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Les entraves à la liberté syndicale se multiplient à la filiale Barrick d'AngloGold en Tanzanie

22 mars, 2010

Les ateliers que l'ICEM a organisés en Tanzanie les 12-13 mars ont dévoilé des violations flagrantes de la liberté syndicale par les filiales minières d'AngloGold Ashanti et Barrick Gold. Ces ateliers s'adressaient principalement à l'affilié de l'ICEM Tanzania Association of Mining and Construction Workers’ Union (TAMICO), sous les auspices de l'Organisation régionale de l'Afrique subsaharienne de l'ICEM, les principales sessions étant présidées par Fabian Nkomo, délégué par le Président de l'ICEM, Senzeni Zokwana.

Ils se sont tenus en présence des secrétaires des quatre régions de la TAMICO, des secrétaires de district et de militants tanzaniens de premier plan. Ce projet de l'ICEM, baptisé Projet de croissance organisationnelle, est parrainé par le néerlandais FNV Mondiaal et le suédois LO-TCO.

Le Président de l'ICEM, Senzeni Zokwana

Ces deux journées étaient principalement consacrées à la filiale à cent pour cent d'Anglogold Geita Holdings Ltd., et à African Barrick Gold Plc., détenue à 75% par Barrick Gold Canada, les 25% restants devant faire l'objet d'une première offre publique cette semaine à la bourse de Londres. Chacune de son côté, les deux entreprises ont opté pour des relations de travail qui vont à l'encontre des conventions fondamentales 87 et 98 de l'OIT sur la liberté syndicale des travailleurs et sur le droit de se syndiquer et de négocier collectivement.

Chez Geita Gold, la direction examine illégalement tous les formulaires d'adhésion à la TAMICO et refuse la reconnaissance syndicale aux travailleurs qu'elle ne veut pas voir dans le syndicat. Malgré que le syndicat ait recruté 900 salariés, la direction de Geita de la région de Mwanza, en Tanzanie, n'en reconnaît que 400 en tant que membres du syndicat. L'ICEM sait depuis longtemps que le directeur des ressources humaines de Geita, Philemon Tano, soumet ouvertement les affiliés syndicaux à des discriminations et la question a été portée à la connaissance d'AngloGold, une firme qui se doit de respecter les normes du travail et autres en vertu d'un Accord-cadre mondial signé avec l'ICEM.

Il est ressorti de ces ateliers que l'Organisation régionale de l'Afrique subsaharienne de l'ICEM va une nouvelle fois adresser une plainte contre ce comportement inadéquat auprès d'AngloGold Ashanti à Johannesburg.

Fabian Nkomo

Chez Barrick, premier producteur d'or tanzanien dans ses mines de Bulyanhulu, Buzwagi, North Mara et Tulawaku, la direction continue son travail de sape en licenciant les travailleurs qui veulent se syndiquer. En 2007, à la mine de Bulyanhulu, après une rupture des négociations sur les salaires, les conditions de travail et les soins médicaux qui a entraîné une grève d'un millier de mineurs, Barrick a renvoyé sans autre forme de procès tous les grévistes. Des rapports présentés à l'atelier indiquent que des adhérents de la TAMICO sont licenciés presque quotidiennement par African Barrick Gold Plc.

(Le 16 mars, trois mineurs ont été tués dans les galeries de Bulyanhulu, écrasés sous un effondrement de la voûte. L'ICEM présente ses plus sincères condoléances aux familles des victimes - Dickson Kadelema, Vedasstus Wilfred Tandise et Joel Nicholas – et appelle Barrick à veiller à ce que des mesures de sécurité adéquates soient en place dans ses mines de Tanzanie et ailleurs).

Les ateliers de l'ICEM des 12-13 mars à Dar Es-Salaam ont dégagé un plan d'action agressif. Les participants se sont engagés à renforcer l'organisation de la TAMICO, en particulier ses structures régionales, et d'étendre le mandat des dirigeants du syndicat. Ce plan d'action doit permettre de mieux surveiller et constater les violations des droits des travailleurs et des syndicats commises par AngloGold et Barrick. Les quatre secrétaires régionaux de la TAMICO qui assistaient aux ateliers ont promis de recruter 12.000 nouveaux adhérents en 2010.

Les participants ont aussi lancé une campagne dirigée contre la filiale Geita d'Anglogold pour qu'elle reconnaisse l'intégralité des droits syndicaux d'ici la fin juin 2010. Le syndicat sud-africain National Union of Mineworkers (NUM), qui travaille déjà en étroite collaboration avec AngloGold, va intensifier ses efforts par le biais de l'Organisation régionale de l'Afrique subsaharienne de l'ICEM afin de renforcer les structures du syndicat tanzanien pour lui permettre d'atteindre les objectifs fixés par l'atelier.