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Le triste sort des membres de Denryoku Soren à la centrale de Fukushima

25 avril, 2011

Six semaines après le tremblement de terre et le tsunami qui ont ravagé les six réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima, dans le nord-est du Japon, les adhérents et le personnel de notre affilié Denryoku Soren, la Fédération syndicale des travailleurs des industries apparentées à l'énergie électrique, travaillent volontairement une semaine entière pour endiguer les fuites radioactives. Ils travaillent dans une zone de 20 kilomètres dans laquelle les équipes de secours chargées de récupérer les corps des victimes ne sont pas autorisées à pénétrer en raison du niveau de radioactivité.

Peu le savent, mais dans les bureaux de Denryoku Soren, à Tokyo, beaucoup de postes de travail sont inoccupés. C'est parce que la plupart des permanents du syndicat se sont portés volontaires pour combler le manque de travailleurs à Fukushima.

Ils dorment à même le sol en béton de Fukushima, ne boivent que de l'eau en bouteille et ne mangent que des biscuits par crainte d'une contamination des sources d'approvisionnement. La lettre de Denryoku Soren (en anglais) décrivant à l'ICEM ce qui se passe là-bas.

La semaine dernière, la personne de contact pour la région Asie-Pacifique de l'ICEM, Phee Jungsun, a visité les bureaux de Denryoku Soren à Tokyo et a fait rapport en ces termes :

"Il est horrible de voir les responsables du syndicat, ici à Tokyo, épuisés et inquiets pour leurs collègues qui sont sur le site de Fukushima. Ceux qui sont rentrés après leur semaine de volontariat sont calmes et se chargent de l'administration, mais leurs visages sont marqués par l'épuisement et des rougeurs de la peau.

"Le Président Seiichi Taneoka, qui s'est lui-même rendu sur le site, travaille d'arrache-pied à tout moment pour organiser les équipes de volontaires et s'entretient avec les responsables du centre de contrôle de TEPCO sur une ligne téléphonique spéciale. Il essaie aussi d'obtenir l'aide d'unités locales du gouvernement et de la police locale pour localiser et contacter les syndicalistes et leurs familles disparus et dont on est sans nouvelles depuis."

Bien qu'il soit impossible de connaître le nombre total des victimes, certains affiliés japonais de l'ICEM ont tenté de l'évaluer. JEC Rengo, la Fédération japonaise des syndicats de travailleurs de l'énergie et de la chimie, confirme que plus d'une centaine de ses adhérents sont portés disparus, tandis que le nombre de domiciles de ses adhérents détruits dépasse le millier dans la préfecture du Nord-est. C'est le même chiffre qu'évalue Zenkoku, la Fédération des syndicats de travailleurs du gaz du Japon.

D'autres affiliés japonais de l'ICEM ont dénombré les usines et lieux de travail qui ont été touchés. La Fédération japonaise des travailleurs de la pâte et du papier signale que des usines de Nippon Paper, Mitsubishi Paper Mills et Oji ont fermé ou tournent au ralenti. C'est ce qu'indique aussi pour Sumitoma Rubber le Syndicat des travailleurs du caoutchouc Gomu-Rengo. UI Zensen, le Syndicat des travailleurs du textile, de la chimie et du commerce, fait également état de dégâts importants pour leurs travailleurs, leurs foyers et leurs lieux de travail.

Six jours après la catastrophe, l'ICEM avait lancé un appel de fonds aux affiliés en faveur de la Fédération des affiliés japonais de l'ICEM (JAF). La réaction fut sans précédent et plus d'un million de dollars ont été envoyés à ce jour à la JAF. Le Vice-président de la région Asie-Pacifique de l'ICEM, Kiyoshi Ochiai, et le Secrétaire général de la JAF, Yoshio Sato, ont exprimé par l'intermédiaire de l'ICEM leur gratitude pour ce mouvement de solidarité et de générosité : "Nous avons reçu des condoléances et des encouragements des quatre coins de la planète. Nous sommes sensibles à la solidarité et la fraternité des affiliés de l'ICEM. Nous savons au fond de nous que l'ICEM est une grande famille.

Kiyoshi Ochiai

"Nos courageux membres de Denryoku Soren travaillent dur en participant aux opérations de sauvetage dans des conditions très pénibles. Les Japonais luttent ensemble pour ramener les choses à la normale, armés de volonté et de patience. Et l'ICEM-JAF ne se ménage pas dans l'effort de reconstruction."

Dans la vraie tradition japonaise, le 28 mars, Denryoku Soren a retiré les revendications salariales qu'elles avait présentées à TEPCO dans le cadre de l'offensive de printemps "shunto". Le syndicat estime qu'il ne peut pas poursuivre les négociations pour l'instant en raison des tragédies humaines et de la dévastation du secteur de l'électricité à Fukushima.