

La présentation musclée de Lefort, appuyée par sa crédibilité personnelle en tant que mineur et président du plus important nombre de travailleurs syndiqués des sables bitumeux, a eu un immense impact sur l’auditoire.

Un autre paneliste était Roger Toussaint de New York et du TWU (Syndicat du transport). Il a déclaré que les questions autour de la construction du pipeline Keystone XL affectait tout le monde et que son syndicat a décidé qu’il ne pouvait rester silencieux à cet égard. En lieu et place d’un développement incontrôlé, il existe un potentiel pour se diriger vers une économie plus équitable et à plus faible émission de carbone, avec la création de millions d’emplois dans les énergies renouvelables, les transports en commun, les bâtiments passifs, etc. Toussaint est convaincu que le mouvement syndical mondial peut être à la tête de ce changement et a mis en avant les politiques volontaristes de l’ITF (Internationale des Transports) comme exemple.

 
Dans une question provenant de l’auditoire, Anthony Jacobs, Directeur pour les Conventions nationales de la Construction au sein du syndicat américain IBB, un affilié de l’ICEM, a déclaré comprendre la position de Lefort mais a défendu avec passion le pipeline Keystone XL et son potentiel d’emploi dans la construction. Lefort lui a dit accepter et comprendre la position de l’IBB mais espéré que lui aussi comprenait celle du SCEP.

D’autres considérations apparues dans le débat sur le pipeline Keystone XL concernaient entre autres la dépendance des Etats-Unis par rapport au pétrole d’origine étrangère et les bénéfices économiques potentiels réciproques pour le Canada et les Etats-Unis.

Cette rencontre illustre la valeur de la participation directe des syndicats à des événements tels que COP-17. On ne pourrait trop insister sur l’intérêt d’entendre la voix de ceux qui seront directement affectés.