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Les deux prochaines semaines seront cruciales pour bloquer une révision de la législation du travail

10 avril, 2011

Cette semaine et la suivante, l'attention des militants syndicaux du monde entier va une fois encore se concentrer sur le Mexique où se livre une bataille essentielle pour bloquer une législation du travail régressive qui risque d'accorder un supplément de légitimité aux violations des normes internationales du travail commises par les autorités de ce pays.

Les révisions du code du travail qui sont proposées légitimeraient une utilisation illégitime et systématique des "contrats de protection", saperaient encore un peu plus la liberté syndicale par le biais de l'externalisation et des contrats temporaires, limiterait fortement le droit de grève ainsi que les possibilités de contester les licenciements abusifs.

Par ces propositions, le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) est considéré par beaucoup comme cherchant à séduire le grand capital dans la course aux élections présidentielles de 2012. Ces révisions draconiennes ont le soutien total du Parti d'action nationale (PAN) du Président Felipe Calderón.

Ses promoteurs ont l'intention de recourir à une procédure accélérée de consultation publique, à laquelle participent des délégations syndicales de haut niveau, de telle sorte que la commission législative du parlement puisse approuver le projet dans les derniers jours de la session parlementaire qui s'achève le 18 avril. L'étape suivante aura lieu pendant les vacances de Pâques. Les législateurs refusent de discuter des 30 articles les plus contestés pendant la phase de consultation.

Dans ces jours critiques à venir, écrivez pour exprimer l'opposition de votre organisation au projet de législation du travail aux coordinateurs parlementaires des partis, ici

Parmi les autres menaces que font peser les amendements proposés, on trouve le plafonnement des arriérés de salaire lorsqu'il s'avère qu'un travailleur a été licencié abusivement. Ce plafonnement à 12 mois de salaire, alors que les procédures légales prennent généralement cinq ans, donne dans les faits le feu vert aux employeurs pour licencier de façon arbitraire en toute impunité.

Un autre motif d'inquiétude vient d'une proposition qui donnerait le droit aux employeurs de négocier individuellement avec les travailleurs des conditions différentes de celles des conventions collectives. Cela détruirait outrageusement le processus de négociation collective inscrit dans le droit international du travail.

La législation du travail mexicaine ne pourra jamais commencer à ressembler à des normes acceptables tant que n'aura pas été réglé le problème des "contrats de protection" qui rend l'organisation de syndicats démocratiques pratiquement impossible et celui de la "toma de nota" qui permet aux autorités de destituer arbitrairement et sans fondement juridique des dirigeants syndicaux élus. Les parlementaires du PRI et du PAN n'ont tenu aucun compte des demandes des syndicats sur ces points ainsi que sur d'autres amendements portant notamment sur l'instauration de la semaine de 40 heures et l'amélioration des primes d'ancienneté et du régime de congés.

Les auteurs de ces amendements n'ont tenu aucun compte non plus du rapport du Comité de la liberté syndicale de l'OIT du 23 mars qui analyse la plainte déposée par la Fédération internationale des organisations de travailleurs de la métallurgie (FIOM) et qualifie les "contrats de protection" de problème prioritaire devant être traité par le dialogue social avec les organisations syndicales.

Le Zócalo

Le 31 mars, une manifestation syndicale a défilé de la place principale de Mexico, le Zócalo, jusqu'au parlement où se poursuivent les débats sur ce projet de loi régressive. Jeudi dernier, 7 avril, c'est une grande journée nationale de manifestation qui a été organisée contre le projet de législation du travail.

À Mexico, les manifestants ont défilé du monument de l'ange de l'indépendance jusqu'au Zócalo et ont entendu des discours de représentants de tous les syndicats démocratiques du Mexique. Le Secrétaire général de Los Mineros, Napoleón Gómez Urrutia, en exil au Canada, a envoyé aux manifestants un message qualifiant les amendements proposés de "vol qualifié des droits du travail au Mexique" et appelant le ministre du Travail, Javier Lozano Alarcón, à démissionner sur le champ pour ne plus causer "davantage de dégâts aux relations du travail et à la paix sociale de la république."

Partout dans le monde, l'attention du public est constamment détournée du honteux mépris des droits de l'homme et des droits des travailleurs commis au Mexique et dirigée sur la prétendue guerre aux narcotrafiquants financée par l'Administration Obama dont le but réel est de financer le pouvoir militaire du Président Calderón dont il se sert pour écraser les campagnes syndicales telles que celle de Cananea.

Un tribunal international des libertés syndicales siégera le 29 avril à Mexico et entendra un plaidoyer largement soutenu dans le monde contre le projet de législation du travail, ainsi que des témoignages circonstanciés d'organisations syndicales concernées.

La campagne montée par le gouvernement et le monde de l'entreprise pour affaiblir les syndicats a une fois de plus été mise en lumière par un coup de grisou qui aurait pu être évité et qui a tué deux mineurs à Barroterán, dans la province de Coahuila, le samedi 26 mars. Cette explosion à la mine n°7 appartenant à Northern Steel a coûté à la vie à Juan Francisco Rodríguez Piedra, âgé de 33 ans, et José Camacho Grimaldo, 43 ans. Cet accident a été qualifié d'"homicide industriel" en raison de l'inanité des conditions de sécurité dans la mine. La direction du syndicat de Barroterán a été imposée de force aux travailleurs.

   

Mario Alberto Castillo et Héctor Álvarez

La semaine prochaine, le 20 avril, Los Mineros commémorera le cinquième anniversaire du décès de deux mineurs tués à Lázaro Cárdenas, dans la province de Michoacán, en 2006. Mario Alberto Castillo et Héctor Álvarez avaient été assassinés par la police fédérale et la police de l'État dans la répression violente d'une grève à l'usine sidérurgique Sicartsa.