10 octobre, 2011
Une section de la Fédération nationale des ouvriers mineurs, métallurgistes et sidérurgistes du Pérou (FNTMMSP), affiliée à l'ICEM, poursuivent la lutte pour obtenir une convention collective décente à la mine de cuivre et de molybdène de la Sociedad Minera Cerro Verde de la région méridionale d'Arequipa. Pour la première fois en 40 ans d'existence de la mine, le gouvernement a déclaré cette action légale, alors que tous les 1.220 adhérents de la FNTMMSP avaient posé l'outil le 29 septembre pour une grève illimitée.
Le fait que la grève soit déclarée légale signifie que le ministère du Travail va arbitrer la négociation entre les deux parties qui se réunissent dans l'après-midi de ce lundi. Les grévistes ont été remplacés par 600 "jaunes" et par du personnel de gestion, la direction voulant continuer la production mais se mettant ainsi en marge de la loi. Si les négociateurs patronaux maintiennent leurs propositions régressives, le syndicat demandera au gouvernement et au Congrès d'envoyer des inspecteurs du travail pour vérifier si l'exploitation respecte les réglementations. Une telle démarche aurait pour effet de paralyser toute la production. Le Secrétaire général du syndicat de branche, Leoncio Amudio Peña, a signalé aux autorités son intention de demander des inspections le 8 octobre.
Cerro Verde propose aux travailleurs une augmentation de moins de 1 $ par jour, alors que le syndicat en veut 3. La direction locale veut aussi remplacer dorénavant les hausses de salaires par des primes de production. Outre de meilleurs salaires, les grévistes réclament une amélioration des conditions de travail, de santé et de sécurité. Leoncio Amudio Peña explique que la direction ne propose de solutions que pour 4 des 40 revendications du syndicat. Les positions du syndicat et de la direction sont tout aussi éloignées sur la question de la durée de la convention, le syndicat voulant une convention d'un an tandis que la direction voulait au départ 5 ans et accepte maintenant 3 ans. La précédente convention, arrivée à expiration le 31 août, avait une durée de 3 ans, mais elle avait fait l'objet d'une prorogation unique en échange de concessions de l'entreprise.
La grève avait été précédée d'un arrêt de travail de 48 heures début septembre et, au milieu du mois, d'une grève illimitée qui avait été suspendue en raison d'une question de forme qui la rendait illégale.
En 2010, Cerro Verde a produit 312.336 tonnes de cuivre, soit 2% de la production mondiale, pour un bénéfice net de 1,05 milliard $. Cette mine à ciel ouvert est contrôlée par l'américain Freeport-McMoRan (53,7%), SMM Cerro Verde Nederlands (21%), un département du japonais Sumitomo Corp., et la société péruvienne Compañia de Minas Buenaventura (19,3%). Les bénéfices des compagnies minières grimpent en flèche en raison de la hausse des cours des métaux sur les marchés mondiaux, mais ces énormes marges bénéficiaires ne sont pas partagées avec les travailleurs.