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Le syndicat des travailleurs de la bauxite de Guyane en colère contre Rusal et le gouvernement

25 janvier, 2010

Le syndicat Guyana Bauxite & General Workers’ Union (GB&GWU) réclame justice pour l'agression antisyndicale dont s'est rendue coupable la société russe Rusal, numéro un mondial de l'aluminium. Il a déposé une plainte pour discrimination raciale contre le licenciement par Rusal de 57 militants syndicaux, une démarche rendue nécessaire par l'inaction du Premier ministre et du ministre du Travail, des Services humains et de la Sécurité sociale pour faire respecter le code du travail guyanais.

Le conflit a débuté en novembre 2009 à l'occasion de négociations salariales entre le GB&GWU et Rusal, propriétaire à 90% de la Bauxite Co. of Guyana Inc. (BCGI), aux mines d'Aroaima et de Kwakwani, dans le centre du pays. La direction avait déposé trois contre-propositions et, lorsque les 500 mineurs se sont prononcés pour l'une d'elles, elle l'a retirée avant d'annoncer, le 1er décembre, qu'elle ne reconnaissait plus le GB&GWU, violant ainsi la Loi sur la reconnaissance syndicale.

Par la suite, la direction aurait déclaré à une réunion d'établissement que ceux qui étaient à l'origine de la proposition qui avait été acceptée seraient parmi les premiers licenciés. La BCGI avait espéré lier une hausse des salaires à la suppression de 70 postes, une contre-proposition que les mineurs n'ont pas acceptée.

Le 21 novembre, les mineurs ont entamé une grève licite à la mine d'Aroaima. Au bout de trois jours, la direction a envoyé des lettres de licenciement à 57 dirigeants grévistes, tous d'ascendance africaine. Malgré plusieurs recours d'urgence auprès de responsables officiels pour obliger Rusal à respecter la loi, pratiquement rien n'a été fait. Les lettres de licenciement parlaient d'"insubordination, refus d'obéir aux instructions" et accusaient les travailleurs de "manquements".

Le chef de discrimination raciale a été entendu par la Commission des relations ethniques le 8 janvier. Le GB&GWU a demandé à la Commission d'ordonner une enquête publique complète sur le caractère discriminatoire des licenciements parce qu'une "initiative bilatérale … pour entendre le syndicat, puis la direction, puis le ministre … ne sera d'aucune utilité."

Une lettre adressée, le 8 janvier, par le syndicat et les 57 mineurs licenciés au Premier ministre Samuel Hinds exprime leur déception devant l'inaction du gouvernement : "Nous n'avons jamais été mis en accusation, ni invités à répondre de ces accusations … et nous n'avons jamais été entendus ; pourtant, l'entreprise nous a déclarés coupables de ces accusations. Aujourd'hui, alors que nous continuons à lutter pour nos droits, la position du ministre du Travail est que nous n'avons aucun droit et aucun recours."

Le Président général du GB&GWU, Charles Sampson

Dans une lettre adressée au ministre du Travail, des Services humains et de la Sécurité sociale, le Président général du GB&GWU, Charles Sampson, se dit "horrifié" que vous "n'ayez pas jugé bon d'intervenir … pour immédiatement mettre un terme à cette insulte nationale." Pour sa part, le ministre a publiquement déclaré en décembre que "nous devrions laisser cette période de fêtes et de bonne volonté se dérouler en espérant que les deux parties feront preuve de plus de générosité l'une envers l'autre."

Six semaines plus tard, peu de générosité a été témoignée aux 57 familles de mineurs maintenant sans ressources dans un pays frappé par la pauvreté. Le Conseil de la reconnaissance et l'homologation syndicales de Guyana a tenu, le 12 janvier, une séance d'auditions sur le retrait unilatéral d'accréditation par Rusal et il a pu entendre les témoignages de travailleurs contraints par la BCGI de signer des renonciations à leur appartenance syndicale.

L'ICEM est choquée par le fait que le Premier ministre Samuel Hinds, lui-même un ancien mineur et militant des droits de l'homme, ne soit pas intervenu dans ce conflit pour obtenir la réintégration des 57 mineurs et interdire à Rusal de fouler au pied le code du travail guyanais. Elle dénonce aussi cet autre exemple flagrant du mépris total pour les normes internationales du travail et les droits de l'homme qu'affiche le géant russe de la mine et des métaux.