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Les droits des travailleurs temporaires deviennent un sujet qui fâche en Allemagne

15 septembre, 2010

Alors que les syndicats européens manifesteront le 29 septembre contre les programmes d’austérité des gouvernements, les syndicats allemands vont se servir de cette journée, et en réalité de tout le mois de septembre et même de l’ensemble de l’automne, pour s’opposer non seulement aux restrictions dans le secteur public mais aussi pour condamner de manière véhémente l’affreux dumping social que constitue la prolifération du travail temporaire.

Ceci émane du Congrès de la DGB en mai dernier qui a donné la priorité pour faire campagne pour l’égalité de salaire et de droits et en faveur de périodes fixes de probation à l’issue desquelles les travailleurs exploités dans le secteur du travail temporaire ne deviennent des salariés permanents. Depuis ce congrès, les syndicats allemands ont tellement fait monter la pression au niveau politique que le Ministre CDU (chrétien-démocrate) du Travail et des Affaires Sociales a mis en place une législation qui est un remède partiel à la spirale descendante des salaires engendrée par le nombre toujours croissant de travailleurs contraints à un emploi temporaire.

Mais la législation ne va pas assez loin.

Nombre de grands syndicats affiliés à la DGB, dont IGBCE, IG Metall et Ver.di, vont souligner ce point lors des manifestations à venir. Ces syndicats portent aussi le fer au niveau des entreprises, aussi bien au niveau des processus de négociation collective qu’aux portes mêmes des usines sous forme de protestations organisées. Ce mois-ci, IG Metall a introduit la notion « à travail égal, salaire égal » dans les négociations sectorielles de trois états fédérés d’Allemagne.

Le Président de la DGB Michael Sommer

Le Président de la DGB Michael Sommer a déclaré le 6 septembre dans le journal Handelsblatt que les adhérents des syndicats allemands allaient se conformer aux lois nationales qui interdisent les grèves pour motif politique mais que « des réunions syndicales d’entreprise et les actions aux portes des usines » allaient avoir lieu pour souligner que recourir au travail temporaire pour contrer la crise financière est une mesure d’austérité haïssable. Sommer a déclaré que cette problématique serait en outre reprise « haut et fort » au sein des structures allemandes de cogestion du travail.

La proposition de loi de Von der Leyen est appelée la loi “Schlecker” en référence à la grosse chaîne de drugstores qui a tenté de licencier tous ses travailleurs temps plein pour les réengager ensuite comme travailleurs temporaires à la moitié de leurs salaires précédents. Elle exigerait « un salaire égal pour un travail égal » pour empêcher le dumping sur les salaires comme chez Schlecker et prévoit une amende de €25.000 pour les entreprises contrevenantes.

Mais la législation ne permettrait pas de renverser la tendance à la croissance du travail temporaire parce que les employeurs pourraient toujours avoir recours à des contrats de courte durée du moment qu’ils offrent le même salaire, à travail égal. La «Loi Schlecker » ne fixe pas non plus de limite dans le temps pour qu’un travailleur temporaire doive devenir permanent et elle n’introduit pas non plus de salaire minimum pour les temporaires, une chose qui est une priorité à l’ordre du jour de la DGB et des syndicats allemands.

En moyenne, les syndicats affiliés à la DGB ont observé qu’en Allemagne les travailleurs temporaires gagnent 30% de moins que les travailleurs temps plein et permanents.